Plus on résiste longtemps à
l'évolution de l'attente des clients, à l'évolution des mentalités, des modes de vie,
du rapport du personnel vis-à-vis du travail, plus le réveil se révèle douloureux. Ce
cri de douleur se fait entendre aujourd'hui chez un très grand nombre de professionnels,
hostiles à l'accord de mise en place des 35 heures dans les cafés, hôtels, restaurants.
Certains mettent en avant l'impossibilité financière dans laquelle ils se trouvent pour
assumer la charge supplémentaire que va représenter cette réduction du temps de
travail, d'autres se scandalisent du laxisme de notre société qui ne saurait plus
préserver les valeurs essentielles de la vie que sont travail et service. Nombreux sont
effectivement les professionnels à ne pas avoir vu évoluer les choses autour d'eux.
Nombreux sont ceux qui ne pourront pas passer ce cap tant pour des raisons d'ordre
financier que d'ordre psychologique.
Si le temps est de l'argent, il se doit de l'être pour tout le monde. Faire croire que
le personnel de l'industrie hôtelière, dans son ensemble, attend avec impatience d'être
à 35 heures est une supercherie. Impliqués dans un métier qu'ils ont pour la plupart
choisi, les salariés sont depuis toujours habitués à rester au service du client autant
que celui-ci l'exige, ils sont habitués à ne pas compter leur temps, mais il semble bien
que trop nombreuses sont les entreprises à ne pas avoir reconnu cette flexibilité à sa
juste valeur. Dans leur ensemble, les salariés sont conscients que les horaires de
travail sont fonction du rythme de la clientèle, mais ils vivent de plus en plus mal
qu'on ne tienne pas compte des heures qu'ils font, au-delà des horaires affichés... Ce
qu'ils attendent aujourd'hui, ce n'est pas de travailler 35 heures par semaine, c'est
simplement d'être payés pour les heures qu'ils font, c'est que l'on s'organise, au sein
des entreprises, pour que les plannings soient tenus le plus souvent possible, c'est qu'on
reconnaisse que leur travail a de la valeur. Si dans l'ensemble, les chefs d'entreprise
acceptaient aujourd'hui de changer d'attitude par rapport au temps de travail, par rapport
à la rémunération du temps, ils se donneraient aussi les moyens d'être plus exigeants,
en termes de qualité, quant à la prestation de leurs collaborateurs. Il n'y a que de
l'exigence et du respect que l'on peut obtenir de la qualité.
PAF
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L'HôTELLERIE n° 2724 Hebdo 28 Juin 2001