du 04 mai 2006 |
COURRIER DES LECTEURS |
Comment faire travailler et payer le lundi 8 mai
Le 8 mai est un jour férié ordinaire.
Ce qui veut dire que le Code du travail ne prévoit rien pour ce jour, qui non
seulement peut être travaillé et ce, sans aucune majoration de salaire.
Les repos ou majorations de salaire pour les jours fériés ordinaires sont
prévus par les conventions collectives, usages, contrats de travail…
La convention collective des CHR du 30 avril 1997 a instauré
le principe de 3 jours fériés en plus du 1er mai. Mais tous
les salariés des CHR ne bénéficient pas automatiquement de ces jours
fériés supplémentaires. En effet, dans les établissements permanents,
ne peuvent prétendre à ces 3 jours supplémentaires que les salariés
qui ont 1 an d'ancienneté dans l'entreprise.
Quant aux travailleurs saisonniers, ils doivent eux aussi remplir des conditions d'ancienneté,
qui s'apprécient différemment, et le nombre de jours fériés
ordinaires auxquels ils ont droit va dépendre de la durée d'ouverture
de l'établissement.
Pour pouvoir bénéficier de jours fériés supplémentaires,
les salariés saisonniers doivent avoir effectué 2 saisons consécutives
chez un même employeur. Si l'établissement saisonnier est ouvert moins
de 4 mois, le salarié n'a droit qu'à 1 jour férié ordinaire
(en plus du 1er mai) ; si la période d'ouverture est comprise entre
4 et 9 mois, il a droit à 2 jours fériés en plus du 1er
mai.
Nous rappelons à nos lecteurs que les principes institués par la convention collective
des CHR constituent des minima. Il est évident que si les salariés bénéficiaient
déjà des 10 jours fériés ordinaires avant la mise en place
de la convention collective, cela constitue des avantages acquis, qu'ils doivent
conserver. C'est l'employeur qui choisit les 3 jours fériés qu'il va accorder
parmi les 10 prévus par le Code du travail (1er janvier, lundi de Pâques, 8 mai, Ascension, lundi de Pentecôte,
14 juillet, 15 août, 1er novembre, 11 novembre, Noël).
La convention accordant une grande liberté à l'employeur quant à
la mise en place des jours fériés, cette liberté ne doit pas conduire
à la suppression de ces jours.
La convention prévoit en outre que c'est seulement dans l'hypothèse
où l'activité de l'établissement nécessiterait
la présence des salariés pendant les jours fériés retenus que
le salarié devra bénéficier d'une journée de récupération
en compensation.
Nous rappelons à nos lecteurs que l'avenant n° 1 du
13 juillet 2004 prévoit 2 jours fériés supplémentaires en plus
de ces 3 jours fériés, mais ils ne seront accordés qu'à partir du 1er
juillet 2006 pour le premier et du 1er juillet 2007 pour le suivant en
sachant aussi que les entreprises à 37 heures bénéficient d'un
délai supplémentaire d'un an pour les mettre en application.
zzz60o
Quelle majoration pour le travail de nuit dans les CHR
Je travaille en tant que réceptionniste dans un hôtel 3 étoiles en Savoie comptant 4 employées plus les 2 responsables. Je travaille de 13 h 30 à 17 heures et de 20 heures à 00 h 30, voire 1 heure du matin. Toutes les personnes de mon entourage me disent qu'à partir d'une certaine heure, je devrais être payée en heures de nuit, hors je ne suis payée qu'au niveau du Smic. Pouvez-vous me confirmer si je dois être rémunérée plus ou non ? (C.K. par courriel)
Dans la profession des CHR, le travail de nuit
ne donne pas lieu à un paiement majoré des heures de nuit, mais donne
droit à du repos supplémentaire.
Pour connaître la réglementation relative au travail
de nuit définissant le statut du travailleur de nuit ainsi que ses compensations
dans la profession des CHR, vous devez vous référer à l'article
16 de l'avenant du 13 juillet 2004 à la convention collective des CHR du
30 avril 1997.
L'article 16 rappelle qu'est considéré comme travail
de nuit, tout travail effectué entre 22 heures et 7 heures. Est considéré
comme travailleur de nuit celui qui accomplit pendant cette période, soit :
- Au moins 2 fois par semaine, selon son
horaire habituel, au moins 3 heures de son
travail effectif quotidien.
- Au moins 280 heures de travail effectif dans la plage
horaire de nuit pour les établissements permanents sur l'année
civile.
- Sur une période d'un trimestre civil : 70 heures
pour les établissements saisonniers ou les salariés saisonniers des établissements
permanents.
Dans la mesure où votre emploi vous conduit à travailler
régulièrement la nuit, c'est-à-dire plus de deux fois par semaine
pendant la période de nuit de 22 heures à 7 heures, avec un minimum
de 3 heures à chaque fois, vous avez donc le statut de travailleur de nuit.
L'article 16-4 prévoit que les
travailleurs de nuit occupés à temps plein et présents toute l'année
au cours de cette période, bénéficient d'un repos compensateur forfaitisé
et égal à 2 jours par an. Ce qui veut dire que le travail de nuit ne
donne pas lieu à un paiement majoré de ces heures, mais donne droit
à 2 jours de repos supplémentaires par an.
En résumé, un travailleur de nuit a donc droit
à ses 30 jours de congés payés, plus la 6e semaine de
congés conventionnels prévus par l'accord du 13 juillet 2004, plus ces
2 jours au titre du travail de nuit. En sachant que c'est l'employeur qui décide
quand vous pouvez prendre ces deux jours. zzz60t zzz60o
Un propriétaire ne peut interdire la vente du fonds de commerce de son locataire
Je suis propriétaire d'un fonds de commerce et je souhaite le vendre. Dans le bail, il y a une clause qui stipule l'accord du propriétaire. N'étant pas en bons termes avec lui, je me demandais s'il était quand même possible de vendre mon affaire ? Mon syndicat me dit que oui, et qu'il suffit de convoquer le propriétaire le jour de la signature chez le notaire. Mais j'aimerais quand même en être sûre. (C. K. par courriel)
Un
propriétaire ne peut pas interdire la vente du fonds de commerce qui appartient
à son locataire, mais il pourrait vouloir interdire la cession du bail
commercial. Ce qui reviendrait à empêcher le locataire de vendre
son fonds, car sans le droit au bail, le fonds de commerce dans beaucoup de cas
n'a pas de valeur. C'est la raison pour laquelle la loi garantit aux commerçants
le droit de céder leur bail en même temps que leur fonds de commerce.
En effet, l'article 145-16 du Code de commerce pose le principe
de la nullité des clauses qui interdisent au locataire de céder son bail
à l'acheteur de son fonds de commerce. Mais ne sont frappées de nullité
que les clauses qui interdisent de façon absolue la cession du droit au bail.
En effet, le bail peut contenir des clauses qui limitent ou restreignent le droit
du locataire à céder son bail. C'est ce type de clause qui figure dans
votre bail et qui est tout à fait légal. Cela peut être une clause
d'agrément qui constitue en fait à demander l'autorisation de votre
propriétaire de céder votre bail lors de la vente de votre fonds de commerce.
Mais cette demande doit impérativement être effectuée avant la conclusion
du contrat de vente. Dans la mesure où vous avez des problèmes avec votre
propriétaire, je vous conseille de faire la demande maintenant afin de connaître
sa position et de ne pas attendre le jour de la signature chez le notaire, car à
ce moment-là, il peut refuser cette autorisation. Ce qui veut dire que vous
ne pourrez pas conclure la vente. Si vous passez outre cette interdiction, vous
prenez le risque que votre propriétaire demande ensuite la résiliation
du bail.
Si votre propriétaire ne répond pas à votre demande
d'autorisation, vous avez le droit de demander au juge d'autoriser la vente.
Votre propriétaire peut aussi refuser la vente, à
la condition d'avoir un motif légitime comme par exemple une absence de solvabilité
de votre acheteur. Si vous considérez que le motif de refus de votre propriétaire
n'est pas valable, vous pouvez demander au juge de passer outre ce refus.
Sachez qu'en cas de refus illégitime ou d'absence de réponse
de votre propriétaire, vous avez la possibilité de demander à la
justice de le condamner à vous verser des dommages-intérêts. À
titre d'exemple, un arrêt de la Cour de cassation du 15 mars 1965 a condamné
le propriétaire à verser des dommages-intérêts à son
locataire, car il s'était opposé sans motif légitime à la
vente du fonds de commerce et son refus avait entraîné l'abandon du projet
de vente.
La clause peut aussi être une clause de concours, c'est-à-dire
une clause qui impose l'intervention de votre propriétaire à l'acte
de vente (comme témoin et non comme participant). Souvent cette exigence s'accompagne
de l'obligation de passer l'acte devant le notaire et d'en remettre un exemplaire
au propriétaire.
Si votre propriétaire ne répond pas à cette
sommation, là aussi vous pouvez passer outre en demandant au juge de
conclure la vente sans l'intervention de votre propriétaire.
Donc celui-ci ne pourra pas vous interdire de céder votre
bail lors de la vente de votre fonds de commerce, mais à la condition de
bien respecter le formalisme demandé par votre bail. zzz62
Rubrique animée par Pascale Carbillet.
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L'Hôtellerie Restauration n° 2975 Hebdo 04 Mai 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE