C'était une grande
messe... Michelle Demessine allait quitter le gouvernement, équilibre politique oblige,
le Premier ministre lui devait bien un peu de considération pour ce dernier jour de
mission, d'autant que c'était celui du Conseil national du tourisme ! On ne rate pas une
occasion comme celle-là quand on veut toucher les leaders d'opinion d'un secteur. En
pareilles circonstances, toutes les voix comptent... Parce que tout est bon en période
électorale, le Premier ministre n'était pas venu les mains vides : ses conseillers lui
avaient mitonné un discours du type : "Je vous ai entendu et je vous ai compris !"
Lionel Jospin évoqua les difficultés que rencontraient à l'heure actuelle les
entreprises du secteur touristique, il leur promit des reports d'échéances, des
exonérations de pénalités de retard... Certains professionnels du tourisme s'en
montrèrent ravis, et n'ont pas hésité à applaudir avec enthousiasme aux promesses du
Premier ministre ! Michelle Demessine en fut quitte pour une petite larme, un bouquet de
fleurs et une 'standing ovation' ! Un traitement que, bien sûr, on ne réserve qu'aux
grandes occasions, quand on est particulièrement impressionné par l'action du ministre
sur le départ... Des applaudissements qui ont dû lui aller droit au cœur,
n'était-elle pas fière en effet d'avoir fait voter l'élargissement du bénéfice des
chèques-vacances aux petites entreprises, d'avoir prôné les bienfaits des 35 heures
pour le tourisme ? Côté baisse de la TVA, son oreille fut attentive quatre années
durant, même si son discours se fit muet quand fut décidée la fin de l'exonération de
la TVA sur le service... aucune prise de position, aucune compensation demandée pour les
entreprises... Cela peut paraître surprenant, mais tout cela semblait mériter des
applaudissements et des fleurs...
Allez y comprendre quelque chose ! Et surtout maintenant, allez vous faire entendre pour
que vos dossiers soient pris au sérieux, vous, hôteliers, cafetiers, restaurateurs, qui
êtes au cœur de la mise en place de l'euro, qui ne cessez de voir la réglementation
vous concernant se durcir, qui devez subir de nouvelles charges, qui voyez les quelques
exonérations dont vous bénéficiez disparaître, qui ne savez toujours pas dans quelles
conditions vous allez devoir appliquer la loi Aubry ! Maintenant que le Premier ministre a
fait son discours, chacun s'en félicite, mais l'administration n'est toujours pas à
même de vous indiquer la procédure à suivre pour bénéficier de ces aides. A nos
questions sur la recevabilité des dossiers des hôteliers et des restaurateurs, elle ne
sut que nous faire part de ses réserves... Alors méfiance, souvenons-nous qu'après les
discours rassurants du Premier ministre à Toulouse, à la suite de l'accident de l'usine
AZF, les sinistrés, dans l'incapacité de résider dans leur habitation, ont tout de
même reçu des services fiscaux une notification de leurs impôts locaux à payer avant
le 15 octobre...
A bon entendeur, salut !
PAF zzz80
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L'Hôtellerie n° 2743 Hebdo 8 Novembre 2001
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