du 15 février 2007 |
EXPATRIATION |
TRAVAILLER EN SUISSE ET RÉSIDER EN FRANCE
Mythes et réalités de l'eldorado de Genève
Les accords bilatéraux permettent la libre circulation entre la Suisse et l'Union européenne : 50 000 de nos compatriotes vivent en France et travaillent à Genève pour un salaire attractif.
Symbole de la ville de Genève, le siège de l'ONU compte de nombreuses délégations qui déjeunent souvent au Vieux Bois, le restaurant d'application de l'EHG. |
Douanes de Moillesulaz, embouteillages matinaux : des milliers de frontaliers arrivent à Genève après 1 heure de route pour moins de 40 km parcourus. En Suisse, si l'on gagne plus, temps de travail, dépenses et trajets sont proportionnels. Un mode de vie que de nombreux Français employés dans l'hôtellerie pratiquent au quotidien.
Flexibles et libres de suite
Le recrutement de frontaliers
augmente chaque année : 12,6 % de croissance en 2006 (1), pour satisfaire la
vigueur retrouvée de l'économie helvète, qui affiche une baisse record
du taux de chômage. L'hôtellerie suisse représente 5,4 milliards
d'euros, 250 000 emplois et manque de collaborateurs qualifiés : selon une
l'étude Manpower sur les Perspectives d'emploi (2), plus de 50 % des entreprises
suisses éprouvent des difficultés à recruter le personnel adéquat.
Un constat que confirment les recruteurs de la place genevoise. Patrick Lurati,
qui dirige la 1re agence romande de placement spécialisée dans
l'hôtellerie, affirme que 80 % de ses 1 400 collaborateurs sont français
: "On nous réclame des jeunes de moins de 40 ans, flexibles, peu chers,
libres de suite, présentant bien. Nos clients sont surtout les 5 étoiles
luxe, pour une demande non plus saisonnière mais répartie sur l'année.
L'intérim est devenu un outil pour pallier le manque permanent de personnel.
Le gros du volume se fait sur l'intendance et la salle, avec une demande croissante
en housekeeping." Et qui postule en Suisse trouve à travailler : les
Français occupent des postes que refusent souvent les Suisses, habitués
aux carrières considérées plus nobles et mieux rémunérées,
comme la finance. Le personnel hôtelier de Genève s'en trouve majoritairement
français, issu des régions lémaniques comme du reste de l'Hexagone.
Jean-François Besson, secrétaire général du Groupement transfrontalier
européen, constate l'attirance qu'exerce le bassin genevois : "La région
devient transfrontalière : nous sommes la banlieue de cette cité phare qu'est Genève où le travail à
pourvoir attire des gens des 4 coins de France. Se loger et s'acclimater à
la région reste difficile pour eux. La crise du logement les pousse à
s'installer toujours plus loin et les trajets deviennent parisiens. Un fait à
prendre en considération car le coût du transport plombe vite un budget."
Sans compter le surcoût d'une mutuelle complémentaire et d'une prise
en charge individuelle de la retraite. Mais être frontalier procure également
un cadre de vie hors normes : l'environnement très prisé du lac et de
la montagne fait flamber l'immobilier. Le prix de la pierre aux alentours d'Annemasse
et de Thonon-les-Bains dépasse parfois les 4 000 E/m2.
Sentiment anti-français
Pour les Français,
les accords bilatéraux (3) restent du pain béni : selon Laurent Terlinchamp,
président de la Société des Cafetiers, Hôteliers et Restaurateurs
de Genève, les accords bilatéraux ont permis l'embauche de nouveaux salariés
comme la régularisation des 'sans-permis' : "Ces accords permettent de recruter
à temps partiel et d'obtenir les permis en 3 jours. On manque toujours autant
de personnel, mais on peut piocher plus facilement dans le bassin de collaborateurs
frontaliers." Ce que confirme Patrick Lurati : "Un bon candidat peut désormais
travailler en Suisse. Des postes que pourraient occuper nos compatriotes." Cette
rumeur a la vie dure : les frontaliers voleraient leurs emplois aux Suisses. Pourtant,
aucun lien mécanique ne s'établit entre chômage des Suisses et recrutement
des frontaliers qui, loin de se substituer aux Genevois, occuperaient des niches
où la main-d'oeuvre helvète est plutôt rare. Le sentiment anti-français
n'en demeure pas moins latent. Alain Marguet, président de l'Amicale des frontaliers,
admet que les Suisses choisissent la préférence nationale bien que la
loi l'interdise : "Helvètes et Français sont unis par un même
destin : chaque famille compte au moins un travailleur frontalier des deux côtés
de la frontière, et notre main-d'oeuvre a sa place en Suisse." Toujours
plus de Suisses font le trajet inverse et s'installent en France, où l'immobilier
reste plus abordable qu'à Genève. La région lémanique deviendrait-elle
une grande agglomération franco-helvétique ?
Gaëlle
Girard-Marchandise
zzz99
(1) Source : Office cantonal de la statistique suisse
(OCStat). www.geneve.ch/statistique
(2) Étude Manpower sur les Perspectives d'emploi.
www.manpower.com
(3) Les accords bilatéraux ont été signés
en 1999 et appliqués le 1er juin 2002.
www.accords-bilateraux.ch
Bio express :
Jérôme
Bastié, maître
d'hôtel au Beef Club Mövenpick
Jérôme
Bastié, 15 ans d'expérience, travaille à Genève depuis 1998.
Il habite à Douvaine (74). |
Questions à
Alain
Brunier, directeur de l'école
hôtelière de Genève
L'Hôtellerie
Restauration : Les conventions
bilatérales favorisent-elles la sous enchère des salaires lors de recrutements
de Français ? Habiter en France et travailler à Genève est-il
un avantage pour les Français ? |
L'emploi à l'international Sur www.lhotellerie.com informez-vous sur d'autres destinations (Londres, New York, Madrid, Dublin…). Pour cela, c'est très simple : sur la page d'accueil de www.lhotellerie.com il suffit de cliquer sur la rubrique 'Profitez de conseils pratiques pour travailler à l'étranger", puis sur le drapeau qui vous intéresse. |
Complément d'article 3016p38
Coordonnées des établissements et organismes
cités • Mandarin Oriental
Hôtel du Rhône : Quai Turretini 1, Genève - Tél : + 41 (0) 22 909 0000.
www.mandarinoriental.com |
Genève en bref Langues officielles: français, allemand, italien, romanche Monnaie : Franc suisse (CHF). 1 E = 1,61 CHF Population : 457 000 habitants. 1 actif sur 2 à Genève est étranger. |
4 Témoignages
Emilie Jurain, assistante Gouvernante Générale au Four Seasons Hôtel des Bergues. Habite à Douvaine (74) et travaille à Genève depuis 2003
Mon CV : Ecole Hôtelière de
Besançon/Hôtel de Paris Monaco/Carlton Londres/Beaux Rivages Genève/Four
Seasons Genève. 4 ans d’expérience. Loïc Esteven, manager conference et banquets au Mandarin Oriental Hôtel du Rhône. Habite à Annemasse (74) et travaille à Genève depuis 2000
Mon CV : BTS hôtellerie à Marseille/ Hilton Paris CDG/Hilton Genève/ Mandarin Oriental Genève. Mes conditions de travail : 5800CHF brut, horaires à rallonge. Mon avis : Il me faudrait vraiment manquer de chance pour retourner travailler en France ! Les avantages sont énormes : Genève est un village, le cadre de vie somptueux. Seul problème : on peut vite se faire remercier, le droit du travail suisse étant très souple à ce niveau. Mon conseil : Attention à ne pas prendre vite goût à la facilité d’un très bon salaire. Il est bon de voyager avant de s’installer : faites vos armes ailleurs ! Sébastien Gerval, maître d’hôtel formateur au Vieux Bois (restaurant d’application) de l’EHG. Habite à Thonon (74)
Mon CV : Ecole Jean Carré/Ritz
Paris/Hilton Suffren/Hilton Genève/EHG Catherine Gasparini, sommelière au Neptune, restaurant gastronomique du Mandarin Oriental Hôtel du Rhône. Habite Chevry (01)
Mon CV : Ecole hôtelière de
Vesoul/Château Divonne/Mandarin Oriental Hôtel du Rhône Genève. 8ans
d’expérience. |
Conditions d’emploi et adresses utiles pour s’informer sur la sécurité sociale, et la fiscalité en Suisse : cliquez ici
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L'Hôtellerie Restauration n° 3016 Hebdo 15 février 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE