Jean-Louis Clauss, président des hôteliers-restaurateurs et débitants de boissons du Bas-Rhin
C'est dans le cadre de la foire européenne de Strasbourg que Jean-Louis Clauss, président du syndicat strasbourgeois mais aussi vice-président de l'Umih, à la tête des cafetiers discothécaires, a fait une intervention fort appréciée de ses collègues. Extraits.
Concernant les raves parties
Ces dernières années, nous nous sommes assis autour d'une table avec les pouvoirs
publics, les élus locaux, afin de trouver des solutions aux problèmes de drogue,
d'alcoolisme et des accidents de la route qui transforment la fête en cauchemar. Comment
nos exploitants d'établissements de nuit, qui acceptent toujours plus de mesures de
prévention, peuvent-ils encore croire aux vertus de la concertation, à la nécessité de
mettre en place des garde-fous alors que, quotidiennement, au vu et au su de tous, se
déroulent dans des espaces improvisés ces raves parties fleurant bon l'interdit,
nouvelle forme de communion humaine à la fois spontanée, libertaire et primitive ? Tout
ce qui est prohibé dans les discothèques est complaisamment toléré dans les raves
parties, y compris par l'administration fiscale, systématiquement privée de toute
recette et de la Sacem pourtant réputée âpre au gain. A chaque manifestation, les
incidents se multiplient et vont parfois jusqu'à l'irréparable. Il ne s'agit pas de
faire le procès des raves parties, si prisées de notre jeunesse, sous prétexte qu'elles
font une concurrence illicite aux métiers de la nuit, mais bien de réclamer une
égalité de traitement entre une forme de loisir ayant pignon sur rue et s'inscrivant
dans un cadre réglementaire très strict, et une autre, totalement débridée, synonyme
de tous les excès et illustration supplémentaire d'une évolution sociétaire, où celui
qui respecte les lois et règlements passera bientôt pour un imbécile. Aussi, nous
ferons bloc avec nos collègues qui seront sanctionnés pour des faits dont l'impunité
est assurée pour les organisateurs de ces raves.
Concernant la baisse de la TVA sur la restauration
Bien sûr, si la loi de Finances pour 2002 prévoyait une baisse sensible du taux de TVA,
cela constituerait un bol d'oxygène pour nos entreprises. Malheureusement le client
risquerait de ne bénéficier que de la portion congrue, dans la mesure où les chefs
d'entreprise seraient tentés d'affecter cette réduction providentielle à la
fidélisation de leurs collaborateurs ou au financement de la RTT, de sorte que le
consommateur ne verrait guère de différence sur l'addition et s'interrogerait sur le
bien-fondé d'une telle mesure.
Je le dis tout net : je crois fortement que le combat pour une réduction du taux de TVA
est un combat d'arrière-garde, alors que se profile à l'horizon la perspective d'un taux
européen qui se situera certes en dessous de notre taux de 19,6 % mais aussi nettement
au-dessus du taux réduit de 5,5 %.
Concernant la réduction du temps de travail
Voici 18 mois que les négociations ont été engagées à l'échelon national afin de
parvenir à un accord de branche sur la réduction du temps de travail. A ce jour, moins
de 4 mois avant l'échéance du 1er janvier 2002, l'horizon est toujours aussi obscurci.
Certes, il serait insupportable pour nos entreprises de passer sans transition de 43
heures à 35 heures, comme le demandent les organisations syndicales salariées, mais il
est tout aussi insupportable, et irresponsable, vis-à-vis de nos collaborateurs, de
vouloir repousser à l'horizon 2004 ou 2005 le passage de 43 heures à 39 heures, comme le
préconisait notre fédération nationale. Membre de la délégation patronale en charge
des négociations, je suis ces tractations depuis le début et, à maintes reprises, j'ai
essayé de persuader mes collègues de la délégation patronale de proposer aux
partenaires sociaux un accord de réduction du temps de travail à 39 heures applicable
immédiatement à toutes les catégories d'établissements, afin de ne pas créer un
marché du travail à deux vitesses. Ce que je propose n'est que l'application d'une loi
à laquelle nous ne pourrons de toute manière pas déroger au 1er janvier prochain. Ma
crainte est que madame Guigou, lasse de notre incapacité à trouver un accord, prenne un
décret fixant à 39 heures la durée du travail, mais sans que nous ne puissions
bénéficier des abattements de charges Aubry I et II, et des différents aménagements
spécifiques à notre profession. Dans ce cas, ce sont nos petites entreprises qui
souffriront plus encore.
Jusque dans un passé récent, tous mes efforts se sont avérés vains, mais la semaine
dernière, André Daguin, président de l'Umih, lors d'un entretien, a enfin reconnu,
malgré l'opposition de quelques membres de la délégation patronale, le bien-fondé de
ma proposition. Ce qui pourrait relancer le débat avec les syndicats salariés. Mais ce
qui n'exclut pas les difficultés que rencontrent nos collègues, livrés à eux-mêmes
pour mettre en place un accord de RTT dans leur entreprise, l'appui du conseil collectif
n'étant applicable à ce jour que dans les secteurs passant effectivement aux 35 heures
et non à un horaire équivalent de 39 heures.
La proposition de l'Umih est un accord sur la base de 35 heures avec 4 heures
d'équivalence, soit 39 heures dès le 1er janvier prochain, avec, en plus, une majoration
de la grille des salaires et divers avantages sociaux déjà en vigueur en Alsace, mais
inconnus sur le plan national. On ne pourra pas indéfiniment refuser toute avancée
sociale afin de donner à nos salariés des conditions de travail se rapprochant des
autres secteurs d'activité, et nous plaindre en même temps de ne plus trouver de
collaborateurs. zzz74v
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L'Hôtellerie n° 2737 Hebdo 27 Septembre 2001