Les professionnels bretons
ont bloqué dans la nuit du dimanche 4 au lundi 5 mars les accès des gares maritimes de
Saint-Malo et de Roscoff. Le barrage malouin n'a pas résisté bien longtemps, les
professionnels étant évacués énergiquement par les CRS dans la matinée. A Saint-Malo,
les restaurateurs ont surpris les forces de l'ordre en investissant dès dimanche 4 mars
à minuit la gare maritime du Naye. D'emblée, les manifestants, accompagnés de moyens
lourds (38 tonnes...), bloquent les deux entrées fret et passagers du terminal ferry.
Vers 7 heures du matin, ils sont rejoints par leurs collègues de Loire-Atlantique, de
Vendée,
du Morbihan et, bien entendu, d'Ille-et-Vilaine. Au total, une centaine de professionnels,
soutenus par quelques déménageurs et des fournisseurs. Les adhérents du syndicat
malouin de la Côte d'Emeraude, bien que s'étant prononcés à 12 voix sur 13 contre la
manifestation, soutiennent et approvisionnent néanmoins leurs confrères.
Alors que le premier ferry était attendu vers 8 heures, une quarantaine de voitures,
anglaises pour la plupart, fait son apparition à l'entrée du terminal afin d'embarquer.
Les professionnels, ayant opté pour le filtrage au détriment du blocage, laissent passer
les véhicules un par un, non sans quelques tensions. Un automobiliste anglais n'hésite
pas d'ailleurs à heurter un manifestant. Il faudra l'intervention de Jean-Yves Vilboux
pour calmer les troupes quelque peu remontées, à juste titre, contre cet automobiliste.
Au volant d'un 4X4, un autre sujet de Sa Majesté, oubliant son flegme naturel, déborde
les manifestants en accélérant vivement sur le bas-côté. Mais les sourires et les
soutiens sont également de la partie. Pourtant, en fin de matinée, les forces de l'ordre
dispersent rudement les manifestants afin d'ouvrir le passage, et ce, malgré l'option
douce choisie par les restaurateurs. "Un arrêté du préfet menace de saisir les
véhicules faisant barrage avec retrait de permis pour les propriétaires, précise
Jean-Yves Vilboux. Dans ces conditions, cela ne sert à rien d'insister."
L'accès de la gare maritime alors protégé par une dizaine de cars de CRS, les
manifestants se replient dans une marche escargot ralentissant le trafic de l'axe
Saint-Malo-Dinard. En début d'après-midi, chacun regagnait son établissement. La force
avait eu raison d'eux.
Dans le même temps, 100 à 150 professionnels, finistériens et costarmoricains,
bloquaient le terminal ferry de Roscoff dès 4 heures. Un barrage filtrant était
installé. A l'instar de leurs confrères malouins, les manifestants finistériens ont
été délogés par les forces de l'ordre à 16 h 30. Une opération escargot était alors
menée vers Morlaix avant la tenue, le soir, d'un pique-nique 'républicain' sur la place
de Morlaix.
A Saint-Malo, de nombreux manifestants n'ont pas hésité à fustiger le manque de
mobilisation. Parmi eux, on pouvait entendre : "Et ce sont encore ceux qui ne sont
pas venus qui vont être les plus virulents, qui vont critiquer ! Comment voulez-vous que
l'on ait un quelconque pouvoir de gêne ? J'ai téléphoné à une collègue avant de
venir. Elle m'a dit 'je paie la TVA depuis toujours. Je continuerai de la payer, ça ne va
pas changer et ça ne sert à rien...' L'Etat sait parfaitement que nous sommes des
indépendants qui ne nous mobilisons pas fortement et il en profite."
O. Marie
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L'HÔTELLERIE n° 2708 Hebdo 8 Mars 2001