du 2 mars 2006 |
FESTIVAL GASTRONOMIQUE |
Île Maurice L'Hôtel Belle Mare Plage the Resort a accueilli la 1re édition du Festival culinaire Bernard Loiseau, présidée par Dominique Loiseau. Une manifestation à laquelle participaient des chefs français et mauriciens dans un esprit à la fois convivial et professionnel, avec un seul but, l'excellence.
Marion Gaudin
Des chefs se mobilisent
Premier Festival culinaire Bernard Loiseau
Dominique Loiseau, présidente du jury, remettant le trophée du festival à Stéphane Dupuy : une empreinte sur verre de sa main droite. |
Depuis
2003, le Relais Bernard Loiseau à Saulieu a mis en place une collaboration
solide avec l'Hôtel Belle Mare Plage the Resort, dirigé par Christophe
Plantier à Maurice. Patrick Bertron, l'héritier des traditions culinaires
de la Maison Bernard Loiseau, y organise chaque début d'année, avec l'aide
du chef
Michaël
Scioli du Blue Penny Café, l'un des restaurants de l'hôtel,
des soirées gourmandes sur 3 jours. L'occasion de faire découvrir aux
clients de ce restaurant gastronomique la cuisine de la Maison Loiseau.
Cette année, le partenariat a été
consolidé par Dominique Loiseau et le chef Patrick Bertron avec la création
d'un grand concours culinaire sur 4 jours baptisé, sous forme d'hommage, Festival
culinaire Bernard Loiseau. "Cette 1re édition a été
un grand succès, un événement très émouvant dans son esprit,
sa convivialité et son professionnalisme, confie Dominique Loiseau. Il
est le fruit de l'amitié que mon mari portait pour l'île."
Six équipes binômes, composées
d'un chef européen invité et d'un cuisinier mauricien du Belle Mare Plage
the Resort présélectionné lors d'un concours interne,
étaient en compétition. Parmi
les chefs européens, on pouvait retrouver Thierry Thiercelin, du Relais &
Châteaux Villa Belrose à Gassin (83), Stéphane Dupuy, du Relais &
Châteaux Château de Codignat à Bord-l'Étang (63), Tim Raue,
du Restaurant 44 au Swiss Hotel de Berlin, Robert Lallman, du Relais & Châteaux
Auberge de Noves près d'Avignon (84), Michel Portos, du Relais & Châteaux
Hôtel Hauterive à Bordeaux (33), et Paolo Benigni, de La Brughiera
en Italie. Beaucoup d'entre eux avaient eu l'occasion de travailler aux côtés
de Bernard Loiseau, notamment Thierry Thiercelin.
"J'étais fier de porter le nom de Bernard
Loiseau sur ma chemise, confie-t-il. Durant ce concours, nous avons tous
cherché à lui être fidèle en mettant l'accent sur le goût
et les saveurs, 2 éléments qui lui sont chers."
L'objectif
du concours était clair : encourager la créativité et l'échange
en mettant en commun les connaissances techniques des chefs européens avec
le savoir-faire sur les produits locaux des chefs mauriciens. "En fait, il s'agissait
d'apporter notre recul et notre expérience sur des plats réalisés
par les chefs mauriciens, explique Michel Portos. Mais ça a été
pour nous, chefs européens, une grande leçon d'humilité, car nous
étions loin de maîtriser les produits locaux. Nous avons donc beaucoup
appris."
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Les 6 chefs participant au concours :
Robert Lallman, Thierry Thiercelin, Tim Raue (en haut). |
Dominique Loiseau en compagnie des chefs Michaël Scioli et Patrick Bertron et des membres du jury : Carinne Teyssandier, Vincent Ferniot, Jacqueline Dalais, Fabrice Rosset et Patrice Binet Descamps. |
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Échange savoir contre
saveurs
Chaque équipe recevait 2 produits de base
identiques : un coeur de palmiste en entrée, du poisson en plat. Elle avait
ensuite quartier libre dans le marché local pour le choix des autres produits
(légumes, fruits, herbes, etc.). Les binômes étaient aidés
dans leur entreprise par Patrick Bertron, Bruno Le Gac, executive chef du Belle
Mare Plage the Resort, et Michaël Scioli, les chefs organisateurs de l'événement.
Une entrée et un plat pour 6 personnes, servis à l'assiette, étaient
alors évalués par un jury de 5 membres présidé par Dominique
Loiseau, composé de Patrice Binet Descamps, d.g. des hôtels Constance,
Jacqueline Dalais, référence de la gastronomie mauricienne, Fabrice Rosset,
p.-d.g. de la maison Deutz,
sponsor
de l'événement, Carinne Teyssandier et Vincent Ferniot, tous deux critiques
gastronomiques.
Pour la présidente d'honneur, Dominique Loiseau,
"ce festival fut un lieu d'échanges intenses entre chefs européens
et mauriciens. Il a donné la plus grande importance à la mise en valeur
des bons produits et au goût".
Les binômes ont été
jugés non seulement en fonction de l'originalité de leur recette, des
qualités techniques de la réalisation, du goût et des saveurs, de
la texture, de la présentation,
de l'innovation et de l'utilisation des produits locaux, mais aussi en fonction
du respect du culinary spirit cher aux hôtels Constance (Lire encadré
page 20) et des principes de la Maison Loiseau.
Stéphane Dupuy et son binôme mauricien
Sanjeev Matabadul, en charge du restaurant la Kaze au Belle Mare Plage, ont été
désignés comme l'équipe gagnante de cette 1re édition.
Ils ont remporté la compétition avec leur Millefeuille de palmiste et
thon rouge mariné aux épices du
pays,
lait de coco glacé, et leur Gueule pavée farcie d'une étuvée
de brèdes, camaron, mélange de racines et chevrettes confites (Lire encadré).
"En tant que présidente du jury, j'ai
été impressionnée par la qualité des prestations que nous avons
eues à goûter, nous confie Dominique Loiseau. Présentations
originales, grande recherche dans les textures, préparations très créatives,
j'ai remarqué combien les cuisiniers mauriciens étaient dans la tendance
de la cuisine actuelle tout en conservant son caractère original."
Pour les chefs européens, qui
cherchaient à transmettre leur savoir-faire tout en découvrant le terroir
mauricien, la satisfaction était au rendez-vous et l'objectif atteint. Ils
ont fait découvrir à leur binôme mauricien de nouveaux modes de
cuisson, pour le poisson notamment ; ils ont appris, à leur tour, comment
cuisiner les garnitures et exploiter les nouvelles herbes.
"J'ai
accepté de participer à ce concours par curiosité. Je ne connaissais
rien de l'île Maurice, confesse Thierry Thiercelin, dont le binôme
est arrivé 2e au concours. L'expérience a été
extraordinaire. Il a fallu s'imprégner de l'ambiance mauricienne, découvrir
de nouveaux produits, de nouvelles variétés d'herbes, palettes de couleurs,
de goût et d'odeur. Le pipangaille, le lalo, le margoze, autant de noms de
légumes qui m'étaient jusque-là inconnus !"
"Pour ce qui est du coeur de palmiste, on a
tous pris une leçon, reconnaît Michel Portos. Pour nous, c'était
jusqu'ici les coeurs de palmier en boîtes de conserve au supermarché.
Là-bas, on a appris à retirer l'écorce, à sélectionner
la partie qu'on peut mettre en salade, celle qu'on peut faire braiser, etc. Des
compétences locales que nous n'avions pas au départ."
L'an prochain, le concours devrait
être ouvert à tous les cuisiniers mauriciens du groupe Constance. Quant
à la Maison Loiseau, elle s'attend déjà à un fort engouement
de la part des chefs européens.
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LE CULINARY SPIRIT Le Culinary Spirit est une idée de la gastronomie raffinée et novatrice développée par le groupe d'hôtels Constance. "Fusion d'épices et d'essences, des parfums et des saveurs", tels sont les maîtres mots de cet esprit culinaire qui mêle les traditions des îles aux saveurs d'Asie, d'Afrique et d'Europe. Le Culinary Spirit est donc en parfait accord avec les principes de la Maison Bernard Loiseau qui entend, elle, "sublimer le goût originel des produits de terroir et allier simplicité et légèreté". |
LES PLATS DU TANDEM GAGNANT : TRADUCTION
Entrée
Millefeuille de palmiste et thon rouge mariné aux épices du pays. Lait de coco glacé. Travail du palmiste (sous ce nom, il faut comprendre coeur de palmier frais) sous 3 formes : cru, braisé, en purée. Association avec le thon, poisson local par excellence.
Plat
Gueule
pavée farcie d'une étuvée de brèdes, camaron, mélange de
racines et chevrettes confites. Accompagnés d'un chatini de piment cari,
d'un bouillon légèrement lié au parfum de cari poulé et cannelle,
d'une gelée d'eau de mer et virtuelle de pomme d'amour.
Les brèdes (sorte d'épinards locaux) apportent du moelleux à la gueule pavée. Les chevrettes (minicrevettes) ponctuent le
plat de leur goût si particulier. Le cari poulé, plante qui peut s'utiliser
crue, cuite ou séchée, donne une touche très parfumée, de même
que le jus de pomme d'amour, tomate à chair épaisse et ferme
légèrement acidulée. Ce plat veut représenter la complicité
entre la terre et les parfums de la mer.
STÉPHANE DUPUY, VAINQUEUR DU 1ER FESTIVAL CULINAIRE BERNARD LOISEAU
Dominique Loiseau en compagnie de Bruno Le Gac, executive Chef du Belle Mare Plage the Resort et Christophe Plantier, directeur général du Belle Mare Plage. |
Le tandem gagnant et complice : Stéphane Dupuy et Sanjeev Matabadul. |
MOF, Maître
cuisinier de France, 1 étoile au guide Michelin depuis 2000, Stéphane
Dupuy est le grand vainqueur de la 1re édition du festival culinaire
Bernard Loiseau. Pour autant, il garde les pieds sur terre. Il sait qu'il a encore
à apprendre. C'est pour cette raison qu'il a accepté de participer à
ce concours. "Il est toujours intéressant d'aller voir ailleurs et de découvrir
de nouveaux produits. J'ai beaucoup appris, tant sur le plan gastronomique qu'humain,
dit-il. Les Mauriciens sont d'une gentillesse incroyable et leur île regorge
de variétés d'herbes et d'épices insoupçonnées. Le cari
poulé est notamment remarquable. Ils ont également une espèce de
coriandre extra."
Stéphane Dupuy a beaucoup échangé avec son binôme
mauricien Sanjeev Matabadul. Il lui a appris comment cuire le poisson à basse
température afin de l'obtenir al dente, rose à l'arête. Il lui
a également appris à éliminer crème et beurre pour obtenir
une sauce plus épurée à base d'infusion de gingembre, de citronnelle,
etc.
En échange, Sanjeev Matabadul lui a montré comment cuisiner
le coeur de palmier (en purée, cru ou braisé) et utiliser le produit phare
de la région, le cari poulé.
"Durant ce séjour, j'ai vraiment essayé de me fondre
dans le décor et de porter une grande attention au goût tout en respectant
le terroir mauricien. L'eau de mer est un élément prégnant de l'île
Maurice. En décidant de réaliser une gelée d'eau de mer, j'ai montré
que je m'adaptais entièrement au lieu. C'est peut-être ce qui a fait
la différence par rapport aux autres équipes et nous a fait gagner."
En attendant de retourner à l'île Maurice - Stéphane
Dupuy a gagné une semaine de voyage sur l'île pour 2 personnes -, le
chef du Château de Codignat négocie sec avec ses exportateurs pour pouvoir faire venir du
coeur de palmiste et le faire goûter à ses clients français.
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L'Hôtellerie Restauration n° 2966 Magazine 2 mars 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE