Chambres d'hôte
Avec une nette embellie de la demande sur ces formes d'hébergement touristique, les chambres d'hôte, qui se sont réunies pour la première fois en congrès cette année, ne veulent plus rester dans l'ombre des gîtes.
Qui n'a pas été tenté, au fil des reportages sur papier glacé des magazines de tourisme, par les formules de gîtes et de chambres d'hôte ? Considérées, il n'y a pas si longtemps, comme le parent pauvre de l'hébergement de tourisme, elles gagnent leurs lettres de noblesse, à mesure que s'imposent les normes de qualité. Leur révolution en termes de produit ressemble pour beaucoup à celle de l'hôtellerie indépendante. Plus qu'une augmentation ou un durcissement des conditions de classement, il s'agit désormais de remettre en valeur des notions de superficie. Le classement par épis, auquel sont habitués les 70 % de clients fidèles aux Gîtes de France, perdurera. "Comme toutes les classifications, elle a ses imperfections, au même titre que les étoiles de l'hôtellerie traditionnelle, qui fait encore figure de critère d'évaluation naturel, explique Clothilde Malard, directrice adjointe des Gîtes de France, mais une fois que les clients connaissent les épis, ils peuvent comparer les gîtes ou les chambres d'hôte sans difficulté."
Une différence avec l'hôtellerie
A en croire la directrice adjointe de la fédération, là s'arrête la comparaison avec
l'hôtellerie : "Les gîtes ne sont pas une alternative à l'hôtellerie
traditionnelle. Comme il s'agit de location, nous sommes plus proches des meublés de
tourisme classique et des concepts de villages de vacances tels que Center Parcs, même si
ces derniers développent des services annexes que nous n'offrons pas." Loués à
la semaine pendant les congés scolaires, les 42 000 gîtes adhérents de la fédération
offrent aussi la possibilité de réserver en mid-week ou en week-end en dehors des
vacances. La durée moyenne de séjour en gîte rural est d'une dizaine de jours, pour un
prix moyen de 1 857 F la semaine. Ils accueillent généralement entre 4 et 6 personnes,
attirant ainsi une clientèle essentiellement familiale.
Les chambres d'hôte peuvent combler une carence en hôtellerie
Totalement différent, le concept de chambre d'hôte peut éventuellement répondre à une
demande d'hébergement plus proche de l'hôtellerie dans les zones offrant une faible
capacité en la matière. Similaire au Bed & Breakfast britannique, la chambre d'hôte
offre la souplesse de la réservation à la nuitée, avec un séjour moyen de 2,75 nuits
et un prix moyen de 265 F la nuit, mais atteint vite ses limites : les maisons d'hôte
disposent en moyenne de 3 chambres, et ne peuvent en proposer plus de 6. Essentiellement
tournée vers le loisir, la clientèle affiche pourtant un profil très différent des
gîtes : pratiquant volontiers l'itinérance d'une chambre à l'autre, elle est surtout
composée de couples. "Mais ces dernières années, on voit apparaître une
clientèle plus familiale", précise Clothilde Malard. Une tendance attribuée à
l'émergence de produits adaptés (une chambre d'hôte à l'intention des familles) à
certaines adresses.
Une distinction des chambres d'hôte
Même si elles s'intéressent elles aussi aux familles, les chambres d'hôte revendiquent
haut et fort leur différence avec les gîtes. "Les clients mélangent souvent les
concepts et leurs contenus", reconnaît-on à la fédération. Ecrasées par le
nombre (elles ne représentent que 8 000 adresses contre 42 000 gîtes), les chambres
d'hôte réclament aujourd'hui une communication spécifique et plus descriptive. Les
gîtes bénéficient aussi de l'antériorité : nés en 1952, ils représentent le produit
de base de la fédération et absorbent une grande part de sa notoriété. Les chambres
d'hôte n'ont vu le jour qu'à la fin des années 60, pour combler les lacunes en matière
d'hébergement dans la région Rhône-Alpes, à l'occasion des JO d'hiver de Grenoble.
Pourtant, si elles protestent aujourd'hui contre l'amalgame entre les deux formules, les
chambres d'hôte sont bel et bien au cœur de l'engouement pour les nouvelles formes
d'hébergement offrant authenticité et charme. On en veut pour preuve la parution du
guide Chambres d'hôte et gîtes de charme, dont la première édition date de
1991. Sur les 750 adresses présentées, parmi lesquelles châteaux, demeures de maîtres,
anciennes fermes rénovées et mas provençaux, 721 sont des chambres d'hôte, pour
seulement 32 gîtes ruraux. Elles combinent un très bon niveau de confort (classement 3
ou 4 épis) et de caractère, et touchent à ce titre une clientèle assez volatile,
optant pour les chambres d'hôte lors de courts séjours, et ayant recours à un type
d'hébergement plus traditionnel à d'autres périodes de l'année.
Une exploitation non professionnalisée
Reste que s'ils évoluent vers plus de qualité et de contrôle, les produits gîtes et
chambres d'hôte n'ont pas vocation à se professionnaliser. Ils constituent seulement un
revenu complémentaire pour les exploitants, qui retirent en moyenne de la location un
chiffre d'affaires de 20 000 à 30 000 F par an. D'où un problème d'image persistant
pour la fédération : les gîtes 'sauvages', qui échappent aux vérifications des
prestations et au paiement des charges, sont souvent assimilés à des adhérents par la
clientèle. De plus, les exploitants en règle peuvent être tentés par la solution de
facilité : la clandestinité. "Il n'est pas possible de canaliser ce phénomène
à la place des pouvoirs publics", plaide Clothilde Malard. Une réflexion a
été engagée avec les Logis de France et l'Umih pour tenter d'enrayer une dérive qui
porte préjudice à tous les établissements respectueux des procédures, et donne du
grain à moudre aux détracteurs de ces formules d'hébergement complémentaires...
L. Mathurin
Les produits gîtes et chambres d'hôte n'ont pas vocation à se
professionnaliser.
Un investissement subventionnéLe coût de création moyen d'un gîte rural est évalué à 314 000 F pour un montant moyen de la subvention de 67 400 F (plafonnée à 69 746 F) ; dans le cas des chambres d'hôte, le coût moyen de création atteint 68 500 F par chambre (et non par structure) à raison d'une subvention moyenne émanant du conseil général de 50 268 F (plafonnée à 55 943 F). 65 % des créations de chambres d'hôte font l'objet d'une subvention, contre 38 % pour les gîtes. Dans certains cas isolés, comme le développement des zones défavorisées, les candidats à l'ouverture de chambres d'hôte ou de gîtes peuvent également solliciter des subventions européennes. |
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L'HÔTELLERIE n° 2722 L'Hôtellerie Économie 14 Juin 2001