du 18 mai 2006 |
ÉDITO |
Bureaucratie
C'est un classique des discours ministériels à la nomination d'un nouveau gouvernement : un responsable politique est désigné pour une vaste et profonde 'réforme de l'État' qui se traduira au cours des mois suivants par une simplification inédite des procédures administratives, réglementations, décrets et autres circulaires dont l'accumulation fait du droit français un inextricable maquis.
Vous avez constaté que les meilleures intentions du monde ne sont jamais suivies d'effets perceptibles dans la marche quotidienne de vos entreprises, et qu'il faut de plus en plus chaque jour se transformer en spécialiste du Code du travail, fiscaliste avisé, comptable professionnel, expert en sécurité, biochimiste éclairé et contrôleur de gestion impitoyable.
Au détriment, bien sûr, de la vocation première de tout entrepreneur qui est d'exercer son métier au mieux de l'accueil et de la satisfaction de ses clients, ce qui est particulièrement important pour l'hôtellerie et la restauration.
Un exemple d'actualité dont la complexité est née
de l'impéritie des politiques : la 'journée de solidarité', destinée
à financer l'aide aux personnes âgées et aux personnes handicapées,
devait se traduire par une journée de travail en principe non rémunérée.
Vous vous en souvenez sans doute, la solidarité verbale trouve vite ses limites
dans l'application concrète, tant il est vrai qu'un esprit observateur pourrait
remarquer que les fameux 'prélèvements obligatoires' (on en connaît
peu de facultatifs) devraient largement suffire à cette tâche. Il faut
croire que ce n'est pas le cas, et comme on se doutait bien que l'attachement indéfectible
de la population à la célébration de la Pentecôte - le jour
où le Saint-Esprit est descendu sur les apôtres - l'emporterait sur un
irrépressible élan de solidarité laïque, les pouvoirs publics
ont traduit ladite journée par un prélèvement supplémentaire
sur… les entreprises ! Vous trouverez en page 14 de cette édition de
L'Hôtellerie Restauration
tous les détails techniques relatifs à la fixation de cette journée
et à sa mise en application.
Bon courage pour expliquer rationnellement
la situation à vos salariés et vous entendre avec eux sur ce point délicat.
Cet exemple n'est fort heureusement pas vital pour le devenir
des entreprises, mais il illustre la désinvolture et la méconnaissance
des réalités de ceux qui prétendent nous gouverner. L'International
Herald Tribune s'étonnait la semaine dernière de comptabiliser plus
de 200 000 anciens de Harvard en activité publique aux États-Unis, près
de 40 000 anciens d'Oxford exerçant en Grande-Bretagne, pour seulement 6
000 'énarques' en fonction dans l'Hexagone. Il est peut-être temps d'élargir
le recrutement de ceux qui nous gouvernent.
L.
H. zzz80
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L'Hôtellerie Restauration n° 2977 Hebdo 18 mai 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE