du 22 mars 2007 |
L'ÉVÉNEMENT |
LE MOF CUISINE DE PLUS EN PLUS SÉLECTIF
9 CUISINIERS DÉCROCHENT LE COL TRICOLORE
Thonon-les-Bains (74) 33 finalistes super entraînés et motivés étaient dans les starting-blocks au lycée de Thonon-les-Bains. Après 5 h 30 intenses où ils ont donné le meilleur, ils sont finalement 9 à arborer le col bleu-blanc-rouge. 9 dont Andrée Rosier, la première femme MOF.
La nouvelle promotion de MOF a enfilé la veste au col bleu-blanc-rouge. |
En 2000, 18 chefs obtenaient le titre envié de MOF. En 2004, ils sont 24. En 2007, ils ne sont plus que 9. "Je n'ai fait que suivre les instructions d'Alain Ducasse (président de l'option cuisine) de resserrer les boulons et de ne pas faire trop difficile non plus. Tout le monde est content et on a réussi à sortir 9 cuisiniers exceptionnels", dit Jacques Maximin à l'issue de l'annonce des résultats. Il y a un mois, le président du jury national avait prévenu : "Ce n'est pas un concours pour bébés cuisiniers." Les candidats peuvent en témoigner. "C'était très dur, confie François Adamski, MOF 2007 et Bocuse d'or. C'est beaucoup de travail en amont, beaucoup de stress et aujourd'hui, c'est un pur bonheur ! C'est un concours pour lequel il faut être affûté et être prêt. J'en rêvais depuis que j'ai commencé la cuisine au lycée du Touquet. Monsieur Mompach m'a mis sur le chemin et j'ai suivi ses conseils. Ce titre, c'est un état d'esprit et une transmission, et je vais continuer à transmettre aux jeunes. Je suis heureux ! Je voudrais dire aussi que j'ai une pensée pour Amandine (Aspart, Le Bristol à Paris, finaliste) qui était mon commis pour le Bocuse d'or. Le titre de MOF, je suis sûr qu'elle l'aura", ajoute le jeune chef. Pour Régis Marcon, les finalistes malheureux sont aussi 'gagnants'. "J'ai moi-même vécu 3 finales et 3 échecs, raconte le chef 3 étoiles. J'ai fait 22 concours en tout et j'ai connu beaucoup d'échecs, mais ça m'a construit. Ça m'a permis de préparer le Bocuse d'or qui m'a fait connaître. Le fait de participer, c'est important !"
Parmi les membre du jury : Régis Marcon, Christophe Quantin et Alain Ducasse. |
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Un
nouveau système de notation
Les 33 finalistes avaient
5 h 30 pour envoyer 3 plats : Tarte de noix de Saint-Jacques fraîches à
la nantaise (entrée), Jeune lapin
farci comme un lièvre à la royale (plat) et Ravioles de crêpes
aux clémentines (dessert). Le premier plat au bout de 4 heures, le second,
4 h 30 et le dernier après 5 heures de travail. "Dans les 15 dernières
minutes, on voit les visages qui changent. Le jeu s'intensifie, tout s'accélère,
même chez les plus calmes. Le visage passe du blanc au rouge vif et ce n'est
pas à cause de la chaleur, mais bien de la pression. C'est comme les dernières
minutes d'un match de foot", raconte Jacques Maximin. Le jury, composé
de 34 chefs, est divisé entre la notation en cuisine et en dégustation.
"On avait 3 jurys différents en dégustation. Un pour chaque plat. Pendant
ces deux jours, on a eu un silence de cathédrale. On voyait que les membres
du jury voulaient aller dans le détail pour la notation et faire ressortir
les meilleurs. J'ai vécu un grand moment", dit Michel Roth, président
délégué de l'option cuisine. "On a complètement changé
le système de notation dans un souci de transparence, explique Christophe
Quantin, professeur au lycée hôtelier de Blois et membre de l'organisation
du concours. Les jurés ont une grille d'évaluation
avec des critères qu'ils doivent juger. Mais ils n'ont pas les coefficients
attribués à chaque critère, donc ils ne
connaissent
pas le poids de la note qu'ils donnent. Et on a eu un jury parfaitement serein."
Un jury Pierre Gagnaire, Jacques le Divellec, Jean-Pierre Biffi, Philippe Girardon,
Alain Llorca, Patrick Jeffroy, Guy Legay, Claude Legras, Jacques Décoret, Jean
Bardet, Yves Thuriès… "On a eu un jury varié (50 % de MOF), représentatif
des différentes identités de la cuisine d'aujourd'hui et efficace",
se réjouit Alain Ducasse, auquel Paul Bocuse a passé le relais à
la tête du concours. Sérénité, transparence, diversité,
prestige préservé avec un nombre restreint de lauréats, le concours
des MOF veut assurer son avenir, et pour Alain Ducasse, il doit servir la promotion
du métier. "Paul Bocuse et Joël Robuchon ont montré l'image du
MOF cuisine et lui ont donné une visibilité qui lui a permis de se médiatiser.
Ce concours doit être un outil pour parler encore mieux de nos métiers."
À Thonon, chaque finaliste avait 2 commis, l'un niveau BTS, l'autre niveau
BTN. Des jeunes aux premières loges pour vivre auprès du chef de haut
vol ces 5 h 30 où tout se joue. Ils ont fait un travail formidable reconnu
par les candidats. "Mes commis, je leur ai dit : 'Je veux le col, soyez au meilleur
de vous-mêmes.' Ils ont écouté et travaillé. On a passé
5 heures fabuleuses", témoigne François Adamski. C'est aussi la
promotion du métier. Auprès du grand public également, pour lequel
les médias ont relayé les résultats. "Nous avons 9 MOF, Ils sont
jeunes, ils ont du talent et ils ont beaucoup travaillé. Ce palmarès,
c'est un bon scan de la diversité de la cuisine de notre pays. Je suis très
content ! Et la première femme MOF, c'est une excellente nouvelle !", conclut
Alain Ducasse qui a gagné son pari médiatique.
Nadine
Lemoine zzz14
MOF
: tous les 3 ans L'Éducation
Nationale, le Comité d'organisation des expositions du travail et les professionnels
se donnent la main pour organiser tous les 3 ans le concours Un des meilleurs ouvriers
de France. |
Andrée
Rosier, la première femme MOF
"C'est une grande fierté !, dit Andrée Rosier, 28 ans, rayonnante, en poste à l'Hôtel du Palais à Biarritz. Depuis mes 20 ans, j'avais dans la tête de devenir la première femme MOF. J'y suis arrivée. C'est magnifique ! J'ai eu beaucoup de monde derrière moi. Mon chef, Monsieur Gauthier, qui m'a entraîné. Je lui dois tout ; mon mari, cuisinier aussi, avec qui je travaille et qui m'a toujours poussée… Je remercie tous ceux qui m'ont soutenue. Mon message pour les jeunes femmes ? Il faut y aller, ne pas avoir peur du travail, car au bout il y a un énorme cadeau. C'est beau de rechercher la perfection, d'apprendre tous les jours. C'est ça qui est beau dans ce métier, on apprend tous les jours." |
Le palmarès
Alsace : Olivier Nasti (Le Chambard, à Kaysersberg) |
Quelques
chiffres
568 candidats inscrits au XXIIIe
concours Un des Meilleurs ouvriers de France 2006-2007. |
Au lycée hôtelier de Thonon, "L'immense fierté" de Gérard Rebière, proviseur
Retrouvez les vidéos du MOF 2007
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