du 7 décembre 2006 |
HISTOIRE VRAIE |
L'histoire de Frédéric Morel et de Muriel Meurice n'est pas banale. Après avoir vécu et travaillé en Californie, ils se sont retrouvés piégés par la Convention de La Haye sur les aspects civils de l'enlèvement international d'enfants. Pour prévenir plutôt que guérir, ils ont accepté de nous la raconter.
Nelly Rioux
La Californie, ce n'était pas l'Amérique
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Vous
êtes jeune et vous rêvez de faire carrière en Amérique, et
peut-être plus particulièrement en Californie… Une belle idée
qui peut pourtant se transformer en cauchemar si, une fois sur place, vous pensez
avoir rencontré l'âme soeur que vous épousez et avec laquelle vous
avez des enfants… Lorsque l'on décide de partir vivre quelque temps aux
États-Unis, il est préférable de ne pas le faire n'importe comment.
Mais lorsque l'on suit un compagnon qui est assuré d'avoir un travail bien
rémunéré, on ne se pose pas tellement de questions. Et lorsque 10
ans plus tard, on rentre en conflit avec ce même homme, que l'on a épousé
entre-temps sous le régime américain de la Communauté, les choses
se compliquent sérieusement, surtout si l'on a eu, de surcroît, un enfant…
C'est ce qui est arrivé à
Muriel Meurice qui, parce qu'elle a dû fuir avec ses enfants un pays où
elle n'avait pas de "légitimité", s'est retrouvée "condamnée
à retour immédiat d'enfants" en juin 2005. En vivant à l'étranger,
on est soumis, pour un grand nombre de situations, aux règles de droit international
privé édictées principalement par les Conventions de La Haye. Par
exemple, celles-ci formalisent tout ce qui touche aux procédures civiles :
reconnaissance des divorces, protection des mineurs, adoption internationale et
enlèvement international d'enfants… Rentrée en conflit avec son
mari, Muriel Meurice pensait bien faire en
quittant les États-Unis où elle travaillait depuis 10 ans alors qu'elle
n'avait aucune légitimité pour le faire, et peu de moyens financiers pour
faire face à des procédures juridiques extrêmement onéreuses.
À peine rentrée en France, où elle n'a alors plus aucune identité
(plus de numéro de Sécurité sociale, sans emploi…), son mari
l'assigne pour enlèvement d'enfants. Car - et c'est ce que dit la loi - l'avenir
d'un enfant dépend des lois du pays où il a vécu les 6 derniers mois
de sa vie…
Accusé de ""domestic
violence"
Pour Frédéric
Morel, le cauchemar est d'un autre ordre. Il vit en Californie depuis plus de 7
mois lorsqu'il rencontre une Française qui - mais il ne le sait pas encore - est interdite de séjour. Il a un enfant avec elle et l'épouse. Les relations
du couple se détériorent, et sa femme l'accuse auprès des autorités
locales de "domestic violence". En Californie, un simple appel téléphonique à la police
pour ce type de plainte permet de jeter quelqu'un en prison. Après, pour se
sortir des arcanes judiciaires, il faut être bien conseillé et avoir
d'importants moyens, ce qui n'est pas toujours évident dans un pays étranger.
Alors qu'il se débat dans un imbroglio juridique, son chemin croise celui de
Muriel, et c'est ensemble qu'ils vont entreprendre la reconstruction d'une nouvelle
vie. Tous leurs biens ont été perdus, et après avoir décidé
de rentrer en France, ils repartent, l'un comme l'autre, de zéro. Aujourd'hui,
ils ont retrouvé la sérénité, entourés de leurs 5 enfants.
Ils gèrent ensemble la filiale parisienne de Pointex, l'un des leaders des
systèmes informatiques pour la restauration. La bataille juridique aura duré
3 ans et n'est pas encore terminée puisque Muriel est toujours en attente du
jugement en cassation qui devrait être rendu d'ici à quelques mois,
et Frédéric espère que le jugement pour la garde réclamée
de sa petite Manon lui sera favorable.
n
zzz99
CONFIDENCES MURIEL MEURICE EN TÊTE-À-TÊTE
L'Hôtellerie Restauration
: En quittant l'école hôtelière à 19 ans, vous avez immédiatement
travaillé pour Jean Maillan, une figure de la gastronomie bruxelloise. Qu'est-ce
qui vous a le plus marqué dans cette expérience ? L'H.R. : Vous étiez la copropriétaire et gérante du Miravile.
Quel souvenir en gardez-vous ? L'H.R.
:
En 2004, vous rentrez en France pour fuir l'homme que vous
avez épousé et avec qui vous avez eu une petite fille. Alors que vous
posez le pied dans l'Hexagone, il vous assigne en justice pour enlèvement d'enfants.
Comment cela est-il possible ? Quels conseils pourriez-vous donner aux personnes
qui souhaiteraient partir aux États-Unis pour y poursuivre leur carrière
professionnelle ? L'H.R.
:
Et aujourd'hui, en avez-vous encore ? |
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L'Hôtellerie Restauration n° 3006 Magazine 7 décembre 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE