du 10 avril 2008 |
GÉRER SON ENTREPRISE |
GÉRER SON ENTREPRISE
La Scop pour entreprendre autrement
Favoriser la gestion démocratique, développer l'esprit de responsabilité et booster la motivation des salariés : tels sont les ingrédients des Sociétés coopératives de production (Scop). Leur originalité tient dans le fait que les salariés sont associés majoritaires de l'entreprise. Zoom sur un modèle économique qui se développe crescendo en France.
Envie
d'entreprendre tout en optant pour une démarche collective et démocratique
? Voilà qui est possible en créant une Société coopérative
de production (Scop), entreprise commerciale constituée sous forme de société
anonyme (SA) ou de société à responsabilité limitée (SARL).
Très présente dans les métiers des services, la Scop peut exercer
son activité dans tous les domaines. Son originalité : les salariés
(également appelés coopérateurs) sont associés majoritaires
de l'entreprise. En clair, tous ensemble possèdent au moins 51 % des parts
du capital social et représentent 65 % des droits de vote. À ce socle
juridique viennent s'ajouter les 4 grandes règles du droit coopératif.
Premier principe : 'Une personne = une voix.' Ainsi, pour les prises de décision,
les salariés participent aux choix stratégiques de l'entreprise quel que soit le montant du capital détenu.
Second élément distinguant les Scop des sociétés dites classiques
: le partage du résultat de l'entreprise entre ceux qui l'ont produit. Plutôt
que de verser des dividendes aux actionnaires, les bénéfices reviennent
en effet aux salariés puis à l'entreprise elle-même. La pérennité
de cette dernière au service de l'emploi (grâce à la constitution
de réserves impartageables qui consolident les fonds propres) est la troisième
règle d'or des Scop. Enfin, dernier principe-clé des coopératives
: l'élection - et la révocation - des dirigeants de l'entreprise par les
salariés associés. Nés au XIXe siècle, les principes
fondateurs des coopératives - mise en commun des moyens, fonctionnement démocratique,
accession à la responsabilité et à l'initiative économique
- semblent aujourd'hui plus modernes que jamais.
Mylène
Sacksick zzz54m GE0607
INTERVIEW DE MARTINE DEMAY, JURISTE CHEZ SCOP ENTREPRISES |
Pourquoi
opter pour une Scop ? Cette formule vous semble-t-elle adaptée au secteur de
l'hôtellerie-restauration ? Mais alors, pourquoi seulement 1 % des Scop vient de ce
secteur ? Comment sont répartis les bénéfices d'une
Scop ? Des conseils pour ceux qui souhaitent se lancer dans l'aventure
? Concrètement, comment crée-t-on une Scop ? Scop Entreprises |
LA COOPÉRATIVE EN BREF
Des salariés décideurs : associés majoritaires, les salariés
d'une Scop détiennent au moins 51 % du capital social et 65 % des droits de
vote. LES SCOP EN CHIFFRES
La France compte 1 827 Scop (+ 8 % en
un an) regroupant 37 862 salariés. Source : Scop Entreprises - Bilan de l'année 2007. |
Complément d'article 3076p17
Deux témoignages
Patrice Chauveau, 52 ans, gérant associé de La
Gentiane à Bagnols
“Un mode de management plus humain et
éloigné du profit”
“Venant du secteur solidaire et social, j’ai immédiatement pensé au statut Scop lorsque j’ai fondé, en 2004, la Maison familiale de vacances La Gentiane. De par son mode de management plus humain et éloigné du profit à tout prix, cette formule participative correspondait tout à fait à mes valeurs. Ce qui m’a également attiré, c’est l’idée d’avoir plus d’autonomie et de liberté dans mon travail, mais aussi de vivre une aventure collective. La Gentiane compte aujourd’hui 3 salariés associés, et chacun participe aux choix stratégiques de l’entreprise. En Scop, les employés sont plus concernés, donc plus motivés. Dans une moindre mesure enfin, les quelques avantages financiers liés au statut (exonération de la taxe professionnelle, faible capital de départ*, position du gérant salarié plus confortable) constituent des atouts non négligeables.”
* 30 E pour une Sarl et 18 500 E pour une SA.
La Gentiane
Allée de la Mairie
63810 Bagnols
Tél. : 04 73 22 23 86
lagentiane-bagnols.org
Gérard Alpha, 57 ans, gérant associé du restaurant Le
Temps des Cerises à Paris, XIIIe
“L’ambiance de travail dans une Scop est différente”
“Dès sa création en 1976, Le Temps des Cerises a été constitué en Scop. La volonté de départ était de proposer un restaurant alternatif, où les salariés seraient propriétaires de leur outil de travail. L’idée était d’entreprendre autrement autour d’un projet collectif commun. L’ambiance de travail dans une Scop est différente : absence de cloisonnement, responsabilisation, motivation des salariés qui perçoivent le fruit de leur travail… Les rapports avec la clientèle sont aussi plus conviviaux et interactifs que dans la restauration traditionnelle. Mais attention, concilier vie démocratique et management efficace n’est pas toujours chose aisée. S’il n’y a pas de hiérarchie au sens strict, il y a tout de même un dirigeant élu par les salariés associés. Charge à lui d’expliquer, avec tact et intelligence, le bien-fondé des décisions. Le mode coopératif nécessite enfin de veiller à ce que personne ne fasse primer les intérêts individuels au détriment de l’intérêt général.”
Le Temps des Cerises
18 rue de la Butte aux Cailles
75013 Paris
Tél. : 01 45 88 18 53
etempsdescerisesscop.com
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L'Hôtellerie Restauration n° 3076 Hebdo 10 avril 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE