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La Norvège, le royaume nordique de la gastronomie

Emploi - jeudi 12 février 2009 23:07
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NORVEGE Le Bocuse d’or 2009 est allé à la Norvège, nouveau témoignage de l’excellence acquise par le pays du soleil de minuit dans les métiers de l’hôtellerie. Le pays (de plus d’un million d’habitants), le plus riche de la planète n’est pas l’Eldorado fantasmé mais offre de concrètes et solides opportunités pour les hôteliers français.



« A Olso, j’entends parler français partout ! », s’amuse Janniké Colbjornsen (voir encadré) la plus française des norvégiennes, après le juge Eva Joly bien sûr ! Le lycée français René Cassin, l’ambassade et l’alliance française, tous situés dans le quartier de Bygdøy-Frogner, expliquent cette concentration de compatriotes estimée à 2000 résidents sur la seule ville d’Oslo. La Norvège n’est pas membre de l’Union Européenne mais facilite la circulation et l’établissement des Français dans le cadre des accords de l’ALE (l’Association de Libre Echange Européenne) et surtout de l’EEE (Espace Economique Européen). Si la carte de séjour n’est pas exigée pour une période de moins de trois mois (pour ceux qui souhaiteraient par exemple faire une saison), une simple visite au commissariat de police du quartier avec son passeport et une attestation d’embauche suffira pour obtenir le sésame administratif. « Il est important de prévoir un peu d’économie à son arrivée car il faut attendre un mois pour obtenir la carte de séjour et la possibilité d’ouvrir un compte un banque », explique Jocelyn Deumie qui travaille depuis le mois de mars dans les cuisines du célèbre restaurant Bagatelle à Oslo.

Avec le soleil de minuit et les fjords, une industrie du tourisme florissante

Cultivant sa singularité en dehors de l’espace communautaire, la Norvège a ouvert depuis longtemps les portes de son royaume aux travailleurs français. « Oslo est devenu une ville internationale où beaucoup d’entreprises françaises sont aujourd’hui représentées et pas uniquement dans le pétrole », ajoute Janniké Colbjornsen, responsable d’un centre de congrès au cœur de la capitale. En dépit de la crise économique et du flottement de la monnaie nationale, la couronne (NOK*), la Norvège exalte un parfum d’Eldorado : moins de 3 % de chômage (50076 chômeurs en décembre 2008 dont presque les deux tiers sont des hommes), un pouvoir d’achat supérieur de 60 % à celui d’un Français, l’excédent budgétaire le plus élevé du monde, une parité homme-femme exemplaire et un PNB par habitant deux fois plus important que chez nous. Ce pays de 4.7 millions d’habitants ne profite pas uniquement des hydrocarbures de la mer du Nord mais aussi d’une industrie touristique qui ferait vivre 150 000 personnes. Deux chaînes hôtelières à identité et capitaux scandinaves sont particulièrement implantées, le groupe Thon et Scandic et par moins de 5 restaurants, tous à Oslo, sont étoilés par le Michelin. Les Scandinaves, très présents sur les concours culinaires internationaux, démontrent le talent et l’ambition d’une nouvelle génération de chefs à l’image de Geir Skeie du restaurant Mathuset Solvold à Sandefjord qui a remporté le Bocuse d’Or en janvier dernier. Du côté de la formation, l’école hôtelière de Stavanger est réputée pour la qualité de son enseignement mais ne forme pas assez de professionnels. Les ouvertures d’établissements se sont pourtant multipliées dans la capitale, ville de congrès ; à Stavanger, la cité du pétrole ; dans les villes touristiques de Bergen et de Trondheim ; dans les stations de montagne et de la côte ouest (région des fjords) à l’activité saisonnière.

Des salaires attractifs mais un coût de la vie élevé

Une personne ayant obtenue un emploi en Norvège est en droit de bénéficier d’un enseignement gratuit du norvégien, aux frais de sa commune de résidence. La langue reste pourtant le frein principal à l’arrivée des Français avec le coût élevé de la vie, la difficulté à se loger et le climat réputé rude. « La pratique de l’Anglais est obligatoire pour un poste de cuisinier. Encore plus pour la salle mais le candidat devra aussi démontrer sa volonté d’apprendre le norvégien », explique Nicolas Facchin, 34 ans, manager du restaurant français Le Canard. Côté salaire, le NAV (Ny Arbeids- og Velferdsforvaltning), le service de l’emploi, produit quelques fourchettes de rémunération horaire brut mais rappelle que la notion de salaire minimum n’existe pas (en dehors des personnels syndiqués). Un cuisinier ou serveur débutant peut espérer gagner entre 132 et 144 NOK brut de l’heure (entre 14,5 et 16 euros) et 150 NOK/heure (17 euros) pour un cuisinier confirmé. Pour les postes non qualifiés, la fourchette se situe selon les aptitudes entre 103 et 126 NOK (entre 11,5 et 14 euros). « J’ai quitté la Corse pour venir vivre une expérience en Norvège. J’ai été embauché sur recommandation par le chef étoilé du restaurant Bagatelle, Eyvind Hellstrom. Mon salaire brut mensuel est de 22000 NOK ce qui correspond à 1800 euros net par mois. Les impôts sont déduits à la base et je peux prétendre à en récupérer une partie en fin d’année, entre 2400 et 4800 euros, car je ne suis pas résident. Je travaille uniquement le soir, je progresse en anglais et surtout je n’ai jamais travaillé de ma vie des produits de la mer d’une telle qualité. Nous avons été visités en cuisine par le Michelin et nous avons l’espoir de retrouver cette année notre deuxième étoile », s’enthousiasme le toulousain Jocelyn Demie. Heureux de sa vie à Oslo, il reconnait souffrir un peu de la fraîcheur des températures. « Nous apprécions les candidatures qui nous arrivent directement par notre site. Le Nav n’est pas le moyen le plus opportun  de se présenter à nous sauf pour des emplois basiques, de plongeur par exemple. L’unique désir d’un salaire plus élevé n’est pas une bonne motivation pour venir travailler dans nos établissements », précise le manager du restaurant Le Canard.

 

* Un euro = 9 NOK au moment de l’enquête
François Pont

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