du 8 mars 2007 |
ÉDITO |
Prix d'excellence
La
semaine prochaine, la rive française du lac Léman va vivre au rythme
du concours le plus prestigieux, celui qu'on nomme par facilité de langage
"le MOF".
Juste un rappel rapide afin de mesurer l'enjeu d'aujourd'hui pour
une manifestation lancée dès 1913, et qui connut ses premières épreuves
en 1924, sous l'égide du ministère de l'Éducation nationale à
qui incombe depuis la charge d'organiser pour plus de 200 métiers le concours
de 'Un des Meilleurs ouvriers de France'.
À l'heure où le virtuel semble parfois dominer abusivement
toute activité humaine (internet ne fait pas encore la cuisine…), il
est bon que notre pays accorde à l'esprit de création la place éminente
qui lui est due.
C'est pourquoi l'organisation, les 14 et 15 mars, du fameux
MOF pour les professions de l'hôtellerie-restauration mérite une attention
toute particulière. D'ailleurs, c'est déjà l'effervescence,
tant au lycée hôtelier de Thonon qu'à l'Hôtel Royal à
Évian qui se partagent l'honneur d'accueillir, cette année dans 4 spécialités,
la cuisine, bien sûr, le service en salle et la sommellerie auxquels se joint
pour la première fois le métier de gouvernante.
Plus d'une soixantaine de candidats, dont plus de la moitié
en cuisine, vont affronter pendant 2 jours des épreuves difficiles dont ils
connaissent les thèmes depuis quelques semaines. À titre d'exemple,
les chefs devront réaliser une Tarte de noix de Saint-Jacques, un Lapin comme
un lièvre à la royale et des Ravioles de crêpes aux clémentines.
Côté gouvernantes, un sujet inattendu et donc difficile : l'oreiller…
Comme le soulignait Jacques Maximin, président du jury
national de l'option cuisine, dans nos colonnes le 23 février dernier, "le
MOF, ce n'est pas pour les bébés cuisiniers".
Et il aurait pu
ajouter : pas davantage pour les maîtres d'hôtel débutants, les
apprentis sommeliers ou les gouvernantes en herbe.
Pour les candidats qui décrocheront le précieux diplôme,
c'est à la fois la reconnaissance d'une excellence dans le savoir-faire et
de belles perspectives professionnelles sur un marché du travail extrêmement
concurrentiel où les meilleurs éléments sont particulièrement
sollicités en France comme à l'étranger. Un sommelier devenu Un
des Meilleur ouvrier de France n'aura aucun mal à valoriser ses compétences
à Londres, à New York ou à Dubaï.
On a cru bon, après Mai 68, de passer le karcher sur les
meilleures traditions de l'enseignement, notamment en supprimant la fameuse distribution
des prix. On a, en même temps, dévalorisé le mérite, l'effort, l'esprit de
sacrifice (plus facile de regarder un match de foot à la télé que de traduire 3
pages d'Eschyle) qui étaient récompensés publiquement. Le MOF, Dieu merci, a
échappé au massacre, et il ne viendrait aujourd'hui à l'esprit de personne de
remettre en cause son immense valeur.
L.
H. zzz80
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L'Hôtellerie Restauration n° 3019 Hebdo 8 mars 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE