du 5 octobre 2006 |
PLEINS FEUX |
Des comme lui, il n'y en a plus beaucoup. Après 20 ans passés à la présidence de l'Association des franchisés Ibis (AFI), cet ancien basketteur rebondit à nouveau. Cette fois-ci à la tête de l'Association des franchisés Accor hôtellerie (Afah). Une dévotion au bien de ses confrères - notée de tous - qui ne l'empêche pas de mener ses propres activités.
Claire Cosson
Jean Dalaudière, président de l'Association des franchisés Accor hôtellerie (Afah)
Un 'joueur' collectif
"La perspective d'intégrer une chaîne normée m'a toujours semblé logique." |
Disons-le
tout net ! Il y a une chose que l'on ne peut pas reprocher à Jean Dalaudière
: son 'lancer-franc'. Pardon, son franc-parler. Sa franchise, en somme. Une qualité
qui ne lui vaut pas toujours que des amis. Mais qui, par contre, lui sied comme
un gant lors des réunions de travail avec les éminences grises du groupe
Accor. Ce n'est pas un hasard en effet si ce Roannais, diplômé de l'Essec,
a été choisi l'an passé par ses pairs - présidents des associations
de franchisés de chacune des marques Accor : Paul Blanc (Novotel), Patrick
Jacquier (Sofitel), Salim Nazaraly (Mercure), Henri Philip (Ibis) et Pascal Donat
(Etap Hotel) - pour prendre la tête de l'Association des franchisés Accor
hôtellerie (Afah), représentant quelque 540 affiliés en France,
Belgique et Suisse.
"Jean
n'a pas froid aux yeux. D'autant qu'il maîtrise ses dossiers sur le bout des
doigts. Quand il faut aller au charbon pour les autres, il y va", confie Jacques
Gad, vice-président de l'AFI. Et Didier Gros, ancien d.g. du pôle économique
Accor, devenu membre du réseau Ibis, de préciser : "C'est un remarquable
président ! Il sait distinguer la défense des franchisés de l'intérêt
général que partagent le franchiseur et le franchisé. Avec lui, on
avance." En clair, notre homme n'hésite pas à 'shooter' au moment
opportun, sans jamais malgré tout dépasser les limites qui lui sont imparties.
Normal. Basketteur (ailier) depuis l'âge
de 9 ans à la chorale de Roanne, avec un passage par le PUC (Paris Université
Club), Jean connaît les règles du 'jeu' comme sa poche. Plutôt
que de pratiquer le 'passage en force', il préfère garder ses distances
pour parvenir à marquer un 'panier' à 3 points. En d'autres termes,
faire bouger ses interlocuteurs.
Dévouement aux autres
Une tactique qui apparemment
fait mouche ! En témoigne, par exemple, la relance récente de la communication
des marques Accor et l'annonce du lancement d'une nouvelle enseigne 2 étoiles,
non normée, par le numéro 1 de l'hôtellerie européenne. "Ces
sujets ont été évoqués avec notre franchiseur. Plusieurs confrères
appelaient cette création de leurs voeux. Cette décision répond à
leurs besoins, surtout en France", explique
Jean Dalaudière. Cela ne l'empêche pas pour autant d'ajouter que "les
tuyaux de réservations ne sont - peut-être - pas extensibles à
l'infini. Mieux vaudrait donc que les 1er maillons de ce nouveau réseau
soient des franchisés Accor".
Eh, oui ! C'est plus fort que lui. À chaque
fois qu'on lui fait une 'passe' - en l'occurrence celle de ses collègues qui
expriment leurs craintes -, il la joue collectif. "Jamais Jean ne prêche
pour sa paroisse. Il se dévoue entièrement aux autres et va jusqu'au bout
des choses", confirme Christian Tachon, patron de la franchise Accor France.
Une intégrité et un sens de la dévotion au bien du groupe - notables
et notés de tous - d'autant plus forts que ce féru d'informatique est
passionné par ce qu'il entreprend. "L'hôtellerie est avant tout une
passion. Au même titre que le basket", résume Romaine Lebienvenu,
collaboratrice de Jean depuis presque 18 ans.
Deux passions, en vérité,
dévorantes. Au point que ce fils d'inspecteur des impôts se lève
à 4 heures du matin pour ne pas louper un match de la NBA. Quant à
ses (rares) vacances, Jean en profite - au détour d'une bonne table - pour
étudier la concurrence sous toutes ses 'coutures'.
En 2005, Jean a reçu le ruban d'argent de la franchise pour Ibis. |
Un rêve : avoir sa propre
affaire
Rien pourtant ne prédestinait
cet esprit aigu, impulsif et curieux de tout à endosser le 'maillot' d'hôtelier.
Si ce n'est l'ambition de monter un jour sa propre affaire. "Mon rêve était
de devenir mon propre patron", affirme l'intéressé. Un rêve
qui devient réalité le 1er février 1980 avec l'ouverture
d'un hôtel de 35 chambres à Roanne. Auparavant (années 1960),
Jean a 'taillé' la route et le textile dans des maisons réputées telles que Pierron qui,
jadis, travaillait pour Lacoste. "Doté d'un tigre dans son moteur",
il rejoint ensuite (en 1970) la grande distribution au sein de Cofradel (Suma-Mammouth).
Il y occupe successivement les fonctions de directeur administratif, comptable et
financier.
Puis, arrive la quarantaine ! Et celui-ci - pour
lequel Gérard Pélisson avoue avoir une grande estime, n'hésitant
pas à le qualifier "d'homme dynamique et intelligent" - en a assez
"d'être cadre chez les autres". Ayant séjourné à maintes
reprises dans différents hôtels au cours de sa carrière, il décide
de se lancer dans l'hôtellerie. à fond, bien entendu. Muni d'un 'petit'
capital prêté par ses parents à la suite d'une expropriation,
Jean va jusqu'à céder sa maison pour boucler son projet. "Je voulais
être propriétaire à 100 % de mon hôtel. Financé en
crédit-bail, j'y ai tout investi", raconte notre ancien ailier.
Pas du genre à oeuvrer en solo,
ce communicateur-né choisit d'entrée de jeu de se rallier à un
réseau. "La perspective d'intégrer une chaîne normée m'a
toujours semblé logique. L'union fait la force", confesse-t-il. Les
premières rencontres avec Campanile et Ibis s'avérant négatives,
il signe avec Minimotte. "À l'époque, c'était les balbutiements
de la franchise en hôtellerie", se souvient le président de l'Afah.
Reste que le phénomène va monter en puissance à la vitesse grand
V. Et quand 2 ans plus tard Ibis rachète Minimotte, Jean Dalaudière adopte
sans aucune hésitation (1983) les couleurs de la petite chaîne dirigée
à ce moment-là par Robert Molinari et André Cointet.
Participation active à
l'évolution du réseau Ibis
Commence alors une longue
et étroite collaboration qui conduira cet admirateur des 'grands bâtisseurs'
à assumer la présidence de l'Association des franchisés Ibis (AFI)
pendant plus de 20 ans. Une période qu'il dit riche d'enseignements et d'échanges
tant avec ses confrères qu'avec Accor. De fait, Jean participe activement aux
avancées significatives du groupe et à l'évolution du produit Ibis.
Commission restauration et marketing, remise à plat des contrats de franchise,
réunions de place…, le président de l'AFI assiste à tout.
"Il faut se tenir au courant afin de retransmettre correctement l'information
aux collègues. Cela facilite ensuite le dialogue et la concertation avec le
franchiseur", souligne Jean Dalaudière.
Parallèlement à
cette mission - loin d'être une sinécure -, ce quasi insomniaque à
la mémoire d'éléphant s'implique aussi dans la vie sportive et locale.
Secrétaire général de l'ACNBB (Association des clubs nationaux de
basket-ball), secrétaire élu de la chambre de commerce de Roanne, il est
également président
de la commission tourisme.
Sur le plan professionnel, il 'dribble' pas mal
non plus. "Ses capacités d'analyse et de travail sont impressionnantes",
commente, admiratif, son fils unique, Philippe, directeur général du groupe
familial depuis peu. Trois ans après son premier hôtel, il acquiert ainsi
un deuxième Ibis à Bourg-en-Bresse en association avec des amis investisseurs.
En 1985, il s'implante - toujours avec la même enseigne - à
Saint-Étienne,
puis construit l'Ibis d'Oyonnax en 1989. Homme de terrain, les pieds sur terre,
il affronte en 1992 (comme beaucoup d'hôteliers) le marasme qui frappe le
secteur.
"Quand on a fait le tour
d'un hôtel, on recommence"
Mais fin prêt à
saisir la balle au rebond, il donne une nouvelle impulsion à ses affaires
en 1997. Juste après la création de l'Afah en 1996 avec André Cointet,
Jacques Fayet et Paul Blanc, franchisés historiques du groupe Accor. Jean Dalaudière
reprend un établissement, Fimotel, à proximité de la gare de l'Est,
aujourd'hui transformé en Ibis. Un achat qu'il réalise en partenariat
(50/50) avec Guy Donat (également franchisé d'Accor). L'opération
est suivie dans la foulée (2000) par le rachat d'un autre hôtel indépendant,
situé juste en face de la première adresse parisienne. "On a fait relier
les bâtiments par fibre optique en passant par les égouts de la ville
de Paris", raconte en plaisantant le président de l'Afah.
À l'évidence, rien
n'arrête cette 'fine gueule', intime de grands noms de la cuisine. D'ailleurs
s'il n'a conservé aujourd'hui - pour des raisons essentiellement stratégiques
- 'que' les unités de Roanne et celles de la Ville lumière, Jean n'a bien
sûr pas encore dit son dernier mot en hôtellerie. À 68 ans, il
nourrit de nouveaux projets. D'abord sur Roanne avec un Etap Hotel. Et dans la capitale
aussi. "Sauf qu'à Paris, les prix ont littéralement explosé",
note Jean. Et de poursuivre : "J'ai visité des dizaines d'hôtels dans
des états pitoyables, hors de prix."
Ne
jamais être le maillon faible
N'essayez pas en effet de
piéger Jean Dalaudière en matière de finances ou de rénovations.
Il en connaît un rayon. Son premier Ibis a subi 3 profonds liftings pour afficher
75 chambres contre 35 initialement. "Un hôtel, quand on en a fait le tour,
on recommence", martèle l'intéressé.
Du pain béni pour un franchiseur
dont la notoriété des marques repose en majeure partie sur la régularité
du produit chez ses franchisés. Dans le domaine, pas de doute possible. Les
établissements Dalaudière ne seront jamais les 'maillons faibles'. En
attendant, la défense des intérêts des franchisés prime. Résultat
: ce collectionneur des guides Michelin s'interroge déjà quant
au déploiement de la nouvelle chambre Ibis, baptisée Coquelicot. Tout
comme il attend l'Etap Hotel "de demain".
Son implication dorénavant multi-enseigne
l'amène également à se pencher sur l'avenir de Novotel et de Mercure.
De quoi nourrir de belles nuits blanches. Qu'à cela ne tienne ! 4 heures
de sommeil lui suffisent pour retrouver la "pêche". Un sport qui colle
assez mal à son image, même s'il lui rappelle des souvenirs de son
enfance. À moins qu'il copie James Naismith. En accrochant 2 paniers de pêche
vides et sans fond, sur 2 murs opposés, ce docteur en physique inventa - devinez
quoi ? - le basket-ball.
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CE QU'ILS
DISENT DE LUI
Jacques Gad
(vice-président
AFI) Christian Tachon
(franchise
Accor France)
Patrick Jacquier
(président
des franchisés Sofitel) Didier Gros
(ancien
directeur général du pôle économique Accor, aujourd'hui franchisé
Ibis) |
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L'Hôtellerie Restauration n° 2997 Magazine 5 octobre 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE