Chamonix
Jean-Claude Morand, personnage
incontournable de l'hôtellerie chamoniarde, vient d'annoncer la vente des hôtels Morand
à un groupe de financiers suisses. C'est une page qui se tourne avec le départ de cette
famille qui a contribué fortement à l'image et au développement de la ville. Depuis
1960, les frères Morand, sous la conduite de Jean-Claude, ont construit un groupe qui a
généré en 1999 plus de 60 millions de francs de chiffre d'affaires répartis sur 4
hôtels et 4 restaurants pour 230 employés.
Agé de 72 ans, Jean-Claude Morand a un parcours exceptionnel. Enfant turbulent,
originaire du plateau d'Assy en Haute-Savoie, il désole sa famille. Renvoyé de l'école,
il est très différent de ses frères beaucoup plus studieux. Mais Jean-Claude trouve sa
voie à l'école hôtelière de Thonon, et ses résultats brillants lui font comprendre
qu'il est hôtelier et entrepreneur dans l'âme. En 1949, à 20 ans, il monte un bar à
Passy où se produisent des orchestres à la mode. Le succès est immédiat, sa forte
personnalité et une ambiance particulière attirent les célébrités de Megève, avec
qui il se lie d'amitié. A 23 ans, il convainc son frère Michel - alors mathématicien -
de le suivre dans une nouvelle aventure. Ensemble, ils achètent un petit hôtel Le Clos
Savoyard. Il reprend alors le concept du bar de ses débuts et lance un minigolf, loisir
peu répandu au début des années 50. La réussite se poursuit, mais Jean-Claude n'a pas
réalisé son rêve.
Le Mont Blanc pour objectif
Le Mont Blanc, palace mythique de Chamonix qui a accueilli les grands de ce monde, est à
vendre. C'est un très gros pari pour ces jeunes hôteliers, mais les Morand le veulent à
tout prix. Ils empruntent l'argent nécessaire, et en 1960, après d'importants travaux,
l'hôtel ouvre ses portes. Le style Morand est né. Mélange d'élégance et de
simplicité, refus du 'faux style montagnard', les clients adorent. Jean-Claude, hôtelier
précurseur, crée un GIE et n'hésite pas à partir au Japon et aux Etats-Unis pour
promouvoir la ville. Dix ans plus tard, Marc Morand les rejoint. Ils peuvent ainsi
reprendre la plus vieille auberge de la ville, La Croix Blanche (1793), et créent la
Brasserie de l'M, lieu incontournable pour les Chamoniards. Michel meurt subitement en
1972. Le choc est terrible. Son frère Guy, directeur d'une maison de repos, abandonne
tout et rejoint Jean-Claude et Marc. Il s'occupera de la comptabilité. Le Prieuré et son
restaurant La Baïta agrandissent le groupe Morand moins de 3 ans après. L'Alpina et son
restaurant panoramique tombent aussi dans le groupe Morand en 1986.
"Il est temps pour moi de partir"
L'hôtel Mont Blanc reste cependant son fief. Son épouse, Monique de Ruillé, nominée
Femme de l'année à Genève en 1988, excelle dans l'art de recevoir. Le cercle
diplomatique de Genève, des concertistes célèbres, des peintres, sculpteurs se
retrouvent au Mont Blanc. "Il est temps pour moi de partir, explique
Jean-Claude Morand. Les nouvelles réglementations me désolent, j'ai beaucoup de mal
à trouver du personnel qualifié. Mes neveux gardent un quart des actions et ma fille
Catherine reste dans l'entreprise. C'était la condition de cette vente : maintenir le
personnel." Et de passer le flambeau à Alain Follet, financier, ancien
propriétaire du Casino de Saxon près de Martigny, associé à maître Veuthay. Le
nouveau directeur, Blaise Angehrn, diplômé de l'école hôtelière de Lausanne, gardera
le style Morand. Un coup de patte indissociable de l'image de Chamonix.
F. Tari zzz18p zzz36p
Article précédent - Article suivant
Vos commentaires : cliquez sur le Forum des Blogs des Experts
L'Hôtellerie n° 2726 Hebdo 12 Juillet 2001