du 14 septembre 2006 |
L'ÉVÉNEMENT |
TEMPS DE TRAVAIL ET GRILLE DE SALAIRES DANS LES CHR
PAS D'ACCORD, MAIS LES NÉGOCIATIONS SE POURSUIVENT
Maintenir la durée du travail à 39 heures pour la profession en majorant les heures effectuées entre la 36e et la 39e heure, en laissant le choix au salarié entre le paiement de ces heures ou la 6e semaine de congé. Les partenaires sociaux doivent se retrouver le 22 septembre pour définir cette proposition déjà fortement contestée par 3 syndicats de salariés.
Ils étaient plus d'une cinquantaine de représentants syndicaux et patronaux à s'être retrouvés autour de la table des négociations lors de la mixte paritaire du 6 septembre. |
Malgré
une journée complète de négociations, les partenaires sociaux ne
sont pas parvenus à se mettre d'accord à la négociation mixte
paritaire qui s'est tenue dans les locaux du ministère du Travail, ce mercredi
6 septembre. Ils ont donc convenu de se retrouver le 22 septembre.
Épilogue prévisible dans la mesure
où au début des débats, on assistait à une divergence de vue
du côté des salariés.
En effet, les 3 syndicats signataires
de l'accord du 13 juillet 2004 (FO, CFTC et CFE-CGC) rappellent que la 6e
semaine de congé est un acquis social qu'ils ne veulent pas voir disparaître
sous prétexte de l'abandon du système des heures d'équivalence. Ils
considèrent que l'attribution de la 6e semaine de congé doit
être détachée de la négociation sur les taux de majoration
des heures réalisées entre la 36e et la 39e heure.
Les enjeux de ces négociations
Le 13 juillet 2004, 3 syndicats
de salariés (FO, CFTC et CFE-CGC) parvenaient à signer un accord sur
le temps de travail dans les CHR avec l'Umih, le GNC, ratifié par la suite
par la CPIH.
Cet accord a notamment instauré
une 6e semaine de congé, mis en place un régime de prévoyance
et augmenté le Smic hôtelier en supprimant la déduction de la valeur
de la demi-nourriture dans le salaire de base. En contrepartie de ces avancées
sociales, les employeurs avaient obtenu que la durée du travail dans la profession
reste à 39 heures quand la durée légale est fixée à
35 heures. Mais cet accord avait entraîné une levée de bouclier
de la part des non-signataires tant du côté patronal que des salariés.
Rapidement, deux recours ont été déposés devant le Conseil d'État
tendant à demander son annulation, l'un émanant d'un syndicat de salariés,
la CFDT, et l'autre du côté patronal, le Synhorcat. Organisation patronale
qui a d'ailleurs retiré son recours depuis la conclusion d'un plan de modernisation
sociale entre le gouvernement et les 5 organisations patronales de la profession.
Ce plan prévoit entre autres de
prolonger et d'augmenter les aides à l'emploi dans la profession (dites 'aides
Sarkozy'), qui sont actuellement de 114,40 E par mois pour un salarié au Smic,
et qui devraient passer à 180 E pour les restaurateurs. Cependant, le gouvernement
a également conditionné l'obtention de ces nouvelles aides à la
conclusion d'une nouvelle grille de salaires dans la profession. Cette dernière,
applicable dans la profession, est conclue lors de la convention collective de 1997.
Elle est toujours exprimée en francs, et la plupart des niveaux et échelons
ont été rattrapés par le taux du Smic.
Les organisations patronales se trouvent
donc contraintes de rejoindre les tables des négociations pour conclure un
nouvel accord sur le temps de travail. En effet, même s'il n'est pas possible
de préjuger de la décision du Conseil d'État par rapport à
l'accord du 13 juillet 2004, plusieurs avocats sollicités sur ce dossier font
part d'une grande probabilité de l'annulation de cet accord par le Conseil
d'État. D'autant que cette institution a adressé un courrier au Synhorcat
l'informant d'un moyen d'ordre public, c'est-à-dire, d'un moyen qui doit
être relevé d'office par les juges même s'il n'a pas été
invoqué. En effet, selon le Conseil d'État, l'arrêté d'extension
pris par le ministère du Travail pour rendre cet accord obligatoire à
toutes les entreprises du secteur n'est pas suffisant. Certaines des clauses prévues
dans l'accord nécessitent d'être édictées par un décret.
L'accord risque donc de tomber pour ce vice de forme, sans parler des moyens évoqués
par la CFDT qui conteste
certaines
dispositions contenues dans l'accord lui-même.
La CFDT a proposé de retirer son recours
devant le Conseil d'État à la condition de parvenir à un nouvel
accord sur la durée du travail et une grille de salaires en euros. Mais une
des principales revendications de la CFDT est l'abandon des heures d'équivalence
dans les CHR, c'est-à-dire une majoration des heures travaillées à
partir de la 36e heure, et non pas à partir de la 40e
comme cela se pratique actuellement. La CFDT a d'ailleurs annoncé le lendemain
de cette réunion qu'elle enverrait la semaine prochaine un projet d'avenant
à tous les acteurs patronaux et syndicaux en tenant compte des discussions
de cette journée du 6 en considérant les spécificités des petites
entreprises.
Les syndicats de salariés doivent
d'ailleurs se réunir le 18 septembre en intersyndicale afin de débattre
de ce projet avant de retourner négocier avec les employeurs le 22 septembre.
Le collège patronal confiant
dans le dialogue
Même s'ils ne sont
parvenus à aucun accord, le collège patronal se déclare confiant
dans l'issue de ces négociations et espère parvenir à un consensus.
Et ce, malgré la menace de la décision du Conseil d'État dont on
ne sait pas encore quand il doit rendre sa décision.
Pour Didier Chenet, président
du Synhorcat, le plus important est que le contact soit maintenu dans la mesure
où les partenaires sociaux se retrouvent le 22 septembre. "Cette réunion
a permis de clarifier la position des uns et des autres. Nous n'excluons pas le
risque d'une décision du
Conseil
d'État d'ici à notre prochaine réunion, mais je pense que face
à la volonté manifestée par l'ensemble des partenaires de négocier,
il va surseoir à statuer."
Jacques Jond, président de la Fagiht,
constate aussi qu'il existe "une volonté apparente d'aboutir. Mais les démarches
sont lentes, et nous, nous restons sur la base de l'avenant n° 1 dans lequel
serait abandonnée la 6e semaine de congé par les salariés
et le patronat tout en conservant une base à 39 heures, mais avec des heures
majorées entre la 36e et la 39e".
Ce qui compte pour Jean-François
Girault, de la CPIH, c'est qu'il y ait un équilibre économique et
une ouverture d'esprit dans ces débats : "On vient bien pour négocier.
La 6e semaine ne serait pas supprimée, elle serait soit payée
en heures supplémentaires, soit prise par le salarié. On serait
toujours à 39 heures mais avec une compensation.
On veut adapter le texte à une réalité qui a un peu évolué
et qui a un peu changé."
Quant à André Daguin, président
de l'Umih, il estime être sur le bon chemin, tout en rappelant qu'il existait
déjà un accord. "Face à la menace du Conseil d'État,
nous renégocions afin d'aplanir toute une série de malentendus. Nous considérons
qu'il ne faut pas toucher aux 39 heures, c'est une nécessité absolue,
mais il ne faut pas non plus - par je ne sais quelle aberration - que les salariés
soient privés de la 6e semaine et de la prévoyance. Donc, il
faut que l'on parvienne à un accord pour que la CFDT retire son recours,
soit on attend le jugement du Conseil d'État avec toutes les conséquences
que cela entraînera pour les entreprises mais aussi pour les salariés."
Pascale
Carbillet zzz60t
Voir l'article qui suit sur le sujet :
Pour la réunion de
la Commission Mixte Paritaire du 22 septembre, le collège patronal fait des
propositions aux salariés (n° 2995 du 21 septembre 2006)
Voir l'article qui précède sur le sujet :
Heures d'équivalence contre 6e
semaine de congés payés, négocier, oui, mais pas à n'importe quel prix
(n° 2993 du 7 septembre 2006)
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