du 25 mai 2006 |
S'EXPATRIER |
Casablanca au coeur des investissements internationaux : les success-stories à la française
La grande mosquée Hassan 2. |
Le sous-sol de La Bodega fait salle comble tous les soirs : difficile de trouver une table entre 20 et 23 heures dans ce lieu branché où des jeunes femmes prennent un verre en croquant des tapas sur fond tech-latino. À Casa, il n'est plus rare de croiser des tablées de jolies trentenaires en goguette qui revendiquent le droit de sortir comme les Européennes. Une clientèle porteuse à ne pas négliger selon Éric Arnoux, propriétaire des lieux. Ce chef-patron qui possède 3 autres établissements en association s'est bâti un petit empire en misant sur des concepts ultra-ciblés. Ouvert "par défi dans une rue mal famée", La Bodega reproduit à la sauce marocaine le bar à tapas typique. "J'ai créé des restaurants en fonction de mes besoins, affirme Éric. En 1998, il n'existait pas encore d'endroits festifs fermant après minuit. Et sur les 380 bars que comptait la ville, aucun n'accueillait de femmes. Notre soirée d'ouverture leur fut exclusivement consacrée. Depuis, le lieu ne désemplit pas. Les femmes feront changer ce pays." En 2002 ouvre la Sqala en face du chantier de la Marina, un spot très prisé. "Il manquait une brasserie bon marché qui remette les recettes bourgeoises à l'honneur", confie le patron. Lieu enchanteur que ce bâtiment du XVIIe siècle. Entièrement rénové, il abrite désormais un patio ombragé d'orangers. La Sqala, devenue bar à jus de fruits/barbecue, attire sans distinction résidents étrangers et Casablancais. Rénovation de Monuments historiques oblige, l'investissement initial de 2,5 MDH est passé à 6 : "Les directives royales sur le tourisme ont permis des initiatives sans précédent, comme l'acquisition de ce bastion qui n'est pas unique à Casa, affirme Éric Arnoux. Ces trésors d'architecture pullulent dans la ville et tombent en désuétude : de parfaits vides juridiques ne demandant qu'à être exploités."
Les femmes feront changer le pays
Depuis quelques années,
la capitale économique affiche dynamisme et potentiel incontestable : en 10
ans, le nombre de restaurants a décuplé ; le coût moyen d'une sortie
tourne autour de 35 E et sur les 5 millions d'habitants que compte la ville, 20
% auraient les moyens de financer ce divertissement, quitte à prélever
sur d'autres budgets. "Casa est un eldorado : l'ancienne ville de pirates accueille
désormais les spéculateurs, précise Éric. Mais en matière
de CHR, il manque l'émulation et la concurrence. Je ne saurais que trop conseiller
aux investisseurs de venir à Casa, notamment les jeunes Français issus
de l'immigration, une aubaine pour ce pays." Du côté du quartier
Gauthier, celui des ambassades, c'est Trica qui a le vent en poupe : ouvert en 2001
par Thierry Pucciarelli, cette 'pâterie' draine une clientèle marocaine
francophone qui voyage et apprécie les tables occidentales. Pour un investissement
de 450 000 E, amorti en moins de 5 ans, Thierry a repris le 1er bar branché
de Casa : "On a voulu faire un produit simple et hybride avec une carte attrayante
et créer une ambiance dans laquelle la clientèle précédente
plutôt collet monté s'est dissoute. Mais les 2 premières années,
on a pataugé. À Casa, les gens sortent pour la tête du patron,
et aiment côtoyer les étrangers. On ne s'attendait pas à ce fonctionnement
: seulement 1 500 personnes, toutes issues du même milieu, sortent régulièrement
le soir, une frange étroite de clientèle." Ouvrir un CHR n'est pas
chose facile selon Thierry
: "À Casa, il ne faut ni se tromper de concept ni de clientèle, plaire
aux gens, appartenir à un réseau. Le marché étant impitoyable,
cibler est la règle. Pour monter Trica, j'ai effectué 24 déplacements
et dépensé 45 000 E. Un conseil : connaître l'endroit d'implantation,
sentir les évolutions potentielles, avoir une connaissance précise du
terrain. Et se renseigner auprès de quelqu'un d'avisé."
L'avis de Mme Pagnon-Maudet, vice-doyenne
de la faculté de Perpignan
Elle enseigne le tourisme à l'antenne de Marrakech : "L'engouement pour la destination Maroc est réel quoique le projet Vision 2010 semble ambitieux : ce pays n'est pas le seul à miser sur un développement touristique de masse. Je vois mal où trouver du personnel qualifié pour tenir les prévisions. Ceci dit, je recommanderai sans réserve cette destination aux jeunes Français sortant d'école en recherche d'emploi, notamment au sein de grands groupes." |
Les grands travaux de Casa à l'horizon 2012
La Marina s'étendra
sur 24 ha et devrait voir apparaître d'ici à 5 ans un port de plaisance,
unités hôtelières de luxe, 'appart-hôtels', restaurants et hélioport à • Accor s'implante en
force
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À
Casablanca, restaurant Le Retro de Jacky Rolling
Arrivé en 1986, le couple de restaurateurs
fait figure de pionnier : il tient à Casablanca une table gastronomique devenue
une institution accueillant officiels marocains, chefs d'entreprise et une nouvelle
clientèle qui s'occidentalise. Particularité : du personnel présent
depuis 20 ans !
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Complément d'article 2978p36
La station balnéaire d'Essaouira mise sur ses terroirs
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Dans les ruelles de la Médina d'Essaouira, l'offre en CHR est limitée. Quelques riads se disputent la demande d'hébergement et une demie- douzaine de cafés-terrasse sert le jus d'orange à tout heure. Côté restauration, entre le traditionnel tajine à 8€ et l'échoppe de poisson grillé, c'est le néant: pas d'établissement moyen gamme. Dans la tranche 25 E et plus, on compte une douzaine de restaurants à la carte dont une poignée d'enseignes françaises comme Le Cinq ou Le Patio qui proposent sur un même créneau la traditionnelle cuisine du port. Des établissements tenus par des expatriés tablant sur une déco mixte et les produits de la mer. Pas de concept, juste un service efficace et une assiette bien remplie, pour un ticket moyen à 30€. Attirés par les perspectives de développement de la ville, ces restaurateurs font partie de l'avant-garde française venue tâter le terrain et investir dans cette station balnéaire qui monte. Car l'ancienne Mogador est en passe de déclasser Agadir dans les faveurs du public. Non pas au niveau du volume de fréquentation. Mais en terme de préférence sélective, il semblerait que la perle du sud retienne l'attention des TO. Le mouvement est tel qu'une escale par cette Saint Malo marocaine est désormais incontournable lors d'un séjour à Marrakech. Pour suivre le mouvement, la ville se nantit d'un golf , livrable courant 2007 ; son aéroport s'agrandit, les vols directs en provenance de Paris doublant d'ici la fin de l'année ; quant au centre-ville, l'assainissement de rigueur est en cours. Un engouement qu'explique l'authenticité de cette ville fortifiée au charme désuet qui défend sa réputation de calme ville d'art et de culture. Son atout majeur : une âme de port de pêche au climat tempéré. Essaouira, c'est avant tout la plage de Marrakech où il fait toujours bon: un spot de surf venteux qui n'offre que peu de divertissement mais compte déjà un petit millier de résidents français voyant d'un bon œil le développement du tourisme, pourvu qu'il soit raisonnable et s'axe sur les terroirs. Un virage à contre courant du mouvement de développement touristique global engagé au Maroc : pour l'heure, outre le golf, aucun grand chantier ne se profile à Essaouira, qui reste sauvage et préservée.
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«Les terroirs : une perspective d'avenir»
Sylvain Scotti dirige le seul restaurant gastronomique d'Essaouira, la table
de l'Heure Bleue (Relais & Château) avec sa femme F&B. Le duo, recruté pour sa
complémentarité, présent depuis 2004, regrette parfois l'absence
d'infrastructures de cette petite ville « A l'inverse de Marrakech, cité
interlope qui compte nombre de flambeurs, Essaouira attire surtout des familles,
des surfeurs et des couples avides de tranquillité explique le jeune chef. Il
n'y a ni bar ni boîte par volonté royale, pour préserver la tranquillité du
lieu. Mais ça devrait changer.» En cuisine, Sylvain profite de produits
exceptionnels fournis sans constance : « Nous recevons souvent le 2° choix de
poissons, car la pêche est vendue au noir en mer par les chaluts marocains aux
bateaux espagnols. Nous n'avons pas la même culture du produit, nos fournisseurs
fonctionnent encore au ‘inch allah'.» C'est souvent que manquent à la carte
l'araignée de mer et le homard, denrées livrées au coup par coup. A terme
Sylvain compte sur l'association des chefs qui devrait permettre se créer un
standard d'approvisionnement. Les terroirs d'Essaouira seraient pour lui « une
réelle perspective d'avenir avec au bout un parcours gastronomique régional à
proposer aux clients. » Cette culture des terroirs se met doucement en place. A
150 kms sur la côté atlantique, le parc à huîtres de Oualidia (tenu par un
français) fournit des Marennes d'Oleron distribuées dans tout le pays . Dans la
région du Val d'Argan, les coopératives d'huile d'argan se multiplient et le
vignoble de la famille Mélia produits plusieurs crus. Si le projet maraîcher de
Roger Maelstaf voyait le jour, les terroirs d'Essaouira seraient en passe
d'attirer une clientèle exigente de qualité. Avec un mareyage haut de gamme
quotidien, l'idée de monter une table gastronomique originale pourraient séduire
plus d'un restaurateur français prêt à s'installer.
Roger Maelstaf passe la main aux Marocains Récemment installé à Essaouira, l'ancien maraîcher de Pierre Gagnaire et Michel Bras monte une ferme-exploitation. Objectif : transmettre son savoir-faire aux paysans marocains, un projet qui pourrait générer à terme 40 emplois et permettre la création d'un ‘Label Essaouira'. Cette mention terroir garantirait des fruits&légumes 100% naturels. Soutenu par le conseiller du Roi André Azoulay, le projet pourrait voir le jour dans 2 ans et permettre des récoltes 6 fois moins chères qu'en France. Signe de l'enthousiasme des bonnes tables du coin : Accor veut déjà signer pour l'ensemble de ses 21 hôtels marocains et Jacques Pourcel compte bien sur Roger pour son restaurant de Marrakech. Amed Berkani, executive chef au Sofitel d'Essaouira, souscrit sans réserve au projet : «Ce maraîchage résoudrait une partie de nos difficultés d'approvisionnement et nous permettrait de tabler sur une vraie cuisine du marché. Développer les terroirs est une idée excellente : nos clients sont en attente de tourisme authentique. Avec cette production, nous pourrions développer la carte du restaurant marocain en cours de construction ainsi que la carte française». |
Adresse des établissements cités
A Marrakech A
Casablanca A
Essaouira |
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L'Hôtellerie Restauration n° 2978 Hebdo 25 mai 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE