du 25 mai 2006 |
VIE PROFESSIONNELLE |
RECONDUIT À LA PRÉSIDENCE DU SYNHORCAT
Pour Didier Chenet, la formation et la transmission réussie des entreprises sont prioritaires
Réélu à l'unanimité à la tête du Syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs (Synhorcat) pour un 2e mandat de 2 ans, Didier Chenet évoque pour L'Hôtellerie Restauration les travaux et les objectifs du syndicat. Interview.
Propos recueillis par Sylvie Soubes
Didier Chenet : "La restauration reste une affaire d'hommes." |
L'Hôtellerie Restauration
: Le 10 mai, vous avez été
réélu pour un 2e mandat national à la tête du
Synhorcat avec un bureau rajeuni. Pourriez-vous le commenter ?
Didier Chenet :
C'est un comité fortement renouvelé, avec un rajeunissement de l'équipe,
effectivement. L'organisation des commissions et des sections reste inchangée.
Il me paraît important de souligner la nomination de Thierry Suzanne en tant
que 3e vice-président, qui est, je vous le rappelle, président
de Riem Becker Traiteur. Nous souhaitions faire venir dans ce comité restreint
une branche de la profession qui n'avait pas, jusque-là, la place qu'elle
méritait. Je voudrais aussi noter la présence de Marc Tellier, à
la tête de la section des restaurants traditionnels.
Ce restaurateur est installé
à Rouen, avec 1 étoile Michelin. Nous avons aussi définitivement
adopté la définition de restauration à thème*, sachant que
ces entreprises ont des attentes et des besoins spécifiques. Ce que je souhaite,
c'est maintenir l'équilibre entre ces différentes composantes.
Quel mot d'ordre donnez-vous aujourd'hui à
vos troupes ?
Travailler sur l'avenir. Le social, dans son aspect
négociation, va prendre un peu moins de place, et va nous permettre de travailler
davantage l'autre facette du social. Notre projet : tout ce qui tourne autour de
l'emploi et de la formation, notamment par le biais du CFA et son évolution,
qui passera par une adaptation des filières. Bien sûr qu'il faut tendre
vers l'excellence, mais tout le monde ne sera pas un Ducasse ou un Robuchon. Il
faut comprendre où sont les débouchés, et former les gens aux nouvelles
techniques, il faut coller aux nouvelles formes de restauration qui se développent.
Bref, mettre en place de nouvelles formations. Au niveau de l'apprentissage, nous
devons favoriser la mobilité des apprentis. Nous voudrions qu'ils puissent
bénéficier du régime Erasmus, qui soutient la mobilité européenne
des étudiants de l'enseignement supérieur. En ce qui concerne la formation
professionnelle continue, nous avons pris la décision d'installer notre organisme,
Asforest, à Médéric pour être en symbiose entre ce qui est
fait en amont et doit être fait durant un parcours professionnel. Et faire
bénéficier les personnes des locaux techniques en place. Nous voulons
aussi baliser le parcours de nos salariés, en mettant l'accent sur
les Certificats de qualification professionnelle.
Je peux vous annoncer d'ores et déjà le lancement d'un CQP de manager
de salle de restaurant en partenariat avec l'Ifhor de Rennes. On est là en
sortie de BTS, mais hors secteur. L'objectif est de faire venir des gens qui ne
seraient pas forcément venus, et leur montrer que nous avons des choses à
leur apporter. Il faut élargir le spectre des personnes qui nous rejoignent
en les professionnalisant. L'autre grand axe de réflexion, c'est l'avenir de
nos adhérents en termes de succession. Une succession se prépare longtemps
à l'avance, qu'elle soit ou non familiale. Et si l'on veut qu'elle soit réussie,
pour les patrons comme pour les salariés, tout ce qui a trait au fiscal, à
la formation, à la transmission du savoir doit nécessairement être
abordé bien avant, et que cela ne soit pas vécu comme un traumatisme.
Puisque vous employez le terme traumatisme,
comment voyez-vous l'arrivée des fonds de pension dans la restauration, assez
mal vécue par certains. Ont-ils tort ? Ont-ils raison ?
L'intervention des fonds de pension dans notre
secteur ne doit pas inquiéter. Il ne s'agit pas de crier haro sur les financiers.
Cette arrivée dans l'activité de la restauration de chaîne à
thème est inéluctable. Qui dit chaîne, dit développement. Et
pour cela, il faut de l'argent. Dans ce cas, soit on va vers la Bourse, mais elle
n'aime pas le secteur, soit on va vers les fonds. Je crois qu'il faut vivre cette
évolution du paysage de manière sereine. La restauration indépendante
n'est pas dans le même cheminement. Elle reste une affaire d'hommes. Et quand
je parle de succession, c'est bien à ce niveau qu'il faut agir. En sachant
qu'aujourd'hui un restaurant, quelle que soit sa taille, c'est une entreprise. Nous
ne sommes plus dans un contexte paternaliste, même si le côté affectif
demeure.
À quand votre prochain congrès
et dans quel esprit ?
Notre 2e congrès national
aura lieu en novembre. Les dates exactes seront arrêtées avant l'été.
On souhaite en faire un moment de professionnalisme et de convivialité. Faire
en sorte qu'on arrête cette pluie de réglementations qui s'abat sur nos
métiers. À l'allure où ça va, il n'y aura plus de professionnels
dans les clous. Je crois qu'il faut faire l'analyse de toutes ces réglementations,
et redéfinir un cadre cohérent. Nous sommes totalement opposés à
la mise en place de normes Iso dans la profession, y compris en hôtellerie.
L'Europe du Nord et l'Europe du Sud ont deux approches du tourisme. Le tourisme
est la première industrie pour le L'Europe du Sud, et il ne faudrait pas que
l'Europe du Nord vienne nous imposer sa vision du secteur là où il existe
des différences majeures. Quant à la baisse de la TVA en restauration,
je suis convaincu qu'elle interviendra quand l'Europe acceptera de revoir la règle
de l'unanimité, qui doit l'être, selon moi, au profit de la majorité
qualifiée.
*Comme Hippopotamus, Bistro Romain, La Criée, Le Bar à Huîtres, Oh..! Poivrier ! Restoleil ou encore Rouge Tendance.
Lancement des Cafés de l'avenir En Île-de-France, le Synhorcat va lancer à la rentrée Les Cafés de l'avenir. Un nouveau rendez-vous donné aux jeunes de tous horizons, qui leur permettra de parler librement avec des chefs d'entreprise. Le tout aura lieu dans un café, en après-midi. Ce projet est également porté par le Medef, le Sénat et des associations comme 'Ni putes, ni soumises'. zzz74v |
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L'Hôtellerie Restauration n° 2978 Hebdo 25 mai 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE