La cité phocéenne séduit. Tous les secteurs de l'hôtellerie sont en croissance. Avec l'arrivée du TGV, la ville espère devenir la destination court séjour de référence. Un nuage ternit un peu l'optimisme des professionnels : le manque de chambres dans toutes les catégories.
Marc Thépot, président de
l'hôtellerie de chaîne à l'Union CHR 13 et directeur des opérations Accor PACA pour
l'hôtellerie affaires-loisirs, lance : "Le soleil marseillais brille pour tout le
monde." L'avenir touristique de Marseille, ce professionnel y croit
vraiment et les chiffres semblent lui donner raison. Au cours des trois dernières
années, la fréquentation des hôtels de la ville a enregistré une progression très
sensible. Le taux d'occupation moyen sur Marseille s'établit en février 2001 à 67 %
contre 61 % pour l'année précédente. Les professionnels notent également un rattrapage
du prix moyen passant de 371 francs la chambre à 397 francs. Sur l'année 2000, les
chiffres d'affaires ont ainsi gagné 33 %. Marseille, qui a longtemps souffert d'une
mauvaise image, commence à susciter la curiosité auprès des Français et notamment des
Parisiens. Les Franciliens sont les premiers visiteurs de la ville et ils consacrent un
séjour relativement long - 5 jours - à la visite de la cité phocéenne. Les étrangers,
qui représentent 21 % des touristes, restent seulement 4,6 jours à Marseille. La
dépense moyenne par personne est de 217 francs en 1999 contre 285 francs à Nice. Le
tourisme de vacances et de loisirs est aussi en pleine expansion avec notamment une forte
croissance sur les marchés week-end, sportifs et les groupes touristiques.
C'est la Coupe du Monde de Football en 1998 qui a joué le rôle de facteur déclenchant
pour Marseille. Sur le petit écran, les spectateurs ont découvert les atouts de cette
ville de bord de mer.
170 000 croisiéristes en 2000
Malgré le nouvel intérêt des touristes, Marseille reste avant tout un lieu de transit.
Près d'1 séjour sur 10 est le fait d'une clientèle de passage, essentiellement vers ou
en provenance de la Corse et de l'Afrique du Nord. Une activité également en forte
progression avec 170 000 croisiéristes reçus en 2000, soit + 11 % par rapport à 1999.
Depuis 1995, la fréquentation du port de Marseille a été multipliée par 9. "Toutes
les infrastructures de transport - maritimes, aéroportuaires et ferroviaires - sont en
progression régulière. Avec l'arrivée très attendue du TGV, cette croissance ne pourra
que se poursuivre", estiment les professionnels du tourisme. Grâce à cet
événement majeur, Marseille devrait acquérir une nouvelle légitimité pour la tenue de
congrès. Depuis plus de 5 ans, avec l'ouverture du Palais du Pharo et la création de
Marseille-Congrès, cette activité prend son envol. Alors qu'en 1995, 66 000 journées
congressistes se tenaient à Marseille, le Bureau des congrès devrait enregistrer 150 000
journées cette année. Sur cette période, le tourisme d'affaires a véritablement
explosé avec une progression de 142 %. "La mauvaise image de la ville, la
faiblesse de ses équipements et la dispersion de ses structures ont longtemps limité
l'activité congressiste de Marseille à des réunions moyen de gamme et d'ampleur
régionale. La Coupe du Monde a poussé les hôteliers marseillais à s'organiser, à
travailler ensemble. A partir de là, une nouvelle dynamique est née. Aujourd'hui, la
ville accueille de plus en plus de réunions d'envergure nationale, voire européenne,
notamment pour les sujets concernant la zone Méditerranée."
Un déficit en chambres
Conséquence, Marseille devient un véritable challenger des grandes villes
internationales et surtout de la Côte d'Azur pour l'organisation de congrès. "Ces
trois dernières années, la Côte d'Azur a augmenté ses prix de 15 % par an. Malgré la
hausse du prix moyen obtenu dans les hôtels marseillais 4 étoiles, nous restons
nettement moins chers. C'est l'un de nos principaux atouts", commente Dominique
Escarra, p.-d.g. de la Société Hôtelière de Palm Beach. Car, l'arrivée du TGV, les
retombées des opérations de promotion touristiques de la CCI aux Etats-Unis et
l'internationalisation de la ville ont également révélé un certain déficit en
chambres. Disposant de seulement quatre hôtels 4 étoiles (Sofitel Vieux Port, Holiday
Inn, Palm Beach et Petit Nice), Marseille sera confrontée à un pari difficile avec une
capacité limitée à 267 chambres. Le Palm Beach restera fermé jusqu'en 2002 et
l'ouverture d'un cinquième 4 étoiles, l'Hôtel Dieu, ne se concrétisera dans le
meilleur des cas qu'en 2005. En attendant, les forces déjà en place s'organisent. Le
Mercure Prado vient de vivre des transformations d'envergure pour un investissement de 20
MF. Cet hôtel est passé de 47 chambres à 100 chambres au prix moyen de 550 francs. Dans
le périmètre du programme d'aménagement du centre-ville Euroméditerranée, deux autres
projets sont également en cours avec la création d'un hôtel économique et d'un 2 ou 3
étoiles à proximité de la gare Saint-Charles. La gare TGV de l'Arbois, au nord de la
ville, va elle aussi doper les structures hôtelières d'Aix-les-Milles et de l'aéroport.
"Il est urgent d'avancer les travaux en 4 étoiles comme en économique car
Marseille bénéficie d'une clientèle très diversifiée. Grâce au tournage de
différents films, la ville bénéficie d'un effet de mode qui améliore sa réputation
mondiale. La clientèle américaine, japonaise et italienne est en plein boom. Pour les
Français, Marseille est une destination chargée d'émotions et ils sont de plus en plus
nombreux à souhaiter découvrir cette ville différente. Avec le TGV, ce sera plus facile
et nos activités week-end vont augmenter, notamment en 2 et 3 étoiles. Au même titre
que Rome ou Florence, Marseille devient la ville des courts séjours... Sans parler du
tourisme d'affaires... J'espère qu'on ne sera pas amené à refuser des clients",
s'inquiète le président des chaînes...
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Rénover pour attirerLa fréquentation hôtelière de la région PACA affiche des chiffres record en
2000. La vague de rénovations des établissements y est sûrement pour quelque chose...
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Sud Insee Conjoncture met l'accent sur la forte croissance du nombre de nuitées dans les Bouches-du-Rhône, supérieure à celle observée dans le Var et les Alpes-Maritimes et due à une amélioration sensible des taux d'occupation des hôtels, très forte en juin et sur les derniers mois de l'année 2000.
Séjours en millions | ||
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PACA | 35,5 | |
Bouches-du-Rhône | 9 | |
Marseille | 3 | |
Nuitées en millions | ||
PACA | 240 | |
Bouches-du-Rhône | 48 | |
Marseille | 14 | |
Consommations touristiques en milliards de francs | ||
PACA | 46,5 | |
Bouches-du-Rhône | 9,8 | |
Marseille | 3 | |
Durée moyenne des séjours en jours | ||
PACA | 6,8 | |
Bouches-du-Rhône | 5,3 | |
Marseille | 4,9 |
Marseille à
3 heures de Paris en TGV, le challenge des hôteliers-restaurateurs
Restauration à Marseille, Hippopotamus occupe le
terrain
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L'HÔTELLERIE n° 2721 Hebdo 7 Juin 2001