Tendance confirmée
Beaucoup de maires de communes, après une accalmie de plusieurs années, voudraient relancer la création d'hôtels 4 étoiles pour contribuer au prestige de leur ville. Une gamme qui s'avère être la plus fragile, car très sensible aux fluctuations conjoncturelles internationales.
Avec des taux d'occupation atteignant 79,8 % dans la capitale et 67,8 % en province en 2000, selon le baromètre L'Hôtellerie/PKF Consulting, l'activité de l'hôtellerie haut de gamme se porte comme un charme. Et elle continue à progresser malgré un léger essoufflement de la conjoncture. Du côté des réseaux, tout va également pour le mieux. Les Relais & Châteaux français annoncent par exemple 68 % de taux d'occupation en 2000, selon le baromètre réalisé par Coach Omnium, soit près de 4 % de mieux qu'en 1999. Enfin, le haut de gamme des chaînes intégrées continue à bien se comporter lui aussi avec 74,1 % de taux de remplissage au cumul à fin avril 2001 en France, en progression de 1,4 %, alors que les autres catégories évoluent légèrement moins bien. Ces bons scores d'activité ont eu pour impact de relancer les programmes de rénovation dans les grands hôtels, mais aussi d'attirer de nouveaux opérateurs parmi les chaînes internationales, accompagnés le plus souvent de fonds de pension anglo-saxons.
Un parc flou
En accord avec ses bons résultats, le parc hôtelier 4 étoiles et 4 étoiles luxe
réunit, en 2000, 613 établissements, soit une progression de 32 % en 10 ans. Et encore,
il ne s'agit que du classement officiel, car pour d'anciennes raisons fiscales, il existe
encore de nombreux établissements de luxe qui affichent 3 étoiles. Mais il existe aussi
des hôtels haut de gamme qui ne peuvent être homologués, car ils offrent moins de 10
chambres, qui est le seuil légal. "La crise de l'après-guerre du Golfe a eu un
impact dramatique sur le 4 étoiles. Les sociétés internationales ne voyageaient plus et
le haut de gamme en a beaucoup souffert. Depuis, le parc augmente et va continuer de
progresser régulièrement dans les prochaines années", pronostique Franck
Sebire, directeur de l'hôtel Hilton à Strasbourg.
Nécessaires dans les villes de congrès
Hébergeant très souvent plus de 90 % d'étrangers, en particulier à Paris et sur la
Riviera, la clientèle internationale fait en quelque sorte la météo. Autre
spécificité propre à cette hôtellerie : la généralement forte capacité des
établissements de centre-ville, ce qui leur permet de capter la clientèle de congrès,
de conventions et autres meetings. "Cette clientèle ajoutée à celle des
individuels d'affaires équivaut à 62 % de mes clients", précise Franck Sebire.
Mais, si les établissements de chaînes intégrées sont de grande taille (140 chambres
en moyenne en France), l'hôtellerie 4 étoiles indépendante n'en propose que 26 en
moyenne, ce qui contraint à accueillir une autre clientèle et peut jouer un tour en
termes de rentabilité.
La recherche de marques internationales
Dans les grandes agglomérations, les enseignes 4 étoiles sont essentiellement affiliées
à des chaînes intégrées : Sofitel, Hilton, Le Méridien, Marriott, Hyatt, Concorde... "Avoir
un 4 étoiles dans leur ville, les maires en font souvent une affaire personnelle",
confie Alfred Colson, responsable tourisme à la CCI de Metz. Par chambre louée, un 4
étoiles génère entre 5 et 8 fois en moyenne le RevPar d'un hôtel superéconomique.
Outre la valeur ajoutée, cette situation commence même à créer des drames dans les
communes, devant la masse de projets d'hôtellerie économique soumise aux CDEC, alors que
les élus veulent de plus en plus d'hôtels de luxe. Pourtant, l'un n'empêche pas l'autre
; il s'agit de clientèles différentes, mais il semble difficile de convaincre un maire
de cette réalité. Ici et là, des polémiques s'installent pour voir privilégier du
haut de gamme plutôt que des hôtels premiers prix. Loin de ces partis pris, la région
Champagne-Ardenne n'a pas attendu d'hypothétiques 'bienfaiteurs', et a entamé une
démarche de recherche active d'investisseurs, après études de marché pour ouvrir des 4
étoiles dans ses grandes villes. Le coût du foncier des centres-villes est en explosion
et le prix de revient global d'un hôtel de luxe (hors palaces, bien sûr) a fait un bond
de 20 à 40 % en quelques années. Enrichissement des décors et des équipements oblige.
Le 4 étoiles s'inscrit dans une ville dynamique
Selon Michel Tschann, directeur de l'hôtel Splendid à Nice, "toutes les villes
n'ont pas la nécessité d'établissements 4 étoiles. Certains maires devraient se
contenter d'un bon 3 étoiles". Mais il apparaît aussi dans certaines villes de
province un manque notoire de haut de gamme, notamment dans celles de congrès qui n'ont
aujourd'hui pas la possibilité d'accueillir des manifestations ou meetings, faute de
lits. "Au niveau européen, la concurrence de villes comme Prague ou Munich, qui
ont des infrastructures d'accueil importantes, est redoutable. Une ville qui possède des
4 étoiles doit être dynamique, incisive pour avoir un impact sur le marché mondial. Le
succès d'un 4 étoiles dépend de l'efficacité de la ville à se vendre",
observe Franck Sebire. "Il n'est pas toujours évident de remplir un 4 étoiles en
province. Il faut une ville dynamique", affirme à son tour Valérie Petitbon,
directrice marketing de Concorde Hôtels. Par ailleurs, on sait que le marché des
séminaires alimente essentiellement des hôtels 3 et 4 étoiles, et il peut exister une
carence sur ce marché également, notamment auprès de la clientèle d'affaires
internationale. Beau temps donc pour le haut de gamme que l'on s'arrache : tandis que les
grandes métropoles françaises telles que Paris, Strasbourg ou Lyon attirent les grands
groupes hôteliers internationaux, les palaces parisiens comme le George V, le Meurice et
les autres hauts lieux hôteliers s'offrent un relookage complet.
E. Georges
Nombre d'établissements |
Capacité en chambres |
|||
Chiffres bruts | % du parc | Chiffres bruts | % du parc | |
4 étoiles et luxe | 613 | 3,3 % | 45 301 | 7,8 % |
---|---|---|---|---|
3 étoiles | 3 362 | 18,1 % | 155 605 | 26,7 % |
2 étoiles | 10 136 | 54,6 % | 285 145 | 48,9 % |
1 étoile | 2 240 | 12,1 % | 42 408 | 7,3 % |
0 étoile | 2 212 | 11,9 % | 55 119 | 9,3 % |
Total | 18 563 | 100 % | 583 578 | 100 % |
Sources : Direction du tourisme - Insee |
Nombre d'établissements | Nombre de chambres | |
2000 | 613 | 45 301 |
---|---|---|
1998 | 558 | 41 945 |
1996 | 555 | 38 245 |
1994 | 527 | 36 090 |
1991 | 415 | 28 320 |
Sources régionales et DIT |
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L'HÔTELLERIE n° 2722 L'Hôtellerie Économie 14 Juin 2001