du 22 mars 2007 |
JURIDIQUE |
LA LOI DE SAUVEGARDE DES ENTREPRISES
ENTREPRISES EN DIFFICULTÉ : QUELLES SANCTIONS POUR LE DIRIGEANT ?
Le redressement ou la liquidation judiciaire d'une entreprise est en principe sans incidence sur le sort du dirigeant, à moins que ce dernier n'ait commis une faute. 3 types de sanctions peuvent alors le frapper. La loi de sauvegarde du 26 juillet 2005 supprime l'ouverture d'une procédure collective personnelle mais crée une nouvelle sanction : l'obligation aux dettes sociales.
Dans la procédure de sauvegarde, créée par la loi du 26 juillet 2005, une véritable immunité civile et pénale est inscrite, permettant ainsi au dirigeant de n'encourir strictement aucune sanction personnelle, et de bénéficier d'une protection en tant que garant des dettes de l'entreprise.
Sanctions professionnelles
La faillite personnelle
emporte interdiction pour le dirigeant de diriger, de gérer, d'administrer
ou de contrôler toute personne morale.
Le dirigeant détenant des
droits sociaux ne peut plus voter dans les assemblées de la personne morale
en redressement ou en liquidation judiciaire.
Une incapacité d'exercer une fonction
publique élective peut également être prononcée à l'encontre
du dirigeant.
Sanctions patrimoniales
Le comblement du passif
d'une personne morale suppose désormais soit sa liquidation judiciaire, soit
la résolution du plan de sauvegarde ou de redressement judiciaire.
Lorsqu'une insuffisance d'actif
apparaît, le tribunal peut, en cas de faute de gestion, décider que les
dettes seront supportées par le dirigeant.
Commet une faute de gestion notamment
le dirigeant qui a disposé des biens de la personne morale comme des siens
propres.
Ainsi la réalisation de travaux
dans un immeuble personnel aux frais de la société constitue une telle
faute.
L'obligation aux dettes sociales est
une innovation importante du régime des sanctions applicables au dirigeant
d'une personne morale mise en liquidation judiciaire.
Cette obligation a pour but de mettre
à la charge du dirigeant le passif de la personne morale.
La faute retenue ici n'est pas une
faute de gestion ayant contribué à l'insuffisance d'actifs, mais une
faute ayant contribué à la cessation des paiements.
Comme telle peut être retenue
notamment le fait pour un dirigeant d'avoir favorisé une autre personne morale
ou entreprise dans laquelle il était intéressé.
Cette obligation aux dettes sociales
peut n'être que partielle et être répartie entre plusieurs dirigeants
responsables en fonction de leur faute, sauf en cas de responsabilité solidaire.
Sanctions pénales
La banqueroute demeure la
principale infraction en matière de procédure collective concernant les
dirigeants.
La tenue d'une comptabilité
fictive est une illustration d'un cas de banqueroute.
Elle
suppose l'ouverture d'une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire.
Cette sanction est exclue dans la procédure de sauvegarde.
Les dirigeants s'exposent ainsi à une peine
de prison et à une amende, mais également à l'interdiction des
droits civiques, civils et de famille, entre autres.
En outre, le dirigeant coupable de
banqueroute peut faire l'objet de la faillite personnelle ou d'une mesure d'interdiction
de gérer.
La loi ne veut pas sanctionner
les dirigeants honnêtes
La loi de sauvegarde veut
mettre fin à l'idée reçue du dirigeant malhonnête.
En effet, ce dernier n'est pas
maître de la conjoncture économique. Aussi n'est-il pas forcément
responsable de l'ouverture d'une procédure collective à l'encontre de
son entreprise.
Toutefois, s'il est à l'origine
de l'ouverture d'une procédure collective à l'encontre de son entreprise
par la commission d'actes fautifs ou présumés comme tels, il sera logiquement
sanctionné.
Quelle faute du dirigeant
peut mener à prendre une telle sanction à son encontre ?
La poursuite abusive d'une
exploitation déficitaire, qui ne pouvait conduire qu'à la cessation
des paiements, constitue une faute qui peut être sanctionnée par une
faillite personnelle.
Ainsi le dirigeant qui s'acharne
à poursuivre l'exploitation de son hôtel alors qu'il est de notoriété
publique que la région est touristiquement sinistrée et que la clientèle
diminue de jour en jour commet une faute qui peut être sanctionnée.
Une mesure d'interdiction de gérer
peut également être prononcée.
La faillite personnelle ou l'interdiction
de gérer ne sont pas encourues dans la procédure de sauvegarde, mais exclusivement
s'il y a redressement ou liquidation judiciaire.
Le dirigeant peut demander à être relevé de ses sanctions s'il participe
significativement au comblement du passif ou s'il apporte des garanties sur sa
capacité à gérer.
Céline
Lugagne-Delpon, avocat à la cour
(lugagne.delpon@wanadoo.fr)
zzz66d GE0607
Complément d'article 3021p14
En cas de liquidation judiciaire : quelles sanctions financières
peuvent être mises à la charge du dirigeant ?
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