du 20 décembre 2007 |
ÉDITO |
Vers une guerre du tabac ?
Roselyne
Bachelot, notre flamboyante ministre de la Santé plus connue pour ses tenues
colorées et ses réparties parfois inattendues que pour son sens aigu de
la nuance et de la diplomatie, vient de sonner la charge à la veille de l'entrée
en application du décret sur l'interdiction de fumer dans tous les établissements
accueillant du public.
En tant que professionnels dûment informés (le numéro
de L'Hôtellerie Restauration
de cette semaine vous rappelle d'ailleurs les grandes lignes du dispositif qui entre
en vigueur le 1er janvier), vous n'avez sans doute pas besoin de déclarations
guerrières dûment relayées par le monde associatif dont on connaît
la capacité permanente d'indignation et de menaces contentieuses en tout genre.
Florilège de Mme la ministre, tout d'abord, sans
doute fascinée par les caméras de Canal + : "Les policiers, les
gendarmes, les médecins de santé publique feront respecter la loi."
Certes, mais comme on sait que le jour du 1er janvier, la maréchaussée
n'a rien d'autre à faire que la tournée des restos et des bistros pour
traquer le fumeur devenu contrevenant, voilà qui promet…
Et comme la menace ministérielle risque de ne pas suffire,
l'association Droits des non-fumeurs (seul le génie français est capable
d'inventer ce genre d'organisme) réclame l'intervention la plus prompte à
la fois des médecins du travail, agents de la Ddass, et inspecteurs de santé
publique qui sacrifieront leur réveillon pour traquer le premier clope illégal
!
Tout cela prêterait à rire si les déclarations
des uns et des autres ne reflétaient l'absence de considération à
l'égard de la profession.
Avant d'en appeler à une répression impitoyable,
il vaut mieux faire confiance aux exploitants qui savent très bien quels sont
leurs devoirs, et ont aussi eu connaissance des sondages qui expriment une forte
majorité de partisans de l'interdiction du tabac.
Bien sûr, pour l'anecdote, les bureaucrates qui nous
gouvernent - à croire qu'ils ne sortent jamais au restaurant ou ne vont jamais
se désaltérer dans un café - auraient pu songer que la date du 2
janvier eut été plus appropriée plutôt que de décider
de l'application de l'interdiction du tabac passé les 12 coups de minuit de
la Saint-Sylvestre.
Au-delà des péripéties qu'il faut souhaiter
les moins nombreuses possible, c'est la mise en application d'un texte destiné
avant tout à préserver la santé publique qu'il faut souhaiter réussie.
C'est pourquoi il est inutile de tendre l'atmosphère par des déclarations
intempestives qui ne peuvent que crisper les oppositions - il en existe - à
une mesure d'intérêt général.
Dans une dizaine de jours, il sera interdit de fumer,
et c'est une bonne nouvelle pour les victimes du tabagisme passif, salariés,
employeurs, clients qui ont d'abord droit à la santé publique. Comme
le soulignait, il y a peu, Didier Chenet, président du Synhorcat, "le tabac
ne doit pas être l'amiante de la profession".
L.
H. zzz80
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L'Hôtellerie Restauration n° 3060 Hebdo 20 décembre 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE