du 22 mai 2008 |
ÉDITO |
Communication et concurrence
Pour
le visiteur régulier du salon NRA de Chicago qui vient de se terminer, il y
a autant à apprendre dans les allées du parc d'expositions posé
sur les rives du lac Michigan, qu'en fréquentant les restaurants de la capitale
du Middle West… quand il y a de la place.
D'abord, une bonne nouvelle : contrairement à ce voudraient
nous faire croire les médias de l'Hexagone, qui n'ont jamais fait preuve à
l'égard des États-Unis d'une exemplaire clairvoyance, les affaires
se portent plutôt bien dans de nombreux secteurs, parmi lesquels la restauration
et l'hôtellerie semblent tenir une place privilégiée. La plupart
des hôtels affichent des taux d'occupation flatteurs, et les files d'attente
à l'entrée des restaurants n'illustrent pas franchement un retour aux
années des Raisins de la colère.
De nombreuses raisons contribuent à cette apparente prospérité,
parmi lesquelles la communication joue un rôle essentiel que nous ignorons
trop souvent sur le Vieux Continent et particulièrement en France.
Que peut-on constater au cours d'une brève visite dans une
ville comme Chicago ? Une véritable guerre entre les milliers d'établissements
de 'Windy City' dans le but d'attirer le client. Des méthodes les plus traditionnelles
de la réclame à l'utilisation des systèmes informatiques sophistiqués,
c'est une concurrence farouche qui stimule un secteur où les exploitants comptent
d'abord sur eux-mêmes pour assurer le développement de leurs affaires.
D'abord, il y a la 'réclame' sous toutes ses formes, avec
des techniques éprouvées et des slogans qui sentent bon le siècle
dernier. Au hasard, le célébrissime (à Chicago) Harry Caray's,
qui vend essentiellement de la bière et de la viande, n'hésite pas à
se proclamer "The legendary Italian Steakhouse". Ici, le mot "légendaire"
fait partie du vocabulaire quotidien des descendants des conquérants de l'Ouest.
Plus 'tendance', le tout nouveau ZED 451, qui affirme "révolutionner
la restauration à Chicago", fait circuler en ville des semi-remorques
- les rues sont larges - placardés de photos du dernier-né des établissements
de la cité, en proposant au client une "redéfinition du steakhouse"
en quadrichromie et sur grand écran.
Et un visiteur français du salon affirme avoir croisé
sur Michigan Avenue une superbe 2CV rouge, aux couleurs d'un émouvant "Kiki
Bar" doué pour une communication à moindre frais.
Mais d'autres perspectives s'annoncent plus modernes et tout aussi
redoutables. Juste un exemple : les restaurants américains sont très souvent
connectés à un service en ligne qui permet au client de choisir son
style de restaurant, son quartier, une fourchette de prix, la date et l'heure de
la réservation, depuis son ordinateur sur lequel il obtient quasi-instantanément
une réponse. Déjà, des projets sont en oeuvre du côté
de chez nous pour proposer aux établissements de bénéficier de techniques
renouvelées du géomarketing par internet.
Bon, juste une petite satisfaction bien française : cette
imagination débordante dans la communication ne se traduit pas par une créativité
débridée en cuisine. Chicago, c'est toujours et encore le règne quasi
absolu du 'Sirloin steak', des assiettes de pâtes pantagruéliques, de
l'éternel club sandwich et de la Caesar' salad…
L.
H. zzz80
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L'Hôtellerie Restauration n° 3082 Hebdo 22 mai 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE