du 6 mars 2008 |
TALENT |
Le Grand Pan, Paris (XVe) À quelques encablures du parc Georges-Brassens, le restaurant réveille un quartier endormi avec l'énergie du Sud-Ouest.
Gaëlle Girard-Marchandise
Quatre mains pour un piano
Benoît Gauthier, Patron du Grand Pan |
Le
cachet du bistrot tient à son zinc cuivré, à sa mosaïque
carrelée début du siècle, et au parquet patiné de la salle.
Canapé rouge basque, longue tablée de bois, et en exergue murale, une
phrase de Brassens comme nom et porte-bonheur : "Du temps que régnait le
Grand Pan, les dieux protégeaient les ivrognes." De quoi placer le bistrot
sous de festifs auspices. L'identité du lieu,
ses géniteurs l'ont voulue à l'image de leur cuisine, simple et conviviale,
mot d'ordre du binôme Benoît Gauthier et Christian Etchebest.
L'histoire débute lorsque Benoît rejoint
les cuisines du Troquet en 2004. Le jeune chef sort du Grand Vefour, où il
a fait ses preuves sans concevoir l'envie d'y faire carrière. Christian tient
Le Troquet depuis 1998, affaire florissante remise sur pieds par ses soins. Ils
décident de s'associer.
"Je suis un homme de rencontre, confie Christian Etchebest. L'occasion
s'est présentée de donner sa chance à Benoît. J'ai
servi de lancement en lui mettant le pied à l'étrier." L'idée
: donner un petit frère au Troquet. "On a trouvé le fonds de commerce
grâce à L'Hôtellerie
Restauration, explique
Christian. On cherchait un lieu avec une âme. Ce restaurant était
fermé depuis six mois : on a fait une offre à 81 000 E quatre
jours après notre visite. À ce prix, la banque ne prenait aucun risque.
On a établi le prévisionnel et investi à hauteur de 120 000 E
HT pour les travaux
: il a fallu inverser l'emplacement des cuisines et des sanitaires. Plus la réfection
de la cave et les peintures en quatre mois pour ouvrir le 12 mai 2007." Le lieu
ne désemplit pas, le chiffre d'affaires dépasse largement les estimations
: 80 couverts par jour, ticket moyen entre 30 et 40 E, une réussite assumée.
"250 000 E pour une affaire toute neuve amortie sur sept ans, c'est la
garantie de travailler sans pression financière. Une tranquillité qui
permet d'être meilleur en cuisine", analyse Christian. La conception n'est
pas allée sans contraintes.
La copropriété d'abord, souvent synonyme de soucis. "Le restaurant-bar
précédent faisait du bruit et gênait les voisins. On a isolé
le plafond. Les copropriétaires sont satisfaits, et certains sont devenus nos
plus fidèles habitués", explique Benoît Gauthier. Niveau espace,
difficile de jongler avec trop de produits, le peu de place contraint à un
choix strict des alcools à la carte : "Inutile de proposer 20 apéritifs
différents vu le manque d'espace. Autant sélectionner 5 bonnes bouteilles.
Même topo pour les vins. On n'en vend qu'en tonnelets, distribués en
carafes à des tarifs abordables, de 5 à 9 E les 50 cl et de
18 à 29 E les 100 cl", explique le patron.
Une collaboration sous
le signe de l'amitié
Chacun gère son établissement
dans la plus stricte indépendance, même si Christian Etchebest conserve
un droit de regard : "C'est Benoît le patron du Grand Pan. Je l'ai aidé
en amont, mais le reste s'est fait sans moi. J'ai entièrement confiance en
lui." Le jeune patron renchérit : "Pour ma part, je profite de l'expérience de Christian
: au niveau du choix des fournisseurs et de l'esprit de la carte, son expérience
a été salutaire. On s'est mis d'accord sur les viandes qui restent à
l'année : côtes de boeuf, de porc et de veau. Le midi, c'est poissons
de saison, homard ou coquilles à la plancha. La carte change tous les quinze
jours. J'aime ce renouvellement qui m'oblige à être toujours meilleur."
Le lieu qui aspire à devenir un établissement de quartier séduit.
La clientèle du midi, constituée de cadres des bureaux voisins et du personnel
de la clinique Labrouste, semble avoir trouvé sa 'cantine'. Le soir, on voit
surtout des amateurs de gastronomie et quelques tablées régulières
de Japonais : un bon papier paru au pays du soleil levant peut garantir une belle
fidélité, le bouche à oreille faisant le reste.
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Le Grand Pan
20 rue Rosenwald
75015 Paris
Tél. : 01 42 50 02 50
(Fermé samedi midi et dimanche)
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L'Hôtellerie Restauration n° 3071 Hebdo 6 mars 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE