du 6 avril 2006 |
CONJONCTURE |
Le marché hôtelier en Province (hors Côte d'Azur)
Le chiffre d'affaires hébergement des hôtels de province, hors Côte d'Azur, poursuit année après année sa progression. En 2005, l'augmentation des RevPar a été de 2 % pour les hôtels 2 étoiles et de 4,3 % pour les établissements 3 et 4 étoiles. Ces augmentations interviennent après plusieurs années de croissance qui font de la province l'un des marchés les plus dynamiques de l'Hexagone. Sur la période 2002 à 2005, la hausse des RevPar s'échelonne de 7 % pour les hôtels 3 étoiles à 10,3 % pour les 2 étoiles. La catégorie 4 étoiles enregistre pour sa part une augmentation de 8,6 %.
Ces performances ne signifient pas pour autant que les hôtels de province ne souffrent pas de la conjoncture difficile qu'a subi le marché au cours des dernières années. En effet, les gains de RevPar ne sont pas dus à une hausse de la demande. Sur la période 2002 à 2005, la demande a stagné dans les hôtels haut de gamme ou a reculé dans les établissements moyenne gamme.
Hausse constante
des prix
moyens en province
L'augmentation sensible
des RevPar trouve en fait sa source dans une augmentation constante des prix moyens
(RMC). En 3 ans, ceux-ci ont fortement progressé (+ 8,9 % pour les hôtels
4 étoiles, + 12 % pour les 3 étoiles et + 12,9 % pour les 2 étoiles)
et n'ont jamais connu de faux pas. Même en 2003, qui a été l'année
la plus difficile pour le marché français, l'hôtellerie de province
a vu ses prix moyens sensiblement augmenter.
Comme déjà signalé
l'an passé, la hausse des
prix
moyens est d'ordre structurel. Le développement des structures d'intercommunalité,
l'amélioration constante des réseaux de communication (liaisons aériennes,
lignes TGV, autoroutes, etc.), la mise en place d'équipements locaux adaptés,
etc., répondent de mieux en mieux aux besoins des entreprises. De fait, ces
évolutions ont contribué à une montée en puissance des métropoles
régionales. La situation
a été facilitée par un foncier plus abordable, ainsi que par une
main-d'oeuvre meilleur marché qu'en région parisienne, au moins dans l'immédiat.
La décentralisation d'actifs stratégiques dans le temps en province est
désormais courante. Ceci ira en s'accentuant avec une économie de plus
en plus tournée vers le capital intellectuel, et de moins en moins liée,
grâce aux technologies de l'information,
à une localisation spécifique. Cette phase de déconcentration et
de décentralisation que traversent l'économie et la société
française n'est pas sans impact sur le marché hôtelier. Outre
le fait qu'elle s'accroît dans une conjoncture économique plus favorable,
la demande évolue sensiblement. La clientèle recherche des produits à
la conception plus soignée, offrant des services plus adaptés aux nouveaux
modes de consommation. Les acteurs locaux sont alors tenus de faire évoluer
leur produit. Ce choix s'avère souvent incontournable pour beaucoup d'hôteliers confrontés
à l'arrivée de nouveaux acteurs.
En effet, l'évolution des attentes hôtelières
en province attire de plus en plus des groupes hôteliers qui, jusqu'à
présent, en étaient absents. À ce titre, les positions prises par
les opérateurs internationaux sur les grandes agglomérations françaises
sont révélatrices de la mutation de la clientèle. Désormais,
de plus en plus de grandes métropoles régionales sont des cibles prioritaires
d'implantation. Il devient stratégique pour ces groupes d'être présents
sur les grandes villes telles
que Marseille, Toulouse, Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Nantes, etc.
Soulignons que parallèlement à ces
évolutions, la filière hôtelière (notamment les chaînes)
connaît de profonds bouleversements. Les groupes tendent à se recentrer
sur leur coeur de métier - exploiter des hôtels, gérer des marques,
développer de nouveaux concepts et outils - et délèguent de façon
croissante les activités jugées non stratégiques pour eux. C'est
notamment le cas du financement des projets qui fait de plus en plus appel, même
en province, à des fonds d'investissement ou à des banques privées.
Ces acteurs demandent une rentabilité maximisée de leur investissement.
En réponse à ces exigences, les opérateurs ont une politique de
yield management encore plus poussée.
Ces phénomènes vont vraisemblablement
se poursuivre, et même s'accentuer. L'augmentation du PIB en 2006 et dans
les années qui viennent renforcera encore la dynamique régionale. L'accroissement
du prix moyen s'accompagnera alors d'une hausse de la demande. Au final, le RevPar
de l'hôtellerie de province continuera de progresser. Toutefois, ces augmentations
de RevPar ne seront pas uniformes mais liées aux spécificités locales
(accessibilité, existence de centre de recherche, etc.). Les grandes métropoles
régionales et les territoires proches seront les principaux bénéficiaires
de ce mouvement. En revanche, il est probable que la situation restera délicate
pour les hôtels situés dans des zones rurales ou mal desservies. Ces
produits devront alors miser sur la différenciation tout en s'efforçant
de répondre au mieux aux évolutions des attentes d'une clientèle
toujours plus exigeante.
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L'Hôtellerie Restauration n° 2971 Magazine 6 avril 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE