Pierre Bouvier, directeur de l'école hôtelière ESHotel Lille, n'est pas peu fier de son établissement. En 2012, celui-ci a connu 100 % de réussite, toutes formations confondues. Est-ce le tout nouveau master spécialisé en management et marketing pour le tourisme, le voyage et l'hôtellerie (M2 VHT niveau bac +5) délivré en partenariat avec l'ESC Toulouse qui a boosté les autres formations en 2012 ? Possible. Quoi qu'il en soit, le directeur souligne que ce nouveau diplôme dispensé par les deux établissements depuis un an est déjà un succès avec un tel résultat.
Les 25 places disponibles à la rentrée 2013 risquent d'être rapidement complètes. "C'est le seul diplôme d'État, accrédité par la Conférence des Grandes Écoles", fait-il remarquer, égratignant au passage les simples "titres d'école". "Ce diplôme est inspiré par ce qui se fait dans les autres grandes écoles hôtelières du monde. À ce niveau d'études, l'hôtellerie seule n'a pas d'intérêt et la gestion hôtelière n'est pas suffisante. Les étudiants ont besoin d'y ajouter des connaissances en tourisme et sur l'industrie du voyage puisque les hôtels sont dans le monde du tourisme. Ce master 2 est une réelle ouverture", justifie-t-il.
Importance de la pratique de l'anglais courant
L'ouverture, c'est la direction que l'école lilloise située à Tourcoing (59), a choisie comme développement stratégique. Un projet de diplôme de niveau Bachelor reconnu par les autorités anglaises, cette fois, est en cours de préparation pour la rentrée 2013. Intitulé 'diploma in tourism, management and events', il s'agirait d'un diplôme de niveau bac +3, enseigné entièrement en anglais, avec une soutenance et un rapport en anglais, et 100 heures de 'management and events'.
Cette nouvelle formation entièrement anglophone montre l'importance de la pratique de l'anglais courant dans ces métiers voués naturellement à l'international, aux dires du directeur. Même s'il trouve que "le niveau d'anglais n'est pas à la hausse depuis trente-cinq ans", il ne lâche pas prise sur ce qu'il considère comme une évidence, presque un préalable dans ce métier.
Le renouvellement des enseignements, au plus près du marché et de ses évolutions, est visiblement l'une des clés du succès de l'école. Les 100 % de réussite au master 2 ont été suivies par un résultat de 100 % également dans tous les autres diplômes. Si le BTS en hôtellerie atteint ce résultat depuis cinq ans déjà, c'est la première fois que les BTS en tourisme et ceux en diététique l'atteignent, en même temps que les Bachelor en tourisme et hôtellerie. Un quadruplé rare, aux dires de Pierre Bouvier, surtout pour les diététiciennes et le BTS tourisme, des formations plus "difficiles".
50 % des masters 2 en CDI
Ces bons résultats s'ajoutent au bon taux de placement des anciens élèves dans la vie active, surtout pour les BTS hôtellerie "embauchés à 120 % !" et pour les masters 2 dont 50 % des diplômés trouvent des postes en CDI - "ce qui est largement au-dessus de la norme d'embauche", commente le responsable de ESHotel. Il rappelle que l'actionnariat d'Accor dans le financement de l'école (15 % du capital depuis la création de l'école, il y a vingt-deux ans) ouvre un champ important de débouchés surtout à l'international, tout en reconnaissant que ce peut être à double tranchant pour ceux qui veulent rejoindre d'autres groupes hôteliers internationaux. Mais le phénomène reste marginal, à ses dires.
Le responsable insiste aussi sur la proposition "unique en France dans le premier cycle" d'enseignement en alternance. "C'est très valorisant pour les élèves qui acquièrent ainsi une expérience professionnelle précieuse, plus intéressante qu'un simple stage. Nous proposons un rythme très particulier, avec deux jours à l'école et trois jours en entreprise, au lieu d'une semaine par mois à l'école : il permet aux élèves de ne pas se couper de l'enseignement. À la fin de leur BTS, ces élèves se voient proposer des postes à responsabilité tout de suite. Cette formule est pour eux un véritable accélérateur de carrière", explique Pierre Bouvier.
Il espère un changement de mentalité chez les professionnels de la restauration et de l'hôtellerie en plaidant pour un niveau de formation plus élevé des futurs employés : "La plupart des professionnels indépendants pensent toujours que les jeunes en BTS ou en master ne connaissent rien au métier. C'est totalement faux ! Les groupes et les chaînes qui recrutent nos élèves l'ont bien compris", ajoute-t-il. Forte de ses vingt-deux ans d'expérience et en pleine transformation pour coller au mieux aux attentes du monde du tourisme et de l'hôtellerie, ESHotel Lille se veut une école avec laquelle il faut encore et toujours compter dans le paysage des formations professionnelles françaises.
Publié par Emmanuelle COUTURIER