du 7 septembre 2006 |
L'ÉDITO |
Des chiffres et des lettres
La
statistique est un art difficile, mais l'interprétation des chiffres l'est
encore davantage. Qu'il s'agisse de la conjoncture, du taux de chômage,
du pouvoir d'achat ou du commerce extérieur, les commentaires varient à
360 ° selon les convictions des uns et des autres. À en juger par les
sempiternels sondages qui ne vont sans doute pas tarder à remplacer les urnes,
la tendance n'est pas près de revenir à des considérations plus
mesurées, si l'on ose dire.
Car au-delà de l'aridité des chiffres, ce sont des
hommes et des femmes, des entreprises, des institutions, qui bien souvent font les
frais de rapports plus ou moins bien interprétés, même si leurs
auteurs ont appliqué les méthodes les plus rigoureuses pour cerner un
morceau de réalité.
Ainsi, en cette semaine de rentrée scolaire, la publication par 'Le Point' d'un rapport sur les violences scolaires ne pouvait que montrer du doigt les établissements où les chiffres (on n'ose écrire les résultats) sont les plus spectaculaires, ce qui ne signifie pas qu'ailleurs, la vie scolaire est un long fleuve tranquille. Dans l'enseignement professionnel, le fléau n'est ni moindre ni pire qu'ailleurs, et il serait dommage de stigmatiser tel ou tel établissement au prétexte que ses responsables ont une notion plus rigoureuse de la discipline qu'en d'autres endroits. Sans oublier, question de simple bon sens, qu'il est tout de même plus facile d'enseigner le grec ancien ou les mathématiques à Henri IV que les bases de la cuisine aux élèves de banlieue.
Autre rapport susceptible de débat dans la profession : les conclusions de l'opération 'Vacances confiance' que la Direction générale de la consommation et de la répression des fraudes réalise au terme de chaque saison estivale. Il est évident que ce n'est pas le travail des contrôleurs qui est en cause, mais les éventuelles interprétations dont leurs constatations peuvent faire l'objet. Car les professionnels savent bien qu'ils ont tout intérêt à respecter une réglementation rigoureuse, et qu'il appartient à l'administration de faire, en quelque sorte, 'le ménage' en empêchant les amateurs peu scrupuleux de poursuivre des agissements préjudiciables à l'image de l'ensemble du secteur. Mais ce n'est pas une raison pour céder à la tentation du sensationnalisme, en titrant sur toute une largeur de page 'Un restaurant sur dix en infraction', la lecture du texte nous apprenant qu'en fait, le nombre d'établissements verbalisés s'établit cette année à 2,5 % contre 3,6 % l'an dernier. D'autant que ce pourcentage est calculé sur les restaurants visités et non sur l'ensemble des points de vente.
Enfin, autre calcul dont il faudra bien établir des modalités
arithmétiquement irréfutables : le rapport entre les heures d'équivalence,
la 6e semaine de congés payés et le règlement des heures
supplémentaires.
L. H. zzz80
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L'Hôtellerie Restauration n° 2993 Hebdo 7 septembre 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE