du 11 octobre 2007 |
ÉDITO |
Mauvaise foi
Bien
sûr, il n'y a pas eu d'effet d'annonce. On n'a pas entendu un porte-parole
de l'Élysée, souvent prompt à commenter tout et rien,
expliquer le pourquoi de la limitation des aides à la profession aux entreprises
de 30 salariés dans le projet de loi de Finances pour 2008.
Certes, les auteurs de ce texte auraient bien évidemment
souhaité que l'article 56 n'attire l'attention de quiconque et soit donc adopté
sans contestation aucune. Comment donc… Mais il y va quand même des
engagements pris par les gouvernements successifs de MM. Raffarin et de
Villepin, engagements en partie élaborés et entérinés par
le ministre des Finances de l'époque devenu, depuis, locataire de l'Élysée.
L'amertume des représentants de la profession est d'autant
plus vive que l'ensemble du secteur a tenu ses promesses en augmentant substantiellement
les salaires, en modernisant la convention collective pour aboutir à
un accord au début de cette année, et en créant plusieurs dizaines
de milliers d'emplois.
D'autant que la limitation des aides aux professionnels employant
moins de 30 salariés pénalise fortement les entreprises qui se développent,
investissent, recrutent, tout en créant de redoutables et injustifiables distorsions
de concurrence au sein même du métier. Or, comme le souligne avec force
André Daguin, "on ne veut pas être coupés en deux, car
chaque fois que l'on malmène un gros, cela rejaillit à terme sur les
petits établissements".
Grande est également la stupéfaction dans les autres
syndicats, qui s'étonnent d'un projet qui va à l'encontre, selon Didier
Chenet, "de la promesse du gouvernement de tout mettre en oeuvre pour favoriser
l'emploi et le pouvoir d'achat dans les entreprises de main-d'oeuvre". Ce
"coup de poignard", on s'en doute, est également très mal vécu par
les représentants de la restauration à thème de chaîne et
par ceux de la restauration rapide, dont les entreprises sont de fortes créatrices
d'emplois, et donc particulièrement pénalisées par la réduction
des aides prévues en 2008, dont le montant global est réduit de 700 à
555 millions d'euros.
La déception est d'autant plus vive que les explications
fournies par Mme la ministre de l'Économie ne sont pas vraiment
convaincantes : comme d'habitude, ce n'est pas la décision du gouvernement français
qui est en cause, mais l'attitude de la trop commode Commission de Bruxelles qui
se serait, en l'espèce, montrée fort peu accommodante, en "ayant fait
comprendre" (au fait, comment ?) à Bercy que l'aide ne pourrait être
pérennisée qu'en étant plafonnée à 30 salariés par
entreprise sans dépasser 200 000 euros sur trois ans.
Comme il s'agit d'une remise en cause d'un dispositif dans lequel
l'actuel chef de l'État s'est particulièrement impliqué, André
Daguin a fait savoir qu'il espère bien que Nicolas Sarkozy acceptera de se
rendre au prochain congrès de l'Umih pour rassurer un public qu'il
avait su si bien galvaniser l'an dernier à Marseille. Pendant la campagne des
présidentielles.
L.
H. zzz80
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