Parce que les réservations se
font maintenant exclusivement par mail, téléphone ou fax, les hôteliers savent que,
lorsqu'ils dépouillent leur courrier aujourd'hui, c'est de paiement de factures, de
taxes, de redevances qu'il est presque toujours question. Quelle ne sera pas leur
prochaine surprise quand ils découvriront que, non contents d'investir constamment dans
l'amélioration de leurs prestations, d'assurer eux-mêmes la sécurité de leurs clients
sur les parkings, autour de leur hôtel, de s'organiser pour mettre en place une
réduction cohérente du temps de travail, ils vont se voir taxés, une fois de plus,
parce qu'ils mettent à la disposition de leurs clients dans les chambres un poste de
télévision ! Alors que les modes de calcul de la redevance TV ont conduit pour certains
établissements hôteliers à un coût supplémentaire très important, c'est aujourd'hui
au tour de la Sacem de jouer sa carte et de faire valoir le fait que l'ensemble des
clients d'un hôtel, bien que chacun occupe à titre privé une chambre individuelle,
constitue un public. Public à qui l'hôtelier transmet les programmes de télévision,
donc une représentation d'uvres télévisuelles. Qui dit droit de représentation
entraîne de facto droit de paiement. CQFD !
Un hôtel de 60 chambres en 3 étoiles se verra donc maintenant taxé de 3 095 francs
par an, et plus s'il met à la disposition de ses clients du pay per view. Si la Sacem est
dans son rôle - celui de préserver les intérêts de ses mandants, les
auteurs-compositeurs -, on ne peut que s'étonner du silence dans lequel s'est signé cet
accord avec les cinq syndicats professionnels qui sont en charge, eux, de préserver les
intérêts des hôteliers ! Quand il s'agit de taux de TVA sur la restauration, le combat
est plus âpre ; côté hôtellerie, c'est avec une discrétion exemplaire que l'on a
choisi de signer... pour préserver l'avantage exclusif des professionnels syndiqués,
celui de bénéficier d'une ristourne de 33 % sur les tarifs de la Sacem... Quand on sait
que c'est souvent pour profiter de cet abattement, qui peut largement compenser le montant
d'une cotisation, qu'un certain nombre de professionnels adhèrent à un syndicat
patronal, on comprend combien la résistance au projet était difficile... Et maintenant,
hôteliers, à vous de payer...
PAF
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L'HÔTELLERIE n° 2722 Hebdo 14 Juin 2001