du 24 juillet 2008 |
ÉDITO |
Le tube de l'été
Avant,
quand c'était le bon temps, il y avait, à l'approche de la belle saison,
le 'tube de l'été', dont la rengaine était connue bien avant que
ne sonne la fin des classes.
En ces jours de morosité savamment entretenue, l'heure n'est
pas à la chansonnette, mais au 'blues' du consommateur à la recherche
d'un pouvoir d'achat qu'il croit avoir perdu.
Bien sûr, la dure réalité des chiffres se rappelle
régulièrement à notre mémoire avec la publication des indices
de l'Insee qui, chaque mois, avec la rigueur d'un métronome, indique au consommateur
l'évolution des prix des produits et services qu'il achète. Et la livraison
du mois de juillet n'avait rien pour inciter nos concitoyens à partir le
coeur léger vers les rivages ensoleillés jouer les cigales durant quelques
jours. Calculée sur un an, l'évolution des prix s'élève à
3,6 %, du jamais vu depuis 1991, nous disent les spécialistes de l'observation
économique.
Cette médiocre performance est imputable, chacun le sait,
à la divagation du prix des hydrocarbures dont on ne voit pas la fin de l'ascension,
et une évolution conjointe bien mal venue des tarifs des produits agricoles
et alimentaires.
Il n'empêche que l'Insee, dans son traditionnel commentaire
généralement sibyllin, n'a pas manqué de pointer du doigt les prix
des services et notamment ceux des hôtels-restaurants et cafés, qui,
il est vrai, se situent dans le haut de la fourchette.
Mais en période estivale, il n'est pas inconcevable de rappeler
que les prix, fixés librement par les chefs d'entreprise, puissent évoluer
en fonction de la demande sans que ces derniers passent pour des profiteurs, fauteurs
d'inflation et autres amabilités dont les médias sont devenus coutumiers
à l'égard de la profession.
Ce qui ne peut qu'inviter les responsables des établissements
à une analyse affinée de leur capacité d'évolution des additions
qu'ils présentent aux clients. Toutes les maisons ne sont pas installées
sur le quai de Saint-Tropez, et le consommateur a l'oeil d'autant plus vif que son
tube de l'été, c'est "attention à mon pouvoir d'achat",
thème peu incitatif à la dépense sur les lieux de vacances. D'autant
que les médias - cela fait partie des 'marronniers de l'été' depuis
belle lurette - se délectent de comparer les prix du café, du pichet de
rosé ou du demi sans une once de 'qualitatif' dans leur prétendue analyse.
Un exemple révélateur de la mauvaise foi de certains ? Dans un quotidien
du Sud, la 'une' titre sur les différences de tarifs entre Sainte-Enimie, charmante
bourgade blottie au fond de la Lozère, à deux heures de la plage la
plus proche, et Collioure, la plus belle station des côtes du Languedoc-Roussillon.
Effet garanti, mais démonstration peu convaincante.
Mais attention au 'tube de l'été' qui risque bien de
finir en 'blues' de l'automne.
L.
H. zzz80
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L'Hôtellerie Restauration n° 3091 Hebdo 24 juillet 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE