Lieu mythique, univers onirique qui accueillit autrefois d'illustres personnages, rue des Beaux Arts à Paris, renaît de ses cendres dans un décor théâtral, grâce au talent de Jacques Garcia qui a restitué à grands frais le style flamboyant du décor.
Il
repose dit-on sur les ruines du pavillon d'amour de la reine Margot. Oscar Wilde y est
mort en dandy, laissant une coquette ardoise de 2 643,40 francs et une phrase désormais
célèbre : "Je meurs au-dessus de mes moyens." Mistinguett, quant à
elle, y a passé de folles nuits. Lieu chargé de souvenirs peuplés de personnalités
extraordinaires, L'Hôtel est devenu la dernière passion de Jean-Paul Besnard, biologiste
de formation et déjà hôtelier dans les années 80. "Dès que j'ai su que cet
établissement était à vendre, explique le nouveau propriétaire, je n'ai pas
hésité. Avec mon épouse Elisabeth, nous souhaitions revenir à l'hôtellerie. Cette
occasion exceptionnelle que représente ce lieu ne pouvait pas nous échapper. Et pour lui
redonner le flamboyant et la superbe qu'il mérite, nous avons fait appel à un grand nom
de la décoration." Construit en 1816, L'Hôtel vient de rouvrir ses portes
après huit mois de travaux menés sous la direction de Jacques Garcia, dans un genre un
rien théâtral. L'Hôtel redevient un lieu de rendez-vous exquis. Au bar, on craque pour
les petits salons en alcôve. Au restaurant, on peut consommer une cuisine légère dans
un cadre ouvrant sur un jardin paysagé, autour d'une fontaine attribuée à Ledoux.
Toutes différentes, les vingt chambres ont été redécorées en restituant l'atmosphère
héritée du passage de leurs hôtes. Ainsi passe-t-on du décor Art Déco de la chambre
Mistinguett, meublée du lit et de la coiffeuse en glace signés Jean-Gabriel Domergue, au
gothique flamboyant de la chambre Viollet-le-Duc, du décor extrême-oriental de la
chambre Marco Polo au délicieux boudoir rose de la chambre Reine Hortense, des pourpres
de la chambre Cardinal à l'ambiance africaine de la chambre Léopard, des bambous de la
chambre Pagode aux turqueries de la chambre Pierre loti.
Jean-Paul Besnard et Jacques Garcia ont visiblement pris un plaisir immense à peaufiner
ce décor onirique, chinant les antiquaires, arpentant les salles des ventes. Les deux
tiers du mobilier appartenaient déjà à L'Hôtel. Le reste a été ajouté et adapté
aux besoins des lieux. Un cadre de cheminée a été ainsi reconverti en alcôve de
baignoire, un chaudron chinois est devenu un lustre. Un buffet de salle à manger a été
coupé en deux pour abriter les lavabos d'une salle de bains.
Les vingt chambres s'enroulent autour du célèbre atrium sur six étages, desservi par un
ascenseur boudoir capitonné. Au sous-sol, la voûte abrite un hammam et un bassin façon
thermes romains. n
L'Hôtel
13, rue des Beaux Arts - 75006 Paris
Tél. : 01 44 41 99 00
Web : www.l-hotel.com
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L'HÔTELLERIE n° 2718 Supplément Décoration 17 Mai 2001