du 25 mai 2006 |
L'ÉVÉNEMENT |
SIGNATURE DU PLAN DE MODERNISATION DES CHR
UN BON "TIENT VAUT MIEUX QUE DEUX TU L'AURAS"
Si la baisse de TVA en restauration reste le dossier prioritaire, les représentants des organisations patronales ont suivi la voie de la raison en ratifiant le plan de modernisation négocié avec Renaud Dutreil, ministre des PME, et Léon Bertrand, ministre délégué au Tourisme, sous l'égide du Premier ministre Dominique de Villepin.
André Daguin, Jean-François Girault, Didier Chenet, Dominique de Villepin, Léon Bertrand et Renaud Dutreil. |
C'est
en présence du Premier ministre Dominique de Villepin, de Renaud Dutreil, ministre
des PME, et de Léon Bertrand, ministre délégué au Tourisme que
les représentants des organisations patronales de la profession ont signé,
mercredi 17 mai, le plan de croissance en faveur de l'emploi et de la modernisation
des CHR. Ils ont tous répondu présents : Jean-François Girault
pour la CPIH, Jacques Bellin pour le GNC, Jacques Jond pour la Fagiht, Didier Chenet
pour le Synhorcat, Gérard Plomion pour le SNRPO et André Daguin pour l'Umih.
Cette décision n'aura pas été
facile. Ils auraient voulu obtenir plus. Mais après un mois de réflexion
et après avoir consulté leur conseil d'administration respectif, les présidents
des organisations patronales des CHR ont donc choisi de ratifier ce plan, tout en
rappelant que le dossier TVA restait prioritaire pour la profession. Le gouvernement
a d'ailleurs rappelé en préambule dans ce plan qu'il s'engageait à
poursuivre les négociations avec l'Union européenne afin d'obtenir le
taux de TVA réduit pour la restauration.
En effet, pour l'Umih, "la TVA à
5,5 % reste le meilleur outil de modernisation du secteur et le rétablissement
de la justice fiscale pour les entreprises dont le service à table permettra
de créer des emplois. Ce contrat de modernisation proposé par le gouvernement
est transitoire en attendant la baisse de la TVA en restauration." "C'est un pis-aller
qui va dans le bon sens", conclut André Daguin.
Didier Chenet, président du Synhorcat,
se déclare satisfait de la signature de cet accord, qui constitue un engagement
encourageant tourné vers l'avenir en prévoyant des mesures en faveur des
jeunes et de l'emploi. Toutefois, Didier Chenet précise qu'il convient de suivre
la mise en oeuvre des 6 volets de ce plan et de contrôler la bonne application
des différentes mesures. C'est la raison pour laquelle le Synhorcat participera,
aux côtés des autres organisations signataires, aux réunions de
travail du comité de suivi qui sera mis en place à partir de l'été
2006.
Pour Dominique de Villepin, "ce
plan constitue un respect des engagements et la volonté d'avancer ensemble".
Cette signature, organisée dans
le restaurant D'Chez Eux dans le VIIe arrondissement de Paris, près
des Invalides, sera suivie d'un déjeuner entre l'ensemble des signataires et
les 3 ministres.
Présentation du plan
Une ambiance conviviale et décontractée. |
Augmenter la 'prime Sarkozy'
Prévue jusqu'en décembre
2006, l'aide forfaitaire à l'emploi pour les CHR, plus connue sous le nom
de 'prime Sarkozy', est pérennisée, mais surtout, elle augmente de façon
substantielle pour la restauration traditionnelle. Elle doit passer de 114 à
180 E par mois et par salarié, et ce, quel que soit le montant du salaire.
Il est prévu d'augmenter l'aide de 57 à 90 E pour les hôtels-restaurants
et les cafés-tabac.
Pour les autres secteurs d'activité,
l'aide est maintenue à 114 E par mois pour un salaire au niveau du Smic.
Quant aux salaires supérieurs au Smic, ce sont les montants actuels qui continuent
de s'appliquer.
Ces deux mesures nécessitent au
préalable l'autorisation de la Commission européenne. Elles doivent être
inscrites dans le projet de loi de Finances pour 2007. Ce qui signifie que l'augmentation
de ces aides ne sera pas applicable avant le 1er janvier 2007.
Simplifier la procédure
de demande de cette aide
C'est d'une seule voix que
les représentants des organisations patronales ont fait valoir que le dispositif
de demande d'aide est très complexe, et surtout très fastidieux, car il
nécessite l'envoi d'un formulaire à compléter, auquel il faut joindre
la photocopie de tous les bulletins de paie de tous les salariés. Face à
ce formalisme, beaucoup d'employeurs - surtout dans les petites entreprises - ne
demandent pas à en bénéficier alors que, dans le même temps,
ce sont ces entreprises qui en ont le plus besoin. La procédure de demande
d'aide va être simplifiée en supprimant l'obligation d'envoyer au préalable
les fiches de salaire de tous les salariés, qui sera remplacée par un
contrôle a posteriori de l'Urssaf.
Cette une des premières
mesures de ce plan qui sera mise en place à l'automne 2006.
Les
organisations patronales s'engagent à négocier une grille de salaires
En contrepartie de ces nouvelles
aides, les organisations patronales signataires s'engagent à négocier
une nouvelle grille de salaires avant la fin de l'année 2006 au plus tard.
André Daguin, président de l'Umih, a d'ailleurs précisé, lors
de ce déjeuner, qu'il serait à même de faire des propositions
à la date du 15 juin.
La profession s'est aussi engagée à
progresser vers l'objectif de 40 000 créations d'emplois dans le secteur contre
20 000 à l'heure actuelle.
Un dispositif fiscal pour
rénover les établissements
Pour aider au développement
et à la modernisation du secteur, il est prévu de mettre en place un
dispositif fiscal améliorant la Dotation provision pour investissement (DPI)
pour les travaux de mise aux normes (hygiène, sécurité, risque d'incendie,
etc.) ainsi que pour les dépenses liées à l'accessibilité
des personnes handicapées. Ce dispositif permettra de déduire du revenu
15 000 E au titre des investissements réalisés dans ces entreprises.
En outre, l'État s'engage
à mettre en place un mécanisme d'amortissement accéléré
en faveur des dépenses de mise aux normes et d'achat de matériels de sécurité
sur 2 ans au lieu des 5 et 10 ans actuels.
Création d'un titre 'Maître
restaurateur'
Ce titre de Maître
restaurateur artisan devrait concerner environ 20 000 entreprises. Mais il reste
encore à définir les critères à retenir pour permettre l'obtention
de ce titre. Ce cahier des charges sera négocié entre la profession et
les services du ministre des PME, Renaud Dutreil. Ce titre permettra de bénéficier
d'un crédit d'impôt modernisation, d'une aide supplémentaire de
l'État représentant 50 % des sommes dépensées dans la limite
de 30 000 E étalés sur 3 ans, soit un crédit d'impôt total
pouvant atteindre 15 000 E pour ceux qui modernisent leur entreprise.
En outre, l'État s'engage à mener
une opération de communication pour assurer la promotion de ce titre de Maître
restaurateur auprès des consommateurs.
Assouplir le régime des
heures supplémentaires et le recours aux extras
Pour les petites entreprises
de moins de 20 salariés, il est prévu de mettre en place un dispositif
qui simplifiera le recours aux heures supplémentaires et aux extras. Ce dispositif
devrait permettre, pendant un certain nombre de jours - soit 45 -, d'utiliser des
heures supplémentaires ou des extras avec des formalités administratives
extrêmement réduites, ainsi qu'un forfait horaire de charges sociales,
ce qui entraînera dans les faits une diminution de celles-ci. Ce dispositif
s'inspire d'un système belge qui a été mis en place avec succès.
Création d'un nouveau
mécanisme de financement des murs
L'État va s'engager
dans un plan de rénovation et de modernisation du parc immobilier. Il souhaite
créer un circuit financier qui permettra aux épargnants français
d'investir dans des OPCI (Organismes de placement collectif dans l'immobilier) spécifiques
au secteur des CHR. Une aide fiscale pourrait être mise en place pour inciter
ces sociétés immobilières à investir dans le secteur. Il pourrait
être aussi envisagé que des investisseurs physiques puissent acheter
des parts et bénéficier du dispositif de défiscalisation 'de Robien'
à l'instar de ce qui se pratique dans le tourisme social. Ces OPCI interviendront
en tant qu'opérateurs immobiliers sur l'ensemble du parc, y compris la restauration
traditionnelle indépendante. Les exploitants bénéficieront de loyers
bloqués.
Mise en place d'une charte
des droits des CHR
D'aucuns ne contestent que
le secteur des CHR fait partie des activités les plus réglementées,
et par conséquent, les plus contrôlées par l'administration. Avec
les organisations patronales, l'État souhaite mettre en place une charte
des droits des entreprises du secteur des CHR sur le modèle de la charte du
contribuable, qui a été mise en place par le gouvernement. Dans chaque
département, sera nommé un médiateur qui sera issu des métiers
du secteur des CHR, de façon à mettre un peu d'humanité dans
les relations entre l'administration et les entreprises. Il est prévu de mettre
en place ce dispositif à l'automne 2006.
Lancement d'un grand plan
tourisme
Le gouvernement souhaite
améliorer l'image touristique de la France à l'étranger afin de
mettre en valeur la qualité de l'offre hébergement et de la restauration.
Les actions de promotion à l'étranger, mais aussi sur le territoire
national de Maison de la France, seront renforcées. Dès cet été,
le ministère du Tourisme présentera son nouveau site internet pour amplifier
cette promotion. Il est aussi prévu une accélération de la mise en
place du plan Qualité Tourisme.
Mise en place d'un comité
de suivi
Rien ne sert de prévoir
toute une série de mesures pour aider la profession si celles-ci ne sont pas
suivies d'effets. C'est la raison pour laquelle il est prévu la mise en place
d'un comité de suivi composé des signataires du présent contrat de
croissance et de modernisation. Ce comité sera chargé de la bonne application
des différentes mesures énoncées.
Pascale
Carbillet
Risque
d'annulation de l'accord par le Conseil d'État ?
Alors
que les organisations patronales signent ce plan de croissance et de modernisation
avec le gouvernement, une menace plane sur le devenir des conditions de travail
dans les CHR. En effet, la profession est dans l'attente de la décision du
Conseil d'État quant à la validité des accords du 13 juillet
2004 réglementant le temps de travail dans les CHR. |
RÉACTIONS
Les mesures en faveur de la restauration en discussion à
l'Assemblée nationale
Un plan de modernisation "efficace",
selon le député UMP Thierry Mariani. Lors de la séance des questions
au gouvernement à l'Assemblée nationale, Thierry Mariani a interrogé
Renaud Dutreil sur les dispositions du plan de modernisation et de croissance des
professions de l'hôtellerie et de la restauration signé mercredi 17 mai
entre le gouvernement et les organisations patronales de l'hôtellerie et de
la restauration. Thierry Mariani a rappelé à cette occasion que ce plan
était "l'aboutissement des consultations lancées par le gouvernement
en février, suite à l'action des 202 députés UMP qui avaient
tenté de faire adopter la baisse de la TVA en décembre 2005, après
le dernier échec des négociations européennes en matière de
baisse de la TVA". Pour le député UMP du Vaucluse et président
du Groupe d'études de l'Assemblée nationale sur les métiers de l'hôtellerie,
de la restauration et des loisirs, ces mesures sont "efficaces", mais "les
allégements de charges doivent être transitoires, et la baisse de la
TVA dans la restauration doit rester l'objectif".
zzz22v
Renaud Dutreil, ministre des Petites
et Moyennes entreprises, du Commerce, de l'Artisanat et des Professions libérales
"Le nouveau refus de nos partenaires européens
d'autoriser la baisse de la TVA à 5,5 % dans la restauration a suscité
en janvier déception et colère chez les professionnels. Avec mes collègues
Jean-François Copé, Jean-Louis Borloo et Léon Bertrand, nous avons
alors regardé ce qui freinait la croissance, l'embauche et l'investissement
dans les entreprises du secteur, et à chaque problème, nous avons trouvé
une solution. Et pour la première fois depuis bien longtemps, l'ensemble des
organisations professionnelles a signé aujourd'hui même, en présence
du Premier ministre, un contrat de croissance et de modernisation qui redonne espoir
à toute la filière. Ce plan ambitieux comporte un important volet social,
avec une baisse forfaitaire des charges portée de 114 à 180 E, en contrepartie
de quoi les professionnels s'engagent à renégocier la grille salariale
- encore libellée en francs ! - et à embaucher. Il est possible de créer
40 000 emplois supplémentaires dans le secteur. Ce plan comporte plusieurs
autres volets relatifs à l'investissement, à la reconnaissance des
métiers, à l'apprentissage, aux normes d'hygiène et de sécurité.
Le secteur de la restauration n'est plus laissé à
l'abandon. Il a face à lui un gouvernement qui lui offre des perspectives,
dans le souci constant de l'intérêt général."
zzz22v
VOUS RÉAGISSEZ
"Êtes-vous satisfait du plan de modernisation que vient de signer la profession ?"
Joëlle
Couttolenc, Hôtel-Restaurant Soleil des Neiges au Sauze (04)
"Pour la prime de
180
E, nous avons reçu la feuille Assedic le 23 avril, mais nous n'avons
toujours rien touché. En fait, on fait l'avance d'argent à l'État. De toutes les
manières, ce qu'on nous prend d'un côté, on nous l'enlève de l'autre. Un exemple
: la majoration de 25 % de notre bénéfice lorsqu'on exploite en nom propre.
Pour le titre de
Maître restaurateur, c'est une bonne chose, car il faut qu'on puisse faire la
différence entre ceux qui font de la véritable cuisine et ceux qui utilisent des
plats tout préparés qui dévalorisent notre métier."
D. F.-N.
Cécile Devienne,
restaurant La Douce Heure à Beaune (21)
"Ces nouvelles
mesures ne changeront rien au problème de fond. Ce qu'il faut pour redynamiser
la restauration, c'est la TVA à 5,5 %. Malgré l'augmentation, la prime pour
l'emploi ne suffit pas à faire embaucher du personnel. On en reste à de petites
mesures, et dès que l'on cherche à réformer, c'est la grève !"
S.
H.
Complément d'article 2978p4
Pour retrouver l'intégralité du plan de croissance et de modernisation :
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L'Hôtellerie Restauration n° 2978 Hebdo 25 mai 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE