du 24 août 2006 |
L'ÉVÉNEMENT |
AVANT LA DÉCISION DU CONSEIL D'ÉTAT
LA RÉUNION PATRONS/SALARIÉS DU 25 AOÛT PEUT-ELLE ÉVITER UNE GRAVE CRISE SOCIALE ?
La réunion paritaire organisée le 25 août au ministère du Travail sonne la rentrée. Un nouveau bras de fer s'engage avec la CFDT. Dernières négociations avant la décision attendue ou redoutée du Conseil d'État. À moins qu'un compromis ne soit trouvé.
Les
négociations entre les syndicats patronaux et les syndicats de salariés
sont toujours d'actualité. Vendredi 25 août, Didier Chenet (Synhorcat),
André Daguin (Umih), Jean-François Girault (CPIH) et Jacques Jond (Fagiht)
vont se rendre à ce qui sera peut-être la dernière réunion
avec les syndicats de salariés avant l'annonce de la décision du Conseil
d'État sur la validité des accords du 13 juillet 2004 réglementant
le temps de travail dans les CHR. Rappelons que cet accord du 13 juillet, qui constitue
l'avenant n° 1 de la convention collective des CHR, comprend entre autres le
maintien des 39 heures avec, en contrepartie, la suppression du Smic hôtelier,
5 jours de congé supplémentaires, 2 jours fériés et la mise
en place d'un régime de prévoyance.
En février 2005, suite à la procédure
d'extension de l'accord le rendant applicable à toutes les entreprises des
CHR à partir du 1er janvier 2005, la CFDT déposait un recours
en annulation. "Nous revendiquons l'abandon des heures d'équivalence. Nous
voulons que les heures supplémentaires soient prises en compte à partir
de la 36e heure au lieu de la 40e actuellement. Nous sommes
prêts à faire des efforts afin de tenir compte des spécificités
des très petites entreprises", déclarait, en juin dernier dans nos
colonnes, Johanny Ramos, responsable de branche CHR de la CFDT Services. Il conteste
également la rédaction de l'article concernant les jours de congé
supplémentaires, et demande une revalorisation de la grille de salaires. C'est
au mois de septembre que le Conseil d'État doit se prononcer, et au fil des
semaines, la tension monte.
Cette réunion a pour but de mettre
les différentes parties en présence et de trouver un compromis satisfaisant
pour tous, qui inciterait la CFDT à retirer son recours en annulation. Le
ministère du Travail, qui a organisé la réunion de vendredi, a demandé
à de multiples reprises à la CFDT de renoncer à son recours.
Entre les partenaires sociaux, le contact n'a jamais été rompu. Les différentes
parties communiquent, les positions évoluent sensiblement, et chacun va donc
se rendre à cette réunion afin de faire le point. Quelques avancées
en sortiront peut-être. D'après nos informations, l'une des possibilités
évoquées serait l'abandon des 39 heures pour les 35 heures, tout en maintenant
une amplitude horaire de 39 heures : les 36, 37, 38 et 39e heures étant
payées en heures supplémentaires. La 6e semaine de congé
et les 2 jours fériés seraient alors supprimés. Chacun va avancer
ses pions vendredi. Résultat de la partie d'échec dans quelques jours.
Nadine
Lemoine
zzz74v
À quelques jours de la réunion décisive au ministère du Travail, les présidents de syndicats font le point. Réactions.
Propos recueillis par N. L.
Didier Chenet,
président du Synhorcat
"On
est dans une crise aujourd'hui. Si on laisse
les choses en l'état, cela veut dire que nous laissons le juge décider à la place des professionnels. La négociation sociale est faite pour que nous trouvions
nos solutions. Le juge, le Conseil d'État, n'a pas à se substituer à nous. Il y a des risques même si le Conseil d'État nous donne raison. Ce n'est pas bon ;
nous sommes capables de trouver un terrain d'entente avec tous les partenaires. Les
syndicats patronaux font front commun, dans le sens où nous sommes tous à
l'écoute et que nous allons à cette réunion dans un esprit d'ouverture. Donnons-nous encore une dernière chance
! Que ce ne soient pas les juges qui nous départagent. La priorité est dans le dialogue
social."
Jacques Jond,
président de la Fagiht
"Nous
regrettons la précipitation dans laquelle a été adopté l'avenant
n° 1 en juillet 2004, traité en catastrophe par ses signataires
en dépit de toutes les mises en garde et autres propositions des syndicats non-signataires (N.D.L.R. : la Fagiht n'a pas signé
l'avenant). On n'en serait pas là aujourd'hui. La Fagiht n'a jamais fait la politique du pire. Nous y allons sereinement et positivement. Nous avons une position
constructive. D'ailleurs, derrière tout cela, c'est la question de la grille
de salaires qui se profile. La Fagiht a eu le courage de proposer une grille de salaires qui
a été signée par les 5 centrales de salariés. La Fagiht est
favorable à une mise à jour annuelle de la grille de salaires. Nous souhaitons participer à la
réussite des négociations, même s'il nous faut repartir de zéro.
Nous sommes favorables à un terrain d'entente mais pas à n'importe
quel prix !"
André Daguin,
président de l'Umih
"Depuis 8 ans, on a fait
des progrès sociaux comme on n'en a jamais fait ! Le chiffre d'affaires, ce sont les salariés qui le font. On a augmenté les salaires.
Le Smic à 1 537 E, c'est 280 E de plus que le Smic normal. On a
une prévoyance à 0,80 %, une semaine de congé plus 2 jours fériés…
Et la CFDT dépose un recours contre ça pour des raisons dogmatiques afin d'obtenir les 35 heures. 250 000
types vont voir leurs revenus baisser. C'est la première fois que je vois un
syndicat se battre pour faire baisser les salaires ! La CFDT représente 2 % des salariés et peut mettre en péril une avancée sociale ! Annuler ces avantages
acquis et faire fi des efforts consentis par les entreprises est une véritable
trahison du dialogue social et un mépris des engagements pris et tenus par les partenaires sociaux. Si le recours prospérait, la
CFDT porterait la responsabilité d'une baisse de 280 E pour les Smicards
du secteur. Il faut aussi ajouter que notre grille de salaires présentée
en juin est bloquée puisqu'on ne sait pas où on en est. On ne peut pas
s'arrêter. Il faut sauver le truc. On y va !"
Jean-François
Girault, président de la CPIH
"Nous
avions signé un bon projet, un moindre mal aussi, et revenir sur ce contrat
n'est pas une bonne chose. Ce qui me dérange le plus, c'est qu'on soit bloqué par
ce système de recours, comme si nous avions une épée
de Damoclès au-dessus de nos têtes. Le risque est que le recours passe
et qu'on arrive aux 35 heures. Je ne me vois pas dire à mes salariés
qu'on va leur supprimer la 6e semaine de congé prévue en compensation
du maintien des 39 heures. Cela nous met dans une situation difficile dans les relations
avec les salariés. Nous ne pouvons pas nous permettre de négocier la grille de salaires alors que nous ne savons pas ce que le recours
va donner. Les professionnels risquent de n'avoir que leurs yeux pour pleurer. Ils
n'ont pas de trésorerie à rallonge. Si le nouveau texte qui sera proposé est intelligent, et si c'est un plus, on est prêt à faire des efforts.
Même si nous voulons faire évoluer nos métiers, il faut que ce soit raisonnable. Mais il ne faut pas que les professionnels soient les dindons de la farce !"
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