du 8 juin 2006 |
JURIDIQUE |
MODE D'EMPLOI
LA 6e SEMAINE DE CONGÉS PAYÉS
Depuis le 1er juin de cette année, une majorité de salariés de la profession a acquis une 6e semaine de congé, conformément à l'accord du 13 juillet 2004. Vous êtes nombreux à vous interroger sur les conditions de sa mise en place : qui peut en bénéficier ? Comment la payer ? Tour d'horizon.
L'article
11 de l'avenant n° 1 du 13 juillet 2004 de la convention collective des CHR
accorde 6 jours de congés payés supplémentaires pour les salariés,
à raison de 0,5 jour par mois de travail effectif. Ce qui donne 6 jours ouvrables
ou 5 jours ouvrés selon les modalités de calcul des congés payés
dans les entreprises.
En pratique, les salariés ont droit à
1 semaine de congé supplémentaire, ce qui leur fait 6 semaines de congés
payés par an. Même s'il est vrai que juridiquement, cette 6e
semaine bénéficie d'un statut différent dans la mesure où celle-ci
- contrairement aux congés payés - peut être payée par l'employeur.
Quand cette 6e
semaine est-elle applicable ?
L'article 11 précise
que ces droits à congé supplémentaire se comptabilisent à
partir de la première période de référence suivant l'extension
de l'accord du 13 juillet 2004. Ce dernier a été étendu le 30 décembre
2004, et rendu obligatoire pour toutes les entreprises des CHR à partir du
1er janvier 2005.
La période de référence
de congés payés a donc commencé à partir du 1er
juin 2005 jusqu'au 31 mai 2006. Donc, à partir du 1er juin 2005,
les salariés ont commencé à acquérir 0,5 jour de congé
conventionnel en plus des 2,5 jours de congés payés.
Quand prendre cette 6e
semaine ?
L'accord précise que
ces jours de congé conventionnel acquis peuvent être pris soit de façon
isolée ou en continu entre le 1er mai et le 30 avril de l'année
suivante, soit pour cette année à partir du 1er mai 2006
jusqu'au 30 avril 2007. En outre, cet article prévoit que ces congés conventionnels
peuvent être différés ou reportés à la fin de la saison
ou à la fin de l'année de référence.
Donc, pour les congés acquis
entre le 1er juin 2005 et le 31 mai 2006, ils pourront être pris
entre le 1er mai 2006 et le 30 avril 2007. Sachant que l'accord prévoit
la possibilité de reporter la prise de ces jours à la fin de la saison
ou à la fin de l'année de référence, soit jusqu'au 31 décembre
2007. L'accord prévoit que si les congés payés n'ont pu être
pris avant la fin de la période de référence, ils devront être
payés. L'employeur a donc aussi la possibilité de payer ces jours à
ses salariés au lieu de les donner.
Un délai supplémentaire
pour les entreprises à 37 heures ou moins
Les entreprises qui ont
dû réduire le temps de travail à 37 heures en 2002 et qui conservent
cette durée du travail bénéficient d'un délai supplémentaire
de 1 an pour accorder ces 6 jours de congé à leurs salariés. Le même principe est applicable pour les
entreprises qui ont une durée du travail inférieure à 37 heures
: par exemple, celles à 35 heures bénéficient également de
ce délai supplémentaire.
L'accord précise d'ailleurs que ces entreprises
dont la durée du travail est inférieure ou égale à 37 heures,
mais sans octroi de jours de RTT, peuvent profiter de ce délai supplémentaire
d'un an pour réorganiser la durée collective du travail en donnant aux
salariés des jours RTT et ne pas avoir à accorder la 6e semaine
de congés payés.
Les entreprises concernées
Sont concernées toutes
les entreprises comprises dans le champ d'application de la convention collective
des CHR, c'est-à-dire les entreprises qui sont répertoriées aux
codes NAF suivants :
55.1A Hôtels avec restaurant
55.1C Hôtels de tourisme sans restaurant
55.1E Hôtels préfecture
55.3A Restaurants et cafés-restaurants
55.4A Cafés-tabac
55.4B Débits de boissons
55.5D Traiteurs organisateurs de réceptions
92.6A Bowlings
Sont concernées non seulement les entreprises
situées en France métropolitaine, mais aussi celles situées dans
les Dom (Guyane, La Réunion, Martinique et Guadeloupe). Ce qui signifie que
les salariés des Dom bénéficient aussi de cette 6e semaine
de congé.
Attention ! L'avenant du 13
juillet 2004 avait initialement inclus les discothèques dans le champ d'application
de cet accord. Mais le Conseil d'État, par une ordonnance du 21 février
2005, a fait sortir les discothèques du champ d'application de cet accord.
En conséquence, elles ne sont pas concernées par cette 6e semaine.
Les salariés concernés
En principe, tous les salariés
sont concernés. Qu'ils soient titulaires d'un contrat à durée indéterminée
ou d'un contrat à durée déterminée, d'un contrat à
temps partiel, d'un contrat d'apprentissage ou d'un contrat aidé.
Les extras bénéficient
également de cette 6e semaine de congé, dans la mesure où
elle est prise en compte pour le calcul de leur indemnité de congés payés.
Et ce, quelque que soit leur statut
(employé, cadre, agent de maîtrise).
Une exception toutefois dans la catégorie
des cadres. Si le cadre intégré et le cadre autonome bénéficient de cette 6e semaine, le cadre
dirigeant n'en bénéficie pas. Il s'agit de la seule exclusion prévue
par l'accord, et ce, en raison du statut particulier accordé à ce cadre.
Salariés ayant des avantages
équivalents
Tout principe souffrant
des exceptions, l'accord prévoit que les salariés qui bénéficient
déjà d'un nombre de jours de congé de même nature ou ayant
le même objet ne bénéficient pas de ces jours.
Et le texte de préciser
qu'il s'agit notamment des salariés bénéficiant de jours de RTT,
de jours de congé supplémentaires ou de jours fériés par décision
de l'employeur ou par accord collectif, national, régional, départemental.
Ce qui signifie que si le salarié bénéficie de jours de congé
supplémentaires par rapport à la loi ou à la convention collective
des CHR et de son avenant du 13 juillet 2004, on va tenir compte de ces jours pour
apprécier s'il peut bénéficier de ces 6 jours de congé conventionnel.
Un exemple fréquent dans la profession
: l'entreprise accorde à ses salariés tous les jours féries, soit
10 au total. On ne tient pas compte du 1er mai qui est accordé par
la loi.
Dans la profession, la convention collective
prévoit l'octroi de 3 jours fériés (en plus du 1er mai).
Donc, ses salariés bénéficient
de tous les jours fériés, donc 7 jours supplémentaires par rapport
à l'accord du 13 juillet 2004. Ces salariés ne bénéficieront
donc pas de cette 6e semaine, car ils bénéficient déjà
de 7 jours supplémentaires de congé par rapport à la convention
collective des CHR.
Comment calculer l'indemnité
?
L'indemnité de congés
payés est égale au 10e de la rémunération totale
perçue par le salarié au cours de la période de référence
(article L.223-11, alinéa 1 du Code du travail).
Le 10e de la rémunération
de référence correspond au droit à congé légal acquis
par le salarié sur la base de 2,5 jours ouvrables par mois de travail. Lorsque
la durée du congé est différente de la durée normale, l'indemnité
est calculée proportionnellement à la durée des congés qui
est effectivement due (article L.223-11, alinéa 2 du Code du travail), y compris
pour les salariés dont le droit à congé est incomplet, c'est-à-dire
les salariés en contrat à durée déterminée.
Donc, pour un salarié des CHR
qui a droit à 36 jours ouvrables de congé (30 jours de congés payés
légaux plus 6 jours de congé conventionnel), l'indemnité est égale
au 1/10e de la rémunération totale multiplié par le rapport
36/30, ce qui donne 1/10e x 36/30 = 0,12, soit 12 %.
Pascale
Carbillet
zzz60o
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