du 31 juillet 2008 |
ÉDITO |
Contradictions
Qui
croire ? Il y a un mois, dans l'euphorie de la présidence française
de l'Union européenne, Nicolas Sarkozy annonçait haut et fort que la
baisse de la TVA en restauration fait partie des dossiers qu'il entend résoudre
le plus rapidement, sachant très bien qu'en ce domaine de la fiscalité
indirecte, toute décision ne peut être prise qu'à l'unanimité
des 27 membres de l'UE.
Autant dire que rien n'est encore joué, et qu'il serait
naïf de considérer que la France ne compte que des indéfectibles
amis parmi ses partenaires, tous disposés à acquiescer à
une mesure qui ne profiterait qu'à une profession dans un seul pays, le risque
le plus élevé étant de susciter des revendications catégorielles
insistantes dans des nations où la rigueur budgétaire passe aujourd'hui
avant tout.
Et c'est précisément ce que vient d'annoncer Christine
Lagarde, ministre de l'Économie et des Finances, dans une longue interview
accordée la semaine dernière aux Echos, qui fixe comme priorité
absolue de sa politique le rétablissement de l'équilibre budgétaire
pour 2012 afin de se conformer aux exigences des traités communautaires.
Il serait inconséquent de ne pas se féliciter de cette volonté (ce
n'est pas la première fois, néanmoins) de revenir à de saines pratiques
en matière de gestion des deniers publics après des décennies de
laxisme inconséquent, ne serait-ce qu'à l'égard des jeunes générations
à qui l'on fait déjà porter le poids d'une dette dont ils n'ont
aucune responsabilité.
Lors de l'analyse des déclarations du président de
la République le mois dernier, il apparaissait, de toutes façons, qu'en
raison de la complexité du dossier, une éventuelle baisse de la TVA en
restauration pourrait entrer en vigueur à la fin de l'année 2011,
ce qui par ailleurs tombait plutôt bien à quelques mois de la prochaine
élection présidentielle.
Mais il vaut mieux s'en tenir à la vérité
des faits et du réalisme le plus basique : les caisses de l'État sont
vides, et en période de restrictions budgétaires, de coupes sévères
qui mettent en émoi plus d'un élu local comme en témoignent les réactions
à la suite de l'annonce du redéploiement des forces armées, il
paraît difficile d'espérer une mesure catégorielle qui priverait
l'État de plus de 2 milliards d'euros par an.
Aux professionnels de maîtriser leur gestion avec une
fiscalité indirecte certes élevée, mais qui constitue surtout
un handicap pour le consommateur, car c'est lui qui règle l'addition TVA incluse,
malgré les restrictions du pouvoir d'achat. Encore une contradiction difficile
à surmonter.
L.
H. zzz80
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L'Hôtellerie Restauration n° 3092 Hebdo 31 juillet 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE