Au Mas des Herbes Blanches (Vaucluse)
La mise en place de la RTT, avant l'obligation, n'est pas l'apanage des grands groupes. De plus petites structures, indépendantes, ont elles aussi dans l'année 2000 fait le choix de réduire le temps de travail. Des expériences intéressantes à appréhender pour tous ceux qui réfléchissent aujourd'hui à la réorganisation de leurs équipes. Depuis plus d'un an, le Mas des Herbes Blanches vit au rythme de la pointeuse. Une expérience sociale bien menée qu'il est cependant nécessaire de faire accepter au personnel...
Le Mas des Herbes Blanches est habitué à un rythme soutenu d'activité, ce qui n'a pas empêché la mise en place de la RTT.
A Joucas, sous le soleil du
Vaucluse, le Mas des Herbes Blanches vit depuis plus d'un an au rythme des 39 heures. Une
démarche anticipée loin du tumulte des négociations parisiennes et des inquiétudes
manifestées par la plupart des chefs d'entreprise de l'hôtellerie et de la restauration.
Une politique volontariste menée par Paul et Evelyne Juillard qui n'a pas empêché ce
Relais & Châteaux, étoilé au Guide Rouge depuis 10 ans, de réaliser en 2000
une année exceptionnelle (11,6 MF de chiffre d'affaires).
"Nous avions l'esprit ouvert à cette avancée sociale, reconnaît Evelyne
Juillard, en charge du volet social, mais c'est notre conseiller juridique,
spécialisé dans la réorganisation des entreprises dans le cadre des lois Aubry, qui
nous a incités à franchir le pas bien avant que cette mesure ne soit rendue obligatoire."
Education du personnel
Mais ce qui a le plus marqué Evelyne Juillard, ce sont les difficultés d'ordre
psychologique qu'elle a rencontré lors de la mise en place de la nouvelle organisation
autour de la réduction du temps de travail. Tout simplement parce qu'il fallait rompre
avec des habitudes prises dès la formation du personnel : en cuisine ou en salle, en
particulier, hauts lieux où l'on ne compte pas ses heures !
"Il y avait toute une éducation à refaire et un code de conduite à instituer.
J'ai expliqué ce que la loi nous imposait et les risques qu'il y avait pour nous,
responsables, à ne pas la respecter. J'ai clairement dit aussi que je ne passerais pas ma
vie devant la pointeuse pour vérifier que chacun enregistrait son arrivée ou son
départ." Du pâtissier au sommelier, du jardinier à la femme de chambre, chacun
a dû apprendre à vivre avec cet instrument qui symbolise le quotidien de l'ouvrier
d'usine plus que celui de l'employé d'un 4 étoiles. "Mais malgré son image
négative, la pointeuse est plus simple à gérer que la feuille d'émargement."
Dans le même temps, Evelyne Juillard a mis en place l'annualisation du temps de travail.
Janvier est le mois des congés payés, février et la première semaine de mars la
période de récupération des jours de RTT. Car ici, il n'est pas question d'envisager un
seul jour de fermeture pendant la période d'activité.
Evelyne Juillard, convaincue d'avoir fait le bon choix sans attendre.
Des embauches à la clé
Alors, pour faire face à la prise des jours de repos hebdomadaires sans que la clientèle
en souffre, l'équipe du Mas des Herbes Blanches a grossi. Trois salariés en CDD ont
intégré les rangs des CDI et quatre nouveaux CDD à temps plein, un à mi-temps et un à
tiers temps, ont porté à 37 le nombre des salariés. Une charge nouvelle que la
signature anticipée des accords a adouci grâce aux aides gouvernementales, prévues par
la loi.
Plus d'un an après cette révolution des mentalités et des rythmes de travail et de vie,
Evelyne Juillard est certaine d'avoir fait le bon choix. "C'est bien fait et il
n'y a rien à changer. Simplement, il faut continuer à communiquer auprès de nos
salariés pour qu'ils comprennent que cette obligation nouvelle n'est en rien une punition."
Car les employés ont encore parfois du mal à comprendre qu'on puisse les pousser vers la
sortie une fois atteint le fameux quota quotidien des 7 h 48...
J. Bernard zzz36v zzz54m
Travaux et projets |
Le passage aux 39 heures n'a pas empêché le Mas des Herbes Blanches
de connaître une première campagne de travaux au début de l'année. 5 chambres ont été entièrement réaménagées pour un montant de 600 000 F. L'hiver prochain, 7 autres connaîtront le même sort alors qu'un salon-bar, mettant l'accent sur la convivialité, se substituera à l'actuelle salle de séminaire. "Au cours de l'hiver 2002-2003, nous créerons 6 nouvelles chambres et compléterons notre infrastructure avec une véritable salle de séminaire de luxe", annonce également Evelyne Juillard. |
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L'Hôtellerie n° 2736 Supplément Formation 20 Septembre 2001