du 2 novembre 2006 |
PERSPECTIVES |
le synhorcat en congrès les 6 et 7 novembre à paris
Didier Chenet : "Il faut avancer avec les jeunes"
Deuxième congrès national pour le Synhorcat. Quelque 300 participants sont attendus les 6 et 7 novembre à Paris, porte de Versailles, dans le cadre du salon Équip'Hotel. Le point sur l'actualité de la profession avec le président du syndicat, Didier Chenet.
Propos recueillis par Sylvie Soubes
L'Hôtellerie Restauration : Un congrès dans le cadre du salon Équip'Hotel ? Pourquoi et comment ?
Didier Chenet : Parce que l'on retrouve dans ce qui se passe à Équip'Hotel un certain nombre de nos valeurs : professionnalisme, ouverture aux débats contradictoires, innovation et créativité, outils tournés vers l'avenir avec une place évidente aux jeunes, et le tout - ce qui n'est pas le plus facile - dans un esprit de rassemblement. Nous allons donner une place importante aux jeunes dans ce congrès. L'avenir, ce sont eux. Et contrairement à bien des idées reçues, les jeunes d'aujourd'hui sont généreux. Nos métiers, par essence même, s'inscrivent dans la générosité. Il y a partage, service, attention. Je pense que la génération des parents n'a pas la même générosité. C'est ce qui fait qu'il y a un décalage entre l'envie des jeunes et l'attitude des parents qui les découragent à prendre cette voie. L'autre constat, et nous devons l'accepter, c'est que les jeunes ne se projettent plus dans l'avenir comme nous le faisions. Pour revenir au congrès, nous allons faire venir des jeunes en formation, et nous allons avancer avec eux. Notre devoir est de mettre en place des fondations solides qui leur permettent ensuite de construire leur avenir. Je voudrais ajouter que c'est avec eux, seulement, que nous allons pouvoir changer l'image du secteur, qui reste beaucoup caricaturé. Des caricatures que nous entretenons trop souvent et qui nous desservent.
Parlons des 39 heures et de l'amendement MP les rétablissant dans le cadre du projet de loi de Financement de la Sécurité sociale pour 2007. Ce projet, porté par les députés UMP, a été adopté à l'Assemblée nationale. Mais les députés de gauche ont voté contre, et l'UDF s'est abstenue. Comment analysez-vous ces votes ?
Dans cette affaire de temps de travail, d'aménagement, il y une désinformation qui est terrible. Il a fallu la décision du Conseil d'État pour que les TPE et les PME comprennent qu'un retour n'était pas dramatique financièrement, et qu'il coûterait moins cher que la 6e semaine. En revanche, sur l'aspect social, allez expliquer à vos salariés qu'ils vont gagner moins… Que penser de cet amendement et du vote ? Ce qui est vrai, c'est qu'on se sent soutenus. Mais il ne faudrait pas que ce soutien s'apparente à un leurre aux yeux du public et des professionnels. Il ne faut surtout pas croire que la décision du Conseil d'État est nulle et non avenue et que tout roule comme avant. Nous ne devons pas revivre l'espoir déçu de la TVA. Au moment où je vous parle, le Synhorcat appelle de ses vÏux un décret ou un amendement qui sécurise la rétroactivité et qui précise que, jusqu'au 31 janvier 2007, les heures dites d'équivalence ont été compensées par la 6e semaine. Bref, un texte qui mette à plat la rétroactivité, et qui permette de reprendre des négociations sociales sereinement et sans tabou. Cet amendement ne doit pas être un chiffon rouge pour les signataires des accords de 2004 et ceux qui ont conduit le dossier devant le Conseil d'État. Notre souhait, je le répète, c'est qu'on aille vers des conditions économiques et des contingents horaires viables. Que les députés de gauche aient voté non, c'est logique. Ça veut dire que cette décision est éminemment politique. Et politiquement, nous n'avons pas intérêt à laisser traîner les choses. Nous allons entrer dans une période préélectorale, et ce n'est pas aux politiques de décider ce qui doit être mis en place. C'est aux partenaires sociaux de décider.
Allez-vous vous adresser aux candidats à la présidentielle de 2007, et dans l'affirmative, en quels termes ?
Bien sûr. Je suis de la génération 'âge tendre et tête de bois' et pas 'langue de bois'. Nous avons l'intention de nous tourner vers eux, mais raisonnablement. La TVA est un dossier particulièrement difficile. Nous avons toujours dit que cela relevait d'une décision européenne. Oui, nos dirigeants doivent faire pression. Néanmoins, il faut arrêter de leur demander des choses qu'ils ne pourront pas tenir. Sur le social, on est là dans un domaine purement franco-français. Les pouvoirs publics ne doivent pas nous dicter nos besoins, ils doivent nous aider à construire le secteur. Nous sommes la 1re activité industrielle de France avec 800 000 salariés, la 1re industrie à ne pas délocaliser, la 1re industrie d'insertion qui porte également sur l'aménagement du territoire. Le maintien des TPE en zone rurale est une nécessité pour l'équilibre du pays. La présence des bistrots dans les cités est également importante. Quand un commerce recrute, c'est dans son environnement immédiat et c'est là une vraie réponse aux problèmes des cités. Dans notre secteur encore, il n'y a jamais eu un seul train de licenciements.
Vous êtes favorable à l'interdiction de fumer dans les établissements. Or, les comptoirs des bistrots des zones rurales comme ailleurs sont fréquentés en majorité par des fumeurs. Si cette clientèle diminue, comment faire, selon-vous, pour maintenir ces établissements en vie ?
Si je suis pour cette interdiction aujourd'hui, c'est parce que j'ai une exigence de responsabilité vis-à-vis de mes adhérents. On ne peut pas parler maintenant comme on le faisait avant l'arrêt de la Cour de cassation de juin 2005. Dans une société économique autant 'judiciarisée', je ne peux pas laisser un seul de mes adhérents courir le risque d'être poursuivi par un salarié, voire par un client, pour non-respect de la loi et exposition au tabagisme passif. Ce serait irresponsable de ma part. Ensuite, nous ne voulons pas qu'il y ait concurrence déloyale entre les établissements. Si certains avaient le droit et pas d'autres, ce ne serait pas bon. À côté de ça, l'État doit assumer ses responsabilités économiques face aux cafés-tabacs, qui sont assimilés à des agents de l'État. Ce dernier doit trouver des solutions de remplacement et ne doit en aucun cas se défausser.
Quel regard portez-vous sur l'année 2006 ?
C'est une année où j'ai la conviction que le gouvernement a enfin commencé à prendre conscience de la puissance économique, et non du lobbying que nous représentons. Le contrat de croissance est l'élément phare et significatif de ce frémissement. Il montre qu'il y a un changement des mentalités à l'égard de la profession. Ce contrat s'inscrit dans l'avenir. Ce texte est l'aboutissement d'une réflexion de la part des pouvoirs publics, il parle prospective, et son application est mesurable sur le terrain. J'ajouterai que les jeunes sont au coeur du dispositif. Nous avons en Renaud Dutreil un ministre à l'écoute des entreprises et qui a su apporter du concret au secteur. Que constater d'autre ? Eh bien, que nous subissons une concurrence réelle des pays à bas salaires. Alors que la France a créé quelque part une société de loisirs, nous, acteurs principaux du loisir, nous passons à côté. Et ceci parce que nous sommes un peu chers. Malheureusement, on n'a pas le choix. C'est là que les politiques doivent nous aider. Vous savez, nous voulons non seulement vivre avec notre temps, mais on veut savoir le précéder. C'est toute la philosophie du Synhorcat.
Didier Chenet
: "Le contrat de croissance montre qu'il y a
un changement des mentalités à l'égard de la
profession."
Programme du congrès national 2006 du Synhorcat |
Paris
Expo, porte de Versailles Lundi 6 novembre (hall 4 -
Salles Europe 401 et 402) Mardi 7 novembre (hall 7 -
Amphithéâtre Lyra 725) |
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