du 6 décembre 2007 |
ÉDITO |
Aubergiste
Est-ce
une coïncidence ? Un mot tombé en désuétude revient en force
dans la profession depuis quelques jours : 'l'aubergiste' lancé à
la fois par Régis Bulot dans l'annonce de son projet des Auberges et Bistrots
de France, et par Jaume Tàpies
au congrès des Relais & Châteaux à Washington la semaine
dernière qui provoqua quelque peu son auditoire en incitant ses ouailles à
"garder l'âme d'un aubergiste". Diantre, de Régis Bulot qui dirigea
'la plus belle chaîne du monde' pendant dix-huit ans à son successeur
animé d'idées nouvelles et de techniques de communication, comment expliquer
ce retour à 'l'auberge' alors que de leur côté, en organisant
un premier congrès international, les Logis de France se lancent également
dans la mise en valeur des vertus de la petite hôtellerie traditionnelle ?
Certes, le retour aux valeurs éternelles du terroir, de la simplicité,
de la nature correspondent à une époque de remise en cause des méfaits
de la société industrielle qui a tant apporté à notre confort
quotidien.
Gageons que l'emploi du terme 'auberge' méritera toute fois
une actualisation maîtrisée par rapport à la définition du
Petit Robert qui précise : "Maison très simple, généralement
à la campagne, où l'on trouve à loger et à manger en payant."
Pas vraiment le modèle des établissements réunis à Washington,
où se trouvaient les maisons les plus prestigieuses de la planète.
Au-delà de la symbolique, c'est très certainement
un retour salutaire vers un peu plus de convivialité, de chaleur humaine et
pour tout dire, un supplément d'âme que les clients recherchent après
des décennies d'industrialisation hôtelière. Il est vrai que de
bas en haut de la gamme, la montée en puissance des groupes hôteliers
dont le sens de l'accueil personnalisé ne fut pas vraiment la préoccupation
fondamentale, y compris dans l'hôtellerie dite de luxe (il suffit d'observer
le traitement réservé à la clientèle dans un 'gros-porteur')
avait très fortement distendu le lien entre hébergement et métiers
d'accueil.
Les uns et les autres ont certes réagi face à l'opinion
de leurs habitués qui n'hésitaient plus, ces dernières années,
à exprimer leur désabusement en expliquant que fréquenter les hôtels
et les restaurants relevait davantage de la corvée que de l'agrément.
Ce retour à la notion, modernisée, bien sûr, et valorisée,
de 'l'aubergiste' est un signe des temps à ne pas négliger. Loger
et faire à manger, comme le dit le Petit Robert dans son langage désuet,
mais avec cette cordialité et cette simplicité dont nous avons tous besoin.
Toujours à Washington, Colin Powell, ancien secrétaire
d'État de George. W. Bush, a fait un triomphe devant les congressistes des
Relais & Châteaux, sans oublier de conclure que pour un grand voyageur
comme lui, habitué des meilleurs palaces de la planète, la première
chose qu'il attend en arrivant à l'hôtel, c'est… la simplicité.
L.
H. zzz80
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L'Hôtellerie Restauration n° 3058 Hebdo 6 décembre 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE