Vendre ou acheter un établissement
Que l'on soit acheteur ou vendeur d'un fonds de commerce ou de la société exploitant ce fonds, il faudra fournir ou se faire communiquer un certain nombre de pièces et renseignements destinés tant à négocier l'opération en toute connaissance de cause, qu'à assurer la sécurité juridique des deux parties.
En tout état de cause, tout ou partie de ces documents vous seront demandés, soit par l'intermédiaire d'un négociateur, soit par le professionnel chargé de la rédaction de l'acte de vente. De façon plus générale, la plupart de ces documents sont obligatoires et peuvent vous être réclamés en cas de contrôles divers et variés (service de police ou de préfecture, contrôleur des impôts, inspection du travail, etc.). Nous vous dressons la liste de l'ensemble des éléments dont vous pourriez avoir besoin à cette occasion.
Documents de nature juridique
POUR UN FONDS DE COMMERCE
w L'extrait K Bis de l'immatriculation auprès du
greffe
Il permet de vérifier que la personne avec laquelle on traite est bien habilitée pour ce
faire (représentant légal d'une personne morale, commerçant, personne physique).
Il permet aussi de s'assurer que cette dernière est bien propriétaire du fonds.
En effet, l'exploitant ne peut être qu'un simple locataire-gérant. Il est rappelé
également que l'immatriculation du fonds de commerce auprès du tribunal de commerce
constitue une des conditions du droit au renouvellement du bail à son expiration. A
défaut, le bailleur est en droit de refuser le renouvellement du bail sans être tenu au
versement d'une indemnité d'éviction.
w L'état des inscriptions des privilèges et des
nantissements
Il renseigne sur l'état d'endettement de l'entreprise (emprunts bancaires contractés
pour l'acquisition ou la réalisation des travaux, dettes vis-à-vis de l'administration
fiscale et des organismes sociaux, matériels ou véhicules en crédit-bail, etc.).
Si le total des dettes est supérieur au prix de vente, il faudra être extrêmement
prudent.
Si néanmoins la vente se poursuit, dans ce cas, il y aura lieu de mettre en uvre
une procédure de 'purge des inscriptions', et le prix de vente sera évidemment
séquestré.
Il faut remarquer, toutefois, qu'en ce qui concerne les emprunts bancaires notamment, le
montant apparaissant sur l'état des inscriptions correspond au total du prêt d'origine
majoré des frais (si l'emprunt a été remboursé normalement depuis plusieurs années,
la dette réelle sera évidemment largement inférieure). Par ailleurs, le Trésor public
et les organismes de Sécurité sociale inscrivent leurs privilèges en cas de
déclarations tardives, mais la situation a pu être régularisée entre-temps
(déclaration déposée/dettes réglées), sans que l'exploitant ait pris soin de
procéder à la radiation de l'inscription auprès du greffe.
Le titre justifiant de la propriété du fonds
Il s'agira donc le plus souvent d'un achat de fonds de commerce ou de droit au bail, mais
ce peut être également un acte d'apport en nature dans le cadre de la constitution d'une
société ou d'une fusion. Enfin, le fonds peut avoir été recueilli dans le cadre d'une
succession ou attribué dans un partage de communauté.
w Le bail commercial, les avenants éventuels
Il convient également d'obtenir copie des dernières quittances de loyer.
Par ailleurs, si le bail met à la charge du locataire tout ou partie de l'impôt foncier,
il est prudent d'obtenir la justification de son montant pour l'année précédente.
w Le contrat de location-gérance (si le fonds a
été donné en gérance)
w Les polices d'assurance concernant l'exploitation du
fonds
w Les contrats d'abonnements, de fournitures, de
maintenance, de locations (TV/ascenseurs, minibars, linge, extincteurs...)
Le cas échéant, certains contrats peuvent prévoir une obligation de reprise par le
successeur, d'autres peuvent prévoir une tacite reconduction et ne peuvent être
résiliés avant une date précise. En cas de mauvaise volonté du vendeur dans la
communication des renseignements et des pièces, il faudra prévoir, dans l'acte, qu'il
s'engage à faire son affaire personnelle et à ses frais de la rupture de ces contrats.
w Le ou les certificats de dépôt de marque (dont
l'exploitant pourrait être titulaire)
Si une marque que l'on souhaite reprendre est attachée à l'exploitation du fonds.
Attention dans le cas où il y a une concordance entre propriétaire du fonds et
propriétaire de la marque (cas où le dirigeant est titulaire en nom propre de la marque
qu'il a concédée à sa société).
w Les renseignements d'urbanisme
LE FONDS EST EXPLOITÉ EN SOCIÉTÉ
S'il s'agit du rachat de la totalité des titres (parts sociales ou actions) de la
société propriétaire du fonds. En plus des documents et pièces déjà mentionnés, le
ou les cédants devront fournir :
w Les registres
- des assemblées générales
- du conseil d'administration (si SA)
- des mouvements de titres (si SA)
w Les statuts à jour
w Les récépissés de dépôt des comptes annuels
auprès du greffe
w Les justificatifs de propriété des titres
cédés (cessions de parts antérieures notamment)
Documents de nature fiscale et comptable
w Les 3 derniers bilans
La loi fait obligation de mentionner dans l'acte de cession de fonds de commerce le
chiffre d'affaires et les résultats des 3 dernières années.
w Le registre des immobilisations (état comptable)
Il permet, au regard de l'inventaire du matériel et du mobilier, de vérifier que ceux-ci
sont bien la propriété du vendeur. Pour le mobilier et le matériel qui seraient en
location, crédit-bail, dépôt ou autre, il convient de s'assurer qu'ils pourront être
transférés lors de la vente.
Documents à caractère social
S'il s'agit de la reprise d'une société, les contrats de travail se poursuivent tout
naturellement, puisque l'employeur est toujours la même personne. S'agissant d'un rachat
de fonds de commerce, l'article L. 122-12 du Code du travail pose en principe que tous les
contrats de travail en cours se poursuivent avec le nouvel employeur. Il y a lieu, en
conséquence, d'être extrêmement prudent sur ce point, dans la mesure où il est
susceptible d'engendrer un contentieux financier important.
w Les contrats de travail en cours (la convention
collective du 30 avril 1997 a rendu obligatoire le contrat de travail écrit)
w Les derniers bulletins de salaire
Avec les mentions de l'ancienneté, des fonctions et de la rémunération, y compris les
avantages en nature.
w Le registre d'entrée et de sortie du personnel
w Le livre de paies
w Le règlement intérieur (il est obligatoire si
l'entreprise comporte + de 20 salariés)
w Le justificatif des visites médicales annuelles des
salariés
Documents propres à la réglementation des CHR
w La licence Débit de boissons/la licence Restaurant
w Le carton jaune pour les hôtels
w L'arrêté de classement (pour les restaurants et
hôtels de tourisme)
w Les justificatifs de la notification des travaux
effectués (en application de la loi du 1er juillet 1964)
w Le registre de sécurité
Ainsi que les derniers comptes rendus des visites effectuées par la commission de
sécurité et la commission d'hygiène de la préfecture et les annexes comportant les
éventuelles mesures de sécurité et d'hygiène prescrites.
w L'autorisation de terrasse (le cas échéant)
w La déclaration de détention des appareils et jeux
(le cas échéant)
w Le registre du gibier (le cas échéant)
w Le contrat avec la Sacem (en cas de diffusion de
musique)
w Les fiches de police (toujours obligatoires dans
les hôtels s'agissant des clients étrangers)
L'autorisation d'ouverture de nuit (le cas échéant)
Enfin, et bien que la responsabilité en incombe au propriétaire de l'immeuble, il peut
être opportun, pour les exploitants hôteliers, de se renseigner sur la situation de
l'immeuble où ils exercent leur activité au regard des nouvelles réglementations
relatives à l'amiante, au plomb et aux termites.
E. Duroux
Avocat au barreau de Paris zzz62
Article précédent - Article suivant
Vos commentaires : cliquez sur le Forum des Blogs des Experts
L'Hôtellerie n° 2740 Hebdo 18 Octobre 2001