du 16 mars 2006 |
L'ÉVÉNEMENT |
APRÈS SOIXANTE JOURS D'EXERCICE
GILLES PÉLISSON ANNONCE UN DÉVELOPPEMENT MUSCLÉ DU PARC HÔTELIER ACCOR
À la tête du groupe depuis tout juste 2 mois, le nouveau directeur général affiche ce qu'il appelle ses "premières orientations" avant de présenter un plan détaillé en septembre prochain. L'avenir de l'entreprise passera par 2 métiers : l'hôtellerie et les services. L'objectif vise à ouvrir 200 000 chambres d'ici à 2010 et devenir le numéro 1 sur tous les marchés dans le domaine des services. Un programme ambitieux, mais financé.
Gilles Pélisson, directeur général d'Accor : "Je connais certes le groupe pour y avoir travaillé par le passé. Il a toutefois changé depuis 10 ans. Je ne peux pas prétendre avoir fait le tour de Accor en 2 mois vu sa taille et sa complexité. Je présente donc aujourd'hui mes premières orientations plutôt qu'un plan stratégique." |
Impossible
n'est pas boursier ! En témoigne l'attitude de la communauté financière
à l'égard de Accor. Gilles Pélisson - nommé à la tête
des opérations du groupe depuis le 9 janvier - présente des résultats
annuels pour l'exercice 2005 (lire encadré p. 3) conformes, voire même
supérieurs aux prévisions de l'ancienne équipe. Ce qui, en ces temps
de morosité générale, dénote déjà d'une entreprise
en bonne santé. Mieux. Le nouveau directeur général révèle
"un début d'année 2006 satisfaisant tant dans l'hôtellerie que
dans l'activité services". Cerise sur le gâteau : soixante jours
après avoir pris les rênes du leader de l'hôtellerie européenne,
il expose "ses premières orientations", donnant rendez-vous en septembre
pour de plus amples détails.
Qu'à cela ne tienne. La Bourse de Paris
n'y entend rien. Le titre dévisse de 7,38 % à la fin de la semaine dernière
à 47,7 E. Évidemment, l'action Accor a fait l'objet de prises de bénéfices
importantes. Reste que cette correction semble plutôt exagérée.
Ce que déclare en l'occurrence dans une récente note la banque d'affaires
américaine, Lehman Brothers, fixant désormais son objectif de cours à
56 E. Apparemment, bon nombre d'analystes financiers - le nez collé dans leurs
bilans et autres plans de financement - tablaient en fait sur des performances sensiblement
plus élevées pour 2005. Certains s'attendaient aussi à un plan
de restructuration détaillé de la part de Gilles Pélisson. Avec à
la clef l'annonce d'un recentrage de la compagnie entraînant la vente de différentes
activités telles que, par exemple, le service à bord des trains, les
agences de voyages ou bien encore Lenôtre. Pour quelques-uns, le patron opérationnel
de Accor aurait même dû s'engager sur la cession des chaînes économiques
aux États-Unis, de l'hôtellerie haut de gamme, voire, pourquoi pas,
du pôle services.
Deux métiers mondiaux
Forte de ces éléments
qui semblent ne pas tenir compte de la réalité de l'entreprise, la déception
du marché peut paraître relativement compréhensible. D'autant que
Gilles Pélisson a certes confirmé les discussions s'agissant de la vente
- partielle ou totale - de sa participation de 50 % dans Carlson Wagonlit Travel
tout en dévoilant la cession des 1,42 % dans Compass Group. Mais, l'intéressé
n'a pas manqué de préciser qu'il souhaitait "se donner du temps"
pour étudier la pertinence de la présence de la société dans
les autres métiers. "Tout n'est pas à vendre", a-t-il ainsi lancé
lors de son intervention devant la presse. Et pour cause. On observera en effet
que l'ensemble des activités diverses de Accor (agences de voyages, casinos,
restauration, services à bord des trains…) ont vu leur rentabilité
opérationnelle grimper significativement l'an passé avec des hausses sensibles
oscillant entre 10 et 53 % selon les métiers. Tout en sachant que le résultat
brut d'exploitation (RBE) généré par ces dernières s'est établi
à 178 ME pour un total groupe de 1,986 milliard (dont 374 ME pour Red Roof/Motel
6 et 255 ME pour les services).
"En vérité,
les analystes se focalisent sur pas grand-chose. Sans compter qu'ils ne comprennent
pas toujours la complémentarité de certains de ces métiers",
explique un expert du secteur qui souhaite conserver l'anonymat. Et d'ajouter :
"Quant à l'idée de se séparer du pôle services, cela mettrait
à coup sûr Accor en danger." Une décision à laquelle
Gilles Pélisson n'a à l'évidence jamais songé. Bien au contraire.
À l'occasion de la présentation des résultats du groupe en 2005,
ce dernier a affiché sans détour ses ambitions qui reposent sur 2 métiers
mondiaux : l'hôtellerie et les services.
Un programme d'investissements
de 2,7 milliards d'euros
"Le nouveau directeur
général de Accor a raison de miser sur ces 2 métiers. D'autant que
le groupe est particulièrement bon dans ces derniers", souligne Marc Watkins,
p.-d.g. du cabinet Coach Omnium. Plantant d'emblée le décor en rappelant
qu'il était à la fois directeur général de l'entreprise, mais
aussi le patron du métier de l'hôtellerie, Gilles Pélisson a en
réalité dressé un bilan complet de l'état du parc hôtelier
actuel avec ses forces et ses faiblesses. Le tout en confirmant sa volonté
de redynamiser chacune des marques.
Loin de s'arrêter en si
bon chemin, l'ancien président de Bouygues Télécom a par ailleurs
annoncé la couleur en termes de développement. "Compte tenu de l'évolution
de la demande à l'échelle mondiale, nous pouvons créer plus de
200 000 chambres d'ici à 2010", a-t-il ainsi confié avec enthousiasme.
Les deux tiers de ses ouvertures s'effectueront dans les pays émergents tels
le Brésil, l'Inde, la Russie et la Chine (10 % du total). Le segment privilégié
étant celui de l'hôtellerie économique et très économique
(50 %). Concernant le mode de détention employé, Gilles Pélisson
n'a pas moins mâché ses mots : "Cette expansion aura lieu à
hauteur de 70 % sous des formes peu capitalistiques (contrats de gestion ou franchises)
et 30 % en filiales."
Sans oublier d'ajouter - fait nouveau
- qu'Accor ne s'interdira pas de prendre des risques dans ces zones géographiques
en acquérant des murs sur ses propres deniers ou constituant des joint-ventures
avec des partenaires locaux. Au total, le plan de croissance hôtelier représentera
un investissement de 2,7 milliards d'euros pour le groupe avec un objectif de retour
sur capitaux engagés de 15 %.
Entre 2005 et 2008, 1,5 milliard
d'actifs va être cédé
De quoi logiquement satisfaire
les investisseurs. Sachant par ailleurs que le leader de l'hôtellerie en Europe
va continuer sa stratégie immobilière active qui consiste à réduire
son engagement capitalistique dans les segments à faible rentabilité
et les marchés matures. "Nous avons lancé un programme de cessions
de murs accompagnées de contrat de gestion pour la chaîne Sofitel qui
va se poursuivre en 2007. 14 établissements européens sont à vendre
pour un montant de l'ordre de 650 ME", a commenté Jacques Stern, directeur
général en charge des finances, des achats et des systèmes d'information.
Côté hôtellerie économique et milieu de gamme, plusieurs opérations
sont également planifiées portant sur un portefeuille de 130 unités
sur le Vieux Continent. Le tout valorisé à 1,3 milliard d'euros. Entre
2005 et 2008, environ 1,5 milliard d'actifs sera en fait ainsi cédé.
Parallèlement, Gilles Pélisson
fonde aussi beaucoup d'espoir sur le pôle services. "Ce métier recèle
de potentiels de croissance", a-t-il souligné. Dans ces conditions, Accor
prévoit d'allouer 500 ME à cette branche à l'horizon 2010. Une
jolie somme dont Serge Ragozin, directeur général d'Accor Services, saura
assurément faire bon usage. Le but recherché étant bien sûr
"d'être numéro 1 sur tous les marchés" dans ce domaine.
Claire
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Signature de prestige qui peut accompagner
l'hôtellerie haut de gamme Lenôtre poursuit son expansion à l'étranger
La
réputation de la maison Lenôtre n'est plus à faire dans l'Hexagone.
Alors, Patrick Scicard - président du directoire de l'entreprise - et ses équipes
dynamiques partent tambour battant à la conquête des marchés internationaux.
Un challenge qu'ils relèvent avec succès. La preuve. La société
- fondée par le célèbre pâtissier Gaston Lenôtre en 1955,
puis reprise par le groupe Accor - compte aujourd'hui 51 boutiques de gastronomie
de luxe dans 13 pays. Un maillage qui va encore s'étoffer au cours des prochains
moins. Et pour cause : Lenôtre croit fermement en sa bonne étoile et
en la franchise. 7 nouvelles ouvertures sont ainsi prévues en 2006. |
Des
résultats 2005 en forte hausse
L'année
2005 aura finalement été un bon cru pour Accor. La preuve. Le résultat
net de l'entreprise a grimpé de 42,9 % à 333 ME. Quant au résultat
avant impôt et éléments non récurrents - indicateur significatif
-, il s'est élevé à 603 ME contre 513 ME un an auparavant, soit
une progression de 17,6 %. Un chiffre à mettre au bénéfice des
actions menées par l'équipe précédente dirigée par Jean-Marc
Espalioux (ancien président du directoire), dont les prévisions se situaient
entre 590 et 610 ME. |
Accor va renforcer l'attractivité de ses marques hôtelières
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L'Hôtellerie Restauration n° 2968 Hebdo 16 mars 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE