du 8 mars 2007 |
VIE PROFESSIONNELLE |
SAINT-ANDRÉ (81)
Le seul café où l’absence de clientèle enrichit le patron
L’histoire d’un bar qui est sans doute le seul bar en Europe et certainement dans le monde qui n’a pas à se préoccuper de la TVA !
C’est dans un petit village du Tarn à 30 km
d’Albi, à Saint-André, qu’habitent Jacques et Jo, deux personnages hors du
commun. En entrant dans leur maison, on se croirait presque dans la caverne d’Ali
baba
où se trouvent des souvenirs du monde entier. Des oignons notamment pendent au
plafond sans parler de tous ces tableaux qui habillent les murs. Le seul café où
l’absence de clientèle enrichit le patron. Ces anciens restaurateurs ont fait
leur carrière dans l’hôtellerie à Toulouse. Cela fait maintenant 8 ans qu’ils
sont à la retraite, et pourtant l’activité continue, mais différemment.
L’idée est venue d’une coïncidence : un couple de randonneurs arrive dans ce
petit village de 5 habitants, surpris de voir une terrasse très accueillante
avec des parasols rouges dans ce petit lieu quasi-désert. Ils s’installent
confortablement après une dure journée et plusieurs kilomètres dans les jambes.
Après l’effort, le réconfort, ils consomment sans limites. Au moment de partir,
ils demandent l’addition à Jacques, et celui-ci répond : “Ici c’est gratuit,
vous êtes chez moi.”
Les randonneurs n’en reviennent pas et sont partagés entre la gêne et la
reconnaissance. Ils se rappelleront l’accueil unique qu’ils ont reçu à
Saint-André. En guise de reconnaissance, les randonneurs demandent au couple ce
qui leur ferait plaisir, Jacques les regarde droit dans les yeux et leur dit :
“Vous voulez vraiment me faire plaisir ? Eh bien, revenez !” Le lendemain,
Jacques et Jo aménagent une terrasse plus grande. Entre eux, un seul regard
suffit, ils étaient d’accord pour que leur maison devienne un lieu pour tous.
Un endroit où tout le monde est le bienvenu
Jacques et Jo vous ouvrent leur porte, leur cœur, et leurs oreilles. Car chez
eux, c’est un lieu où les gens se rencontrent et où l’on vient raconter ses
malheurs, ce couple au service des autres se rend toujours disponible. C’est une
manière de se sentir utiles, mais mis à part quelques rares profiteurs, ils
reçoivent également en retour des classeurs entiers remplis de mots, de poèmes
pour les remercier d’être ce qu’ils sont : la générosité incarnée ! Les
visiteurs leur offrent également des cadeaux du monde entier, car des gens de
toutes les nationalités se sont assis à la terrasse du seul faux café de
Saint-André.
En juillet, Jacques et Jo nous avouent qu’ils reçoivent en moyenne 40 personnes
par jour : des touristes, des voisins, des randonneurs. Il faut également
souligner qu’ils organisent une fête tous les ans en juillet : un champ se
transforme alors en boîte de nuit et ils accueillent en moyenne - accrochez-vous
- 800 personnes !
Si l’on veut donner un sens à cette généreuse initiative, il faut comprendre que
Jacques et Jo ont toujours vécu dans ce milieu des CHR, dont il est difficile de
s’extraire lorsque l’on a fait ce métier avec foi, comme c’est leur cas. Ils
continuent leur mission… Vous croyez avoir tout vu ? Et bien non, vous ne les
avez pas rencontrés !
Virginie Bosc zzz22v 019q14
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L'Hôtellerie Restauration n° 3019 Hebdo 8 mars 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE