du 10 janvier 2008 |
PORTRAIT |
À la tête du Montalembert - propriété du Majestic Hotel Group - depuis 2005, elle a transformé l'établissement en un lieu unique. Fausse timide, vrai tempérament, cette femme de conviction, s'impose avec brio dans le petit monde 'fermé' des directeurs d'hôtels haut de gamme parisiens.
Claire Cosson
Myriam Kournaf, une battante
Myriam Kournaf : "Je déteste la routine ! Dès mon arrivée, j'ai redynamisé le restaurant et renforcé l'identité littéraire de l'hôtel." |
Je
ne ferai jamais d'hôtellerie." Voilà ce que Myriam Kournaf s'était
promis dès son plus jeune âge elle dont les parents furent, entre autres,
directeurs de la Mamounia à Marrakech (Maroc). Une promesse non tenue que
lui pardonnent aujourd'hui très volontiers les clients de l'Hôtel Montalembert
(Paris VIIe). "Ce métier. Il lui va comme un gant", confie
ainsi un habitué, tout sourire.
De fait, à presque 38 ans, Myriam évolue
comme un poisson dans l'eau dans l'enceinte de ce petit bijou de la rive gauche,
situé à deux pas de Saint-Germain-des-Prés. Avec une grâce
un peu lente, un soupçon de nonchalance, la voix qui frôle les graves
et un sourire omniprésent, cette gourmande invétérée agit même
à la manière d'une parfaite 'maîtresse de maison'. Sans bruit
ni fracas, avec l'aide de 60 collaborateurs, la jeune femme est parvenue à
transformer cette adresse (56 chambres) en un lieu unique où l'on peut perdre
son temps en faisant mine d'en gagner. Raison pour laquelle d'ailleurs, nombre d'écrivains,
philosophes, éditeurs et autres spirituels abordent l'Hôtel Montalembert
comme un véritable refuge.
Une capacité à
bouger des montagnes
Un refuge qui ne désemplit pas. "Notre
fréquentation a progressé de 10 points en 2007 frôlant la barre
des 80 %. En termes de prix moyen, nous atteignons 330 euros HT, indique le
directeur général. Et de préciser, notre chiffre d'affaires va
dépasser 6 millions d'euros pour un résultat brut d'exploitation de 40
%." Même entre Noël et le jour de l'an, les disponibilités se
font rares au Montalembert. Dans les chambres, comme au restaurant. Il faut reconnaître
que la déco chic et contemporaine de cette bâtisse (acquise en 2005 par
l'Espagnol Majestic Hotel Group,
détenu par la famille Soldevila, également propriétaire de L'Inglaterra
et du Majestic à Barcelone) séduit d'emblée. Quant à la
carte du restaurant, déclinée en 4 thèmes (Terre, Mer, Soleil et Végétal), version dégustation
ou gourmet, associée à la créativité du jeune chef Éric
Brujan, elle a aussi de quoi séduire.
Bon, d'accord, pensez-vous tout bas ! Les hôtels
de charme, Paris en regorge. En quoi celui-ci se distingue-t-il du lot ? Myriam
Kournaf a-t-elle une recette magique ? Évidemment, certains esprits mal intentionnés
pourraient avancer l'argument d'une rénovation récente d'un montant de
1 million d'euros. Certes. Reste que Myriam s'est parfaitement acquittée de
cette tâche. Il serait donc injuste de s'en tenir à ce raisonnement.
Cette trentenaire a du tempérament et du talent, tout simplement. "Elle
a un tigre dans son moteur", avoue un ancien collègue.
L'enthousiasme, l'action, le courage
aussi et l'esprit d'entreprise procurent à cette passionnée une capacité
à bouger les montagnes pour mettre en marche ce dont elle a envie. Et puis,
Myriam n'en est pas à son premier galop d'essai dans l'hôtellerie.
Titulaire, entre autres, d'un DESS en administration des entreprises, Myriam Kournaf
a certes commencé par enseigner l'anglais à des lycéens durant
deux ans. Elle a également travaillé pour un cabinet de recrutement américain
afin de sélectionner les cadres hôteliers pour des chaînes telles
que Four Seasons et Ritz Carlton.
Il
n'empêche que la jeune femme affiche également un joli parcours dans
l'hôtellerie haut de gamme. Responsable de marchés pour l'hôtel
West-End et le Grand Hotel Aston à Nice, directeur ventes et marketing au
Meridien Garden Beach à Juan-les-Pins, puis directeur des opérations
du même établissement, Myriam a laissé son empreinte partout où
elle est passée. Empreinte couronnée d'un succès chiffré avec,
à chaque fois, des améliorations sensibles des taux de remplissage et
des recettes globales.
Cerise sur le gâteau : Myriam fait preuve
d'esprit d'analyse, d'un sens aigu de la gestion et du management.
Renforcer l'identité
littéraire
Ainsi a-t-elle conduit crânement
la réouverture et le lancement de l'Hôtel Beau Rivage à Nice (118
chambres et suites) après sept mois de travaux réalisés par l'architecte
et designer Jean-Michel Wilmotte. Voilà pourquoi repositionner le Montalembert
était à la portée de cette femme aux ressources inépuisables.
Et des ressources, il en faut pour rivaliser avec la concurrence internationale.
Elle a ainsi poussé la personnalisation du Montalembert à l'extrême,
appuyée par le directeur général du groupe Jean-Louis Dulau, avec
un service de qualité : voituriers, bagagistes 24 heures/24, carte du restaurant
disponible de 12 heures à 22 h 30 en chambre, restaurant en service continu
à partir de midi, bar à eaux en chambre… Au regard du nombre
croissant de clients et du taux de fidélisation, la 'formule' plaît.
Enfin, la jeune femme a choisi
de renforcer l'identité littéraire de l'hôtel en contribuant notamment
à lancer de jeunes talents féminins. Ainsi, outre plusieurs événements,
est né le prix Montalembert du premier roman de femme, en 2006. Marc Levy était
le président de la première édition, Irène Frain de la seconde.
Allez donc maintenant feuilleter quelques pages du bouquin de Léonora Miano
ou bien encore de celui de Émily Tanimura, les deux premières lauréates,
au bar de cette jolie adresse. Vous nous raconterez la suite.
n
zzz36v
Hôtel
Montalembert
3 rue Montalembert
75007 Paris
Tél. : 01 45 49 68 68
SES GRANDES DATES |
1970 :
Naissance à Marrakech 1992-1993 : Professeur d'anglais (Nice) 1993-1994 : DEA d'anglais et DESS certificat d'aptitude à l'administration des entreprises Nice-Sophia-Antipolis 1994 : Stage de management hôtelier au Four Seasons, Atlanta 1995 : Responsable de marchés pour le West-End et Grand Hotel Aston (Nice) 1998 : Directeur des opérations (Amérique du Nord), The Boutique Search Firm 1998-2003 : Directeur des ventes et marketing, puis directeur des opérations du Meridien Garden Beach (Juan-les-Pins) 2003-2005 : /b> Directeur général du Beau Rivage (Nice) 2005 : Directeur général de l'Hôtel Montalembert (Paris) 2006 : Lancement du prix Montalembert |
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L'Hôtellerie Restauration n° 3063 Magazine 10 janvier 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE