du 2 mars 2006 |
HÉBERGEMENT |
INTERVIEW DE BERNARD LEFEBVRE, PRÉSIDENT DE L'ASSOCIATION DES INVESTISSEURS ET FRANCHISÉS ENVERGURE
"L'AIFE ATTEND AVEC IMPATIENCE LE PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT DE STARWOOD CAPITAL"
Accepter en ce moment de prendre la tête
de l'Association des investisseurs et franchisés Envergure (AIFE)- 388
établissements Kyriad, Campanile et Première Classe - pour un mandat de
3 ans - , c'est se faire assurément apôtre de la 'franchise'. C'est aussi
se montrer fidèle à une belle vocation : rassembler toutes les énergies
nécessaires pour bâtir un véritable partenariat 'gagnant-gagnant'
avec le franchiseur. Des qualités dont Bernard Lefebvre - nouveau président
de l'AIFE - a déjà fait preuve par le passé et fera demain.
D'autant plus fortement que Starwood Capital, propriétaire de Louvre Hotels
depuis l'été 2005, n'a encore véritablement rien dévoilé
de ses projets quant à l'avenir de ses réseaux de franchise.
Venu courageusement s'exprimer (seul et en français) lors
de l'assemblée générale de l'AIFE, qui souffle ses 20 bougies en
2006, le patron exécutif de Louvre Hotels, Richard Gomel, a certes déclaré
haut et fort que sa société "avait l'intention de garder l'ensemble
des enseignes du groupe tout en créant de nouvelles générations de
produits". N'empêche. Le temps passe. "Et avec lui, le doute s'installe dans
de nombreux esprits", confient bon nombre de franchisés. À 56 ans, Bernard
Lefebvre, diplômé de l'École de commerce de Rouen qui débuta
sa carrière dans la grande distribution (Carrefour, Promodes, Leclerc, Intermarché),
n'en est toutefois pas à son galop d'essai.
Arrivé dans le secteur hôtelier en 1996 après avoir acquis une première
exploitation auprès du groupe Hôtel & Cie avec lequel il conclut un contrat de
franchise, l'homme a en effet participé au rachat de son franchiseur par
Envergure. Mieux. Ce Breton d'origine a aussi vécu le lancement de l'enseigne
Kyriad, née de la fusion des chaînes Clarine et Climat de France. Sans oublier
sa contribution au rapprochement des 3 enseignes (Kyriad, Campanile et Première
Classe) du groupe Envergure au sein d'une même association. Autant d'expériences
à la fois délicates et enrichissantes, dont l'intéressé entend fermement tirer
profit dans ses nouvelles fonctions. Le tout évidemment pour le bien de la
communauté.
Propos
recueillis par Claire Cosson
Bernard Lefebvre, nouveau président de l'AIFE : "Un démantèlement du pôle économique serait inacceptable pour les franchisés. Il serait dommage que toutes les forces déployées au cours de ces dernières années pour construire un grand groupe se transforment demain en une arme de défense des droits des franchisés." |
L'Hôtellerie Restauration :
Qu'allez-vous
entreprendre durant votre mandat ?
Bernard Lefebvre : Avant de vous répondre,
je souhaite remercier les élus du nouveau conseil d'administration de l'AIFE
pour la confiance qu'ils m'ont témoignée, les assurer de mon attachement
et de ma loyauté à nos 3 marques : Kyriad, Première Classe et Campanile.
Qu'on le veuille ou non, la force de
l'AIFE réside en effet dans sa mixité.
S'agissant des adhérents, je tiens
à ce qu'ils sachent que je serai un fervent défenseur de leurs intérêts.
Tout simplement parce que je suis - comme beaucoup d'entre eux - un homme de terrain.
Un exploitant qui doit tous les jours faire face à la réalité de
nos établissements. Dans ces conditions, je comprends leurs inquiétudes
pour l'avenir et connais aussi l'importance de la qualité des relations que
l'AIFE doit entretenir avec son franchiseur.
Durant les 3 ans de mon mandat, je
veux en réalité que l'association soit une "force de propositions et
de collaboration" auprès de Louvre Hotels car les résultats de chacune
de nos entreprises en dépendent. Je resterai donc fidèle à 4 grands
principes de base : être à l'écoute du réseau, participer
activement aux commissions de travail avec le franchiseur ainsi qu'aux prises de
décisions, garantir et défendre les acquis des franchisés.
Concrètement, quels sont vos objectifs
pour l'association ?
Je nourris de grandes ambitions pour l'AIFE. Plusieurs
dépendent bien entendu des décisions que prendra notre franchiseur. Nous
attendons d'ailleurs avec impatience le 'fameux' programme
de
développement annoncé par Starwood Capital. En tant qu'investisseurs inventifs
et intuitifs, nous sommes prêts à prendre part à de grands projets.
Reste à être informés pour passer à l'action.
En termes d'adhérents, l'AIFE regroupe 388
établissements du pôle économique Starwood Capital (soit 70 % des
franchisés). Je pense que nous avons la capacité d'atteindre la barre
des 500 hôtels (soit 90 % des franchisés) pour 2007. Un
chiffre certes conséquent, mais qui semble
réalisable. D'autant que cette taille donnera davantage de force à notre
organisation pour se faire entendre auprès du franchiseur. Sachez que je suis
en outre très attaché - comme l'AIFE du reste - à l'ensemble de
nos marques : Première Classe, Kyriad et Campanile. La complémentarité
de ces enseignes est loin d'être un vain mot. Pour nos entreprises qui ne
sont pas délocalisables contrairement à d'autres secteurs d'activité,
permettez-moi de vous dire que nous ferons ce que je qualifierais du 'patriotisme
économique' pour préserver cette unité.
L'AIFE va également se montrer très
vigilante à toutes charges financières nouvelles ou transferts de celles-ci
injustifiées qui ne seraient pas génératrices de retombées financières
importantes pour les exploitations de ses adhérents, mais qui auraient pour
simple but de grossir les résultats du franchiseur.
En ce moment, les rumeurs vont bon train quant aux
intentions de Starwood Capital. Si d'aventure l'Américain envisageait une
cession des chaînes économiques ou pourquoi pas un démantèlement
du groupe. Quelle serait l'attitude de l'AIFE ?
On ne peut pas empêcher les rumeurs…
Je peux cependant vous certifier pour l'avoir entendu de la bouche même de
Richard Gomel que Starwood Capital n'envisage apparemment pas de vendre une partie
ou la totalité de son pôle économique. En tout cas, selon les propos
tenus par le président exécutif de Louvre Hotels devant plus de 100 investisseurs
à l'occasion de notre assemblée générale le 27 janvier dernier,
le groupe affirme avoir pour principal objectif d'accélérer le développement
sur la France et en Europe.
Si notre franchiseur changeait de stratégie
et envisageait de céder le pôle
économique (soit les 3 marques) à un seul groupe d'investissements,
nous ne pourrions pas nous y opposer. Ce serait tout bonnement le résultat
de la recherche de profitabilité à outrance du monde économique
d'aujourd'hui ! Je ne crois pas néanmoins que la séparation entre les
hôtels dits économiques et ceux dits de luxe ait une grande incidence
sur la marche de nos entreprises. Excepté le fait qu'il est toujours bénéfique
sur le plan de l'image et de la synergie de faire partie d'une même entité
présente à la fois sur le segment économique et haut de gamme.
Le cas échéant, j'espère que l'éventuel nouveau franchiseur
aurait une parfaite connaissance de l'hôtellerie économique, plus de
volonté de la développer et surtout davantage de moyens financiers pour
réaliser des projets d'envergure. Enfin, il devra impérativement apporter
une stabilité au niveau des équipes dirigeantes.
Par contre, si le franchiseur choisissait
de céder les marques du pôle économique individuellement à
différents investisseurs, la situation serait plus catastrophique pour l'AIFE.
Sincèrement, je n'ose pas imaginer ce scénario. D'une part, cela remettrait
en cause tout le travail de collaboration entrepris depuis de longues années
entre franchisés et franchiseur. D'autre part, les conséquences économiques
d'une telle décision seraient financièrement lourdes pour nos entreprises.
Et pour cause. Toute la politique commerciale des 3 marques serait remise en question.
Idem pour notre système de réservations, nos programmes de fidélité…
Sans parler de notre politique d'achats. De plus, il faut aussi savoir que dans
certaines villes les 3 marques sont regroupées autour d'un seul et même
site. Raison pour laquelle, j'ai du mal à imaginer un démantèlement
du pôle économique. Malgré tout, un démantèlement du pôle
économique serait inacceptable pour les franchisés. Il serait dommage
que toutes les forces déployées au cours de ces dernières années
pour construire un grand groupe se transforment demain en une arme de défense
des droits des franchisés.
Le
bureau de l'AIFE Président Vice-président Campanile Vice-président Kyriad Vice-président Première Classe Secrétaire |
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L'Hôtellerie Restauration n° 2966 Hebdo 2 mars 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE