du 4 janvier 2007 |
ÉDITO |
Urgence : s'adapter
Le très sérieux et très austère 'Centre d'analyse stratégique' qui a succédé à l'ancien 'Commissariat général du Plan', dont le nom évoquait un peu trop, sans doute, l'économie planifiée de l'Europe orientale, vient de publier une fort instructive étude prospective sur l'emploi à l'horizon 2015.
Certes, la prévision, on le sait, est loin d'être une science exacte malgré les progrès de la modélisation mathématique et la puissance de calcul des ordinateurs contemporains. Mais comme il faut bien se référer à quelque chose de concret, le rapport intitulé 'Panorama des métiers en 2015' mérite toute votre attention.
Bien sûr, les observateurs toujours en quête de balises pour l'avenir n'ont pas manqué de souligner les perspectives très favorables de l'évolution de l'emploi dans les services, évolution qui confirme la 'tertiarisation' de l'économie. Certes, on s'en doutait, dans un pays où les agriculteurs sont en voie de disparition, où les industries se délocalisent sans état d'âme loin des 35 heures et d'un Code du travail obsolète et stérilisant, il ne reste d'autre voie que la multiplication des emplois dits 'en col blanc', aux deux extrémités de l'échelle professionnelle : emplois peu qualifiés dans les services à la personne, la santé, la manutention d'un côté, développement des fonctions juridiques, commerciales, financières dans les entreprises et les administrations de l'autre.
Et au milieu ? Le rapport évoque sans ambiguïté
les secteurs qui vont connaître de fortes diminutions d'effectifs, puisqu'en
2015, auront disparu 84 000 emplois de secrétaires, 56 000 emplois de maraîchers
et de jardiniers, 47 000 agriculteurs et… 25 000 patrons de cafés,
hôtels, restaurants. Bien sûr, il serait facile, et pour tout dire,
réconfortant de considérer que les fonctionnaires
du Centre d'analyse
stratégique ont beau jeu de raconter
un avenir dont ils ne savent finalement pas grand-chose.
Les
plus méfiants observeront que la 'patronne' dudit
Centre fut naguère
directrice de cabinet de Gérard Larcher, ministre du Travail, dont on sait
l'estime dans laquelle
il tient la profession de l'hôtellerie-restauration.
Il n'empêche : cette information passée inaperçue
des médias grand public ne saurait laisser indifférent l'ensemble
de la profession. 25 000 morts en 8 ans, c'est environ 14 % de la population
des patrons du métier qui
est en cause. Difficile de ne pas songer
que c'est forcément le concurrent le plus proche qui va faire les frais de
l'évolution. Attention, danger : c'est justement l'adaptabilité
à des situations nouvelles de plus en plus complexes, la réactivité
aux exigences imprévisibles de consommateurs de plus en plus difficiles à
satisfaire qui feront la différence. Il ne faudra pas se contenter de chanter
: "I will survive." zzz80
L.
H.
Vos questions et vos remarques : Rejoignez le Forum des Blogs des Experts
L'Hôtellerie Restauration n° 3010 Hebdo 4 janvier 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE