Joël Marchais est un hôtelier atypique. À 60 ans, à l'heure où certains commencent à préparer leur succession, il s'est lancé dans un projet de création d'un établissement de 40 chambres et l'a mené à bien en moins d'un an. Appuyé par le département, la communauté de communes comme les banquiers, tout a pu être réalisé en accéléré. Le permis de construire est délivré en 1 mois et demi, la première pierre posée deux mois après et l'ouverture moins de six mois plus tard.
Aujourd'hui, son établissement dispose de 40 chambres adaptées à des publics différents. À côté des chambres standards qui ciblent clientèle d'affaires et commerciaux, 12 chambres famille ou tribu proposent quatre ou cinq vrais couchages répartis dans deux espaces nuits distincts. Trois suites VIP de 40 m2 viennent compléter cette offre. Cette segmentation variée, la situation sur un noeud routier, la proximité immédiate du Puy du Fou et l'affiliation à la chaîne Inter-Hôtel a permis un succès immédiat, avec un taux d'occupation de 94 % lors du premier mois d'activité !
Des postes annualisés
Si Joël Marchais a voulu un établissement moderne, il n'a pas cédé à la facilité et à l'automatisation de l'accueil pour autant. "On a fait le choix d'apporter une vraie présence 24 heures sur 24. Cela fait partie des petites choses qui sont un peu oubliées dans ce métier : il faut être là." Mais cela ne s'arrête pas à la réception. L'hôtel propose aussi de la restauration "mais pas un restaurant, insiste l'hôtelier, car nous travaillons des produits finis", et un bar grâce à une licence IV. "On a un rôle de passerelle entre les gens à jouer", précise-t-il.
Cet attachement à la cohésion sociale transparaît aussi au travers des emplois. Sur les dix salariés de l'hôtel, on trouve une sportive de haut niveau, une femme de 59 ans dont le précédent emploi allait être supprimé ou une jeune maman avec deux enfants en bas âge. "À chaque fois, on essaye d'adapter les postes au plus près des besoins, et de ne pas faire que du saisonnier puisque tous les postes sont annualisés." La construction de l'établissement a été réalisée par des entreprises locales, l'entretien des espaces verts est confié aux résidents d'un centre pour handicapés et bien évidemment, l'hôtel a été conçu selon les normes Bâtiments basse consommation.
Si ces partis pris peuvent sembler fous, la clientèle est au rendez-vous et le directeur affiche un sourire satisfait. "Malgré la crise et la météo pourrie, nous faisons tous les soirs minimum 12 à 20 chambres et on a du monde en restauration. On devrait trouver notre place tranquillement." Il pense même à l'agrandissement avec pour projet final une grande salle de restauration et 30 chambres supplémentaires. "Je me sens déjà à l'étroit, et il faut proposer une force d'accueil importante avec le Puy du fou. Mais il ne faut pas oublier la réalité, et les 2,8 M€ d'investissements globaux que je viens de faire. Je me donne donc deux ans pour la suite !", conclut-il.
Publié par Élodie BOUSSEAU