À l’heure où le bien-être au travail devient un critère d’attractivité, en particulier dans le secteur des CHR, le confort des tenues et uniformes n’a rien d’anodin. Une chef de rang contrainte aux talons hauts durant tout son service ne travaille pas dans les mêmes conditions que son homologue autorisée à porter des ballerines ou des baskets. Au dernier salon EquipHotel de novembre 2022, à Paris (XVe), le thème de l’hospitalité engagée, qui servait de fil conducteur à l’événement, a justement permis de mettre en avant ce besoin de confort sur le lieu de travail. Si bien que le tailleur pour elle et le costume pour lui, grands classiques dans les métiers liés au service, tendent à céder leur place à des vêtements qui épousent au plus près gestes et gestuelles. “Le confort d’abord”, souligne Catherine André. Designer textile et styliste, elle a conçu les uniformes de la Halle aux grains, l’écrin parisien (Ier) de Michel et Sébastien Bras. Avec une coupe large et ample pour la chemise bleu marine, surmontée d’un col droit, “à l’image de celle portée par les commis qui officiaient autrefois dans le quartier des Halles”, dit-elle. Un parti pris fonctionnel et pratique, conjugué au chic d’un pli au dos du vêtement, d’un boutonnage en faux portefeuille et de boutons en forme de grain. Puis, toujours dans un souci de confort et praticité, la styliste a souhaité des manches trois quarts pour les femmes et 7/8 pour les hommes. S'y ajoute un pantalon ample, bleu marine lui aussi, en chanvre - matière végétale, confortable, solide et thermorégulatrice -, inspiré des anciens sur-pantalons de travail qui servaient à protéger les vêtements du quotidien. Par ailleurs, les chaussures souples et plates sont autorisées. Résultat : la silhouette est fluide, élégante, sans ostentation.
L’allure d’une forme et le précis d’une coupe
Le sur mesure a la cote. Car chaque établissement a son identité, son style, ses uniformes. “On parle d'émotion qui se dégage d'un plat gastronomique ou d'une pièce de haute couture. La collaboration avec la maison Gucci permet à ma table de faire rimer passionnément ces deux univers du luxe. De la rareté, de la délicatesse et du raffinement qui se complètent depuis toujours”, explique le chef étoilé Sylvestre Wahid. Pour son restaurant situé à Courchevel (Savoie), la maison de couture italienne habille l’équipe de salle féminine avec une robe-combinaison noire, rehaussée d’une ceinture à boucle. Une seule pièce pour éviter tout serrement à la taille et libérer les mouvements. Quant à la matière préconisée par Gucci, il s’agit de la faille, étoffe de soie à gros grains qui se froisse très peu.
“Nous n’avons fait aucun compromis sur la performance du vêtement”
L’allure, le précis d’une coupe, la praticité et le confort donnent le ton. La durée de vie du vêtement aussi, jusque dans les vestes brodées, remises le 6 mars dernier, à Strasbourg (Bas-Rhin), aux lauréats des étoiles Michelin. En effet, depuis 2022, le Guide rouge travaille avec la maison Lafont, spécialisée dans la création de vêtements de travail à partir de tissus recyclés. Cette année, deux nouvelles collections – André et Ursa Major - ont vu le jour, avec la complicité de Louis-Marie de Castelbajac. Vestes, pantalons, gilets, tabliers… le designer a tout décliné. “Nous n’avons fait aucun compromis sur la performance du vêtement, ni sur son aspect durable”, précise Gwendal Poullennec, directeur international des guides Michelin. Des propos qui font écho à la collection Green Label de chez Bragard, dont les pièces sont conçues à base de fibres naturelles ou recyclées. L’habit en dit long désormais. Il distingue, il incarne. Si bien que, ce printemps, l’école Médéric Paris Rungis (XVIIe) a organisé un défilé de créations de la maison Roshmode. Une initiative menée lors d’une journée dédiée à la valorisation des métiers de service.
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Publié par Anne EVEILLARD