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du 23 novembre 2006
ÉDITO

La profession et le financier

Ils s'appellent 'Butler capital partners', 'Eurazeo', 'Colony capital' ou encore plus prosaïquement 'KKR', 'PAI' ou 'LFPI'.
Ils ne parlent qu'un anglais énigmatique pour le commun des mortels, celui de l'Ebitda (un peu en perte de vitesse depuis les exploits de J2M) du LBO (une valeur sûre depuis des années) du private equity et autres gracieusetées assez éloignées, il est vrai, de la langue élisabéthaine...

Bref, ces 'fonds vautours' selon le surnom que le patron de Colony capital trouve "joli" n'ont pas leur pareil pour se jeter sur toutes les entreprises, de n'importe quel secteur où il y a encore quelque chose à dépecer. La technique est d'autant plus efficace qu'elle ne demande ni une imagination débordante ni un sens avisé des affaires, au sens noble du terme. Forts de l'argent venu des caisses de retraites des fonctionnaires californiens, des veuves écossaises ou des milliardaires en mal d'investissements, ces fonds assurent d'abord des fortunes colossales à leurs dirigeants à coté desquels les patrons du CAC 40 sont réduits à l'état de smicards, en pratiquant précisément la fameuse technique du fameux LBO (leverage buy out pour les anglicistes), en clair l'art de se payer - grassement - sur la bête qui sort généralement exsangue de l'opération.

Juste un mot d'explication pour comprendre un mécanisme qui ne touche pas que les yaourts, la moutarde, les pâtes fraîches ou les tringles à rideaux : on achète l'entreprise convoitée par financement externe, en général une banque trop heureuse de participer à l'opération en encaissant de confortables intérêts payés… par les bénéfices de l'entreprise rachetée. Autant dire qu'après cette première lessive, il ne reste pas grand chose pour l'investissement, l'actionnaire s'il a survécu, sans parler des salariés. Pour clore l'opération, l'entreprise est alors revendue, généralement… à un autre fonds ! On peut alors recommencer.

Bref, le fonctionnement de ce capitalisme purement financier, n'a aucun rapport avec la vision stratégique d'un capitaine d'industrie, et ne repose que sur le très court terme. Or, de plus en plus, la profession de l'hôtellerie-restauration est concernée par cette évolution qui présente sans doute des avantages lors d'une transmission, mais s'éloigne bien évidemment de la philosophie propre à la compagnie.
Que de grands groupes, on songe à Accor, Starwood qui a repris Concorde, ou Lucien Barrière, aient recours à des montages auxquels participent ces fameux fonds, c'est probablement dans l'évolution naturelle de l'économie.

Mais en est-il de même pour des métiers de tradition plus personnalisée, comme Flo ou les Frères Blanc, ou comme Buffalo Grill, tous aujourd'hui entre les mains qui de Butler, qui de la CDC (une institution publique !) ou de Colony capital ?
Rappelons-nous l'exclamation de Thomas More : "Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il vient à perdre son âme ?"
L. H.
zzz80

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L'Hôtellerie Restauration n° 3004 Hebdo 23 novembre 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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