du 13 juillet 2006 |
ÉDITO |
Trop, c'est trop !
D'accord, on n'a pas gagné dimanche la Coupe du Monde de Football (d'ailleurs, il y a un mois, personne n'y croyait), mais comme il parait qu'officiellement, perdre aux penalties, c'est considéré comme un match nul, vous pouvez vérifier sur le site de la FIFA si le coeur vous en dit, autant garder le moral. Notamment pour la saison qui démarre enfin après cette panne de régime due aux exploits des protégés de Domenic.
Et surtout, ne pas écouter inconsidérément les
augures qui auscultent sans bienveillance notre activité touristique,
à croire que l'autodénigrement est devenu la spécialité
des observateurs proclamés de la profession. L'un d'entre eux nous explique
doctement, et ce n'est pas faux, que le développement fulgurant d'internet
a fait des hôteliers la "chair à canons"
des discounters
de tout poil qui proposent aux consommateurs non pas des prestations mais des
baisses permanentes de prix, avec tous les effets pervers que le système génère.
Et d'abord, celui de la déception à laquelle l'hôtelier
ou le restaurateur ne peuvent strictement rien, celui de la vente à la
limite de la publicité mensongère : comment peut-on gober (malheureusement
le gibier des gogos est abondant) qu'au prix d'un 2 étoiles, on peut s'offrir un séjour de niveau
4 étoiles ? Le monde rêvé de l'internet n'est pas celui du jardin
d'Éden et la dure réalité finit toujours par prendre le dessus.
Un autre sport très prisé chez nous, c'est celui de l'autodestruction. De façon régulière, et plus particulièrement à l'ouverture de la saison estivale, de savantes études nous expliquent que nous sommes les derniers des derniers en matière d'accueil, et que nous ne méritons pas les 70 millions de visiteurs que le ministère du Tourisme comptabilise imperturbablement année après année. Si nous étions aussi infréquentables qu'on nous le dit, cela se saurait, et les touristes étrangers auraient depuis longtemps opté pour des destinations plus accueillantes.
Et les critiques n'y vont pas de main morte : "Peuple le plus inhospitalier devant les Allemands, aéroports lugubres, quartiers sales, chambres d'hôtel vétustes, personnel incompétent, méconnaissance des langues étrangères", et l'on en passe.
Mais il est temps de rétablir un équilibre dans ce
flot de remarques assassines dont on peut se demander à qui elles sont
utiles. Non, les Français ne sont pas les plus arrogants des humains,
même si parfois leur compréhension de l'étranger est un peu courte.
Mais au fait, avez-vous déjà fréquenté,
en touriste, les accueillantes populations croates, danoises ou russes ? Cela permet
de relativiser quelque peu le regard que nous portons sur nous même.
Et juste pour abréger cette séance d'auto-flagellation,
reproche-t-on à un Londonien de parler anglais ou un Madrilène de
se contenter de la langue de Cervantès ? N'y aurait-il que les citoyens
de la République française soumis à l'obligation du multilinguisme
? Non, cher lecteur, vous ne méritez certainement pas ce flot
de critiques qui alimente ces jours-ci les gazettes. Ce qui ne saurait bien évidemment
justifier un quelconque relâchement dans votre inlassable quête de l'excellence.
L. H. zzz80
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L'Hôtellerie Restauration n° 2985 Hebdo 13 juillet 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE