du 13 avril 2006 |
CONJONCTURE |
2 MILLIONS DE PASSAGERS À L'AÉROPORT DE BEAUVAIS
L’hôtellerie reste dans l’attente
Beauvais (60) Déréglementation, bas-coûts, Ryanair : trois mots qui ont fait bondir le trafic de l’aéroport de Beauvais. Un essor dont les hôteliers-restaurateurs aimeraient mieux profiter.
“Bons, mitigés, déçus…” Les commentaires des
hôteliers-restaurateurs de Beauvais (Oise) à propos de l’essor de l’aéroport de
Beauvais-Tillé, du flux de passagers, et du profit qu’ils en tirent sont
contrastés. Trois chiffres illustrent cette perplexité. Après la
déréglementation de l’espace aérien européen, en 1997, Beauvais a vu son trafic
exploser grâce à la compagnie irlandaise à bas-coûts, Ryanair. En 2005, près de
deux millions de passagers auront transité par Beauvais-Tillé. Les hôteliers ne
se sentent pourtant concernés que pour 5 à 6 % de leur TO. Pire : alors que le
19 novembre, le brouillard a bloqué les avions au sol, laissant 1 200 passagers
en déroute, les hôtels seraient restés moitié vides.
À la Chambre de commerce (CCIO), gestionnaire de l’aéroport, Eric Poirot,
responsable du développement touristique, assure que 92 % des hôtels reçoivent
des passagers, en moyenne une chambre par jour par établissement. Une étude
aurait chiffré que, passé le cap de 1,5 million de passagers, la demande
hôtelière serait de 375 unités, pour 780 chambres existantes sur le Beauvaisis.
Le compte n’y est pas, répond Ludovic Waloszck, directeur du Mercure : “Il y a
très peu de clientèle captée, parce que les passagers partent directement sur
Paris, par la navette.” Jean-Vincent Duret, de l’Hostellerie Saint-Vincent,
estime à 5 % sa clientèle utilisatrice de l’aéroport. Quant à Pierre Robert, du
Chenal et de la brasserie Le Kiosque, il s’avoue “un peu déçu”. Marie-Noëlle
Bonhomme, du City Hôtel, convient, en revanche, que le TO du vendredi soir,
habituellement creux, a rejoint celui de la semaine, de même que celui d’août
(65 % au lieu de 40 % les années précédentes) ; depuis cette année, depuis la
mise en place par Ryanair de vols vers Rome, Venise et Milan, des vols qui
arrivent tard à Beauvais, trop tard pour rejoindre Paris le soir même.
Le premier grief des hôteliers est là : Ryanair vend des vols Rome-Paris, et non
Rome-Beauvais, et assure le convoyage des passagers jusqu’à la Porte Maillot. 60
% des passagers empruntent cette navette, les autres utilisant leur propre
voiture ou une location. Les agences de location fleurissent d’ailleurs. Face à
cela, aucune navette, régulière et adaptée, ne dessert encore Beauvais sud et
ses hôtels, ou le centre-ville. “C’est l’Arlésienne”, assure Pierre Robert, par
ailleurs président du club hôtelier et de l’association des commerçants, et
malgré 5 années de discussion avec la communauté d’agglomération.
Certains hôtels, comme le Mercure, constatent une montée de leur fréquentation
par des passagers de l’aéroport, notamment pour les affaires. Mais la
restauration n’en profiterait pas du tout. Le manque d’attrait touristique de
Beauvais, et peut-être aussi des restaurants, expliquerait cette désaffection.
“Il faudrait que les avions atterrissent tard le soir, et décollent tôt le
matin!”, plaisante Marie-Noëlle Bonhomme. À défaut d’être captée, la clientèle
serait captive !
Jacques Gravend zzz70 972k7
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L'Hôtellerie Restauration n° 2972 Hebdo 13 avril 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE